Magazine Culture

La trilogie « Spitzweg » d’un certain Philippe D.

Par Mademoizela
D’une pierre deux coups : Il avait plu tout le dimanche. Monsieur Spitzweg s’échappe. On retrouve dans Monsieur Spitzweg s’échappe les quatre personnages centraux du premier roman : le petit groupe qui travaille à La poste. Monsieur Spitzweg, Clémence Dufour avec qui ce dernier a eu une brève aventure dans le roman précédent, son patron et son collègue assez bourru. Monsieur Spitzweg, parfois appelé par son prénom : Arnold, est célibataire. On sait qu’il a perdu son grand amour et qu’il sera fidèle à l’infini à cet amour perdu. La solitude ne lui pèse aucunement. C’est une solitude choisie par refus de retomber amoureux. Il a expérimenté la passion amoureuse. Une seule fois et la dernière. Si dans le premier tome, on plongeait dans l’univers solitaire, la sphère mentale et le monde intérieur du personnage, dans le deuxième, on voit le personnage en action : il se met à la course à pied. Activité solitaire par excellence. On voit Spitzweg évoluer au fil de la course : il se surpasse. Ce n’est pas tant la course en elle-même qui l’intéresse mais la réflexion philosophique qu’elle génère. Courir, oui ; mais après quoi ? C’est à cette question que Spitzweg veut répondre. Après le temps ? Profiter de chaque instant en s’imprégnant de  la toute-puissance du monde environnant, de soi-même ?  Suite et fin avec Quelque chose en lui de Bartleby On retrouvera ce même cheminement spirituel, philosophique et existentiel dans Quelque chose en lui de Bartleby où Spitzweg va découvrir l’univers du blog au travers duquel il parlera de ce qu’il l’importe : les plaisirs quotidiens. Spitzweg est un « buveur de temps » : il savoure chaque instant avec délectation et contemple le monde avec un regard poétique. C’est un personnage en apparence rustre : un ours mal léché qui ne sait pas forcément être gentil, il s’énerve, se révolte pour un rien, utilise le cynisme pour créer un décalage entre les autres et lui-même ; mais au fond c’est un personnage touchant, mélancolique, doux, nostalgique, très solaire. Il saisit tout ce qu’il y a à prendre et s’en nourrit. Le bonheur se crée d’instants fugaces mais mémorables. Sa phrase qui le définit mieux et qui résonne comme un leitmotiv au sein de cette trilogie est la suivante : « j’ai de la mémoire car je n’ai aucun souvenir ». C’est du Delerm comme je l’aime. Une lecture enivrante comme toutes les autres. Des trois romans, j’ai largement préféré Quelque chose en lui de Bartleby où le personnage est bien plus sympathique que dans les deux autres. Le roman est un peu plus long donc du bonheur littéraire en plus. Je cherche toujours le mot juste et l’ingrédient que j’aime chez Philippe Delerm. Je ne le formule pas toujours bien. Je fais des longueurs, je tourne autour du pot sans jamais pointer l’essentiel. Il y a bien quelque chose qui a lieu à l’intérieur de moi, un plaisir ressenti mais impalpable. Je pense que Philippe Delerm me met face à mes propres souvenirs, à mon intériorité vaste et dense. La trilogie « Spitzweg » d’un certain Philippe D.Les romans de Philippe Delerm me procurent le même plaisir que lorsque petite, je lisais Martine. C’était LE cadeau à me faire. Je connaissais les histoires par cœur. Même encore aujourd’hui, quand je lis Martine à mon neveu et à ma nièce (qui maintenant n’a plus besoin de moi pour lire), il y a tout un pan de mon enfance que je reconstruis.  La trilogie « Spitzweg » d’un certain Philippe D.
 C’est sans doute cela que je retrouve en lisant Philippe Delerm : une mémoire qui reste gravée dans des livres.  Il est quand même très fort puisque nous avons plus de trente ans d’écart !Petit bonus: Martine revisitée par le génialissime Jonathan Lambert!   

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Mademoizela 392 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines