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Pas son genre - Critique

Par Nopopcorn @TeamNoPopCorn

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Enflammez-vous pour une romance Kantienne !

Adapté du livre de Philippe Vilain, Pas son genre est l'histoire d'une rencontre, celle de Jennifer (Emilie Dequenne) et Clément (Loïc Corberg de la Comédie Française), deux personnages issus de milieux différents, qui vont tenter de s'aimer sous l'œil de la caméra de Lucas Belvaux.
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Le(s) plus

Parfaitement mise en scène par Lucas Belvaux, cette histoire d'amour aux allures de conte philosophique se situe dans un décor des plus théâtral, Arras, petite commune du Nord-Pas-De-Calais, classée ville d'Art et d'Histoire, à l'architecture gothique envoutante, qui est un personnage à part entière dans l'histoire d'amour entre Jennifer, originaire de cette ville, et Clément, écrivain et professeur de philosophie bobo de Paris, muté pour son travail.

Côté casting, Emilie Dequenne est tout simplement rayonnante dans ce rôle de coiffeuse, amatrice de karaoké, de comédies avec Jennifer Aniston et de magazines people. Elle joue un personnage fondamentalement optimiste, candide (à l'image du personnage de Voltaire), qui a une grande joie de vivre, et surtout une très grande capacité de résilience. Elle est consciente que le bonheur vient d'elle et non des autres, ce qui la rend forte, car même si elle vit intensément et se donne corps et âme dans sa relation à Clément, elle accepte la possibilité de souffrir et, loin d'être une faiblesse, c'est au contraire ce qui fait sa force. Elle a également la croyance, qu'à 35 ans, coiffeuse et mère d'un enfant, il est temps pour elle de trouver le prince charmant.

Loïc Corbery, est tout aussi talentueux qu'il est charmant ! Il apporte beaucoup d'humanité au personnage de Clément qui aurait pu être exécrable. Évidemment, il a un côté cynique et arrogant, le parisien bobo, écrivain et professeur de philosophie qui débarque dans le Nord avec des idées reçues et un côté hautain. Il joue le professeur qui décrète des vérités par moments avec Jennifer, et sera étonné de découvrir la façon dont elle peut le recadrer (comme dans cette scène où elle mange une glace). D'abord attiré par elle physiquement, il la choisit comme on choisirait l'attraction du village, puis il va se laisser surprendre par ses avis, ses réactions, sa vision du monde....Pour au final, être séduit.

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Le premier thème qui est traité dans cette histoire est la différence de catégorie sociale et culturelle qui s'impose comme un fossé entre les deux personnages, malgré leur envie de se rejoindre. Mais pas seulement. La plus grande différence qui existe entre eux réside dans leurs attentes, dans la relation qu'ils recherchent. Jennifer veut construire une relation solide, durable, elle cherche le prince charmant. Clément, de son côté, vit dans le présent uniquement. Il ne veut pas se laisser emprisonner, sa plus grande valeur est la liberté. A partir de ces différences, comment faire évoluer une relation ?

La musique est également un autre personnage du film, qui tient une place très importante. Les scènes de karaoké sont de vrais moments de l'histoire d'amour, et non pas juste des scènes venant mettre du rythme dans l'intrigue. Les chansons racontent, à un instant T, l'état d'esprit de Jennifer et subliment la romance. Leur intensité monte crescendo jusqu'à l'apothéose, l'interprétation de « I will survive » par une Émilie Dequenne au somment de son art, radieuse et touchante.

Le(s) moins

La frustration (vous comprendrez...).

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Conclusion

Portrait de deux êtres qui aiment chacun à leur manière, Pas son genre est porté par un duo époustouflant, qui nous émeut et nous touche par leur sincérité. Ce film vous donne l'envie de prendre Clément et Jennifer par la main, flâner dans les rues pavées de la ville d'Arras, manger des frites, boire de la bière dans le pub du quartier, ou même s'endormir au son des Arrageois qui poussent la chansonnette sous vos fenêtres... Faites-vos bagages et prenez le TGV pour une histoire qui vous transportera !

Ma note: 7/10


Pas son genre

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Synopsis : "Clément, jeune professeur de philosophie parisien est affecté à Arras pour un an. Loin de Paris et ses lumières, Clément ne sait pas à quoi occuper son temps libre. C'est alors qu'il rencontre Jennifer, jolie coiffeuse, qui devient sa maîtresse. Si la vie de Clément est régie par Kant ou Proust, celle de Jennifer est rythmée par la lecture de romans populaires, de magazines « people » et de soirées karaoké avec ses copines. Cœurs et corps sont libres pour vivre le plus beau des amours mais cela suffira-t-il à renverser les barrières culturelles et sociales ?"
Réalisé par: Lucas Belvaux / Avec: Emilie Dequenne, Loïc Corbery, Sandra Nkake / Genre: Comédie, Romance / Nationalité: Français / Distributeur: Diaphana Distribution
Durée: 1h51min / Date de sortie: 30 avril 2014

Plus d'informations !

  • Les Anecdotes !


    Pas son genre est une adaptation du roman éponyme de l'écrivain français Philippe Vilain, publié en 2011 chez Grasset. Lucas Belvaux a eu vent de ce livre en écoutant la chronique de la militante féministe et femme politique Clémentine Autain à la radio. Quelques heures après, le réalisateur avait le livre en main.

    Si, dans le roman original, l'histoire est racontée à la première personne, pour son adaptation sur grand écran, Lucas Belvaux s'est éloigné de ce type de narration, donnant la parole non plus uniquement à Clément, le prof de philosophie, mais aussi à Jennifer, la fille dont il tombe amoureux : "J'ai choisi de rééquilibrer les points de vue, afin de regarder les deux personnages à la même distance, de les traiter de la même façon parce que, finalement, malgré leurs différences, je suis aussi proche d'elle que de lui."

    Après avoir traité la violence sous ses différentes facettes dans ses cinq derniers longs-métrages, le réalisateur Lucas Belvaux met ici en scène une histoire d'amour sous fond de faussés socio-culturels entre un prof de philosophie parisien et une coiffeuse d'Arras.

    C'est à Arras que Lucas Belvaux a posé sa caméra. "Les carnavals, les fanfares, la bière, les frites, la convivialité (...)", originaire de Belgique, le cinéaste connaît parfaitement ces codes culturels. "Je n'ai pas eu à tricher, c'était dans le livre ! Les deux grandes places d'Arras m'apparaissent comme des décors de théâtre, des toiles peintes", confie ce dernier qui s'est senti comme à la maison dans cette ville du Pas-de-Calais.

    L'actrice belge Emilie Dequenne, qui joue Jennifer, une coiffeuse d'Arras, a justement changé de couleur de cheveux pour les besoins de son personnage. En effet, le réalisateur Lucas Belvaux l'a fait teindre en blonde après avoir vu une photo d'elle au Festival de Cannes. Avec ces cheveux blonds, l'actrice ressemble d'avantage à " l'image fabriquée" que constitue son personnage de fausse blonde naïve et prête à tout pour plaire : "Pour Jennifer, "les hommes préfèrent les blondes", forcément. Et puis ça illumine son visage. Ça fait partie de sa volonté d'être toujours "au top", de son refus absolu de se laisser aller, d'abandonner, de renoncer."

    C'est la première fois que l'actrice belge Emilie Dequenne joue un personnage aussi proche d'elle : "C'est une fille optimiste, une fille qui va de l'avant, une fille moderne, indépendante. En un mot : vivante ! Enfin une fille sans problème !" Son rôle d'une coiffeuse d'Arras pleine de candeur est l'opposé du personnage de Muriel qu'elle incarnait dans A perdre la raison de Joachim Lafosse : "Autant l'une était sombre, perdue dans la noirceur, autant Jennifer est une incarnation de la clarté."

Et vous qu'avez-vous pensé du film Pas son genre ?

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