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Cannabis et littérature, Collectif

Publié le 29 avril 2014 par Kenza

Cannabis et littérature, Collectif

Fernand Cormon (1845-1924), In Erwartung


Cannabis et littérature, Collectif
Quatrième de couverture   Psychotrope venu d’Orient, «découvert» par  Marco  Polo qui  le premier   fit  mention de la «secte des hachichins», le cannabis fut tenu pour suspect, voire dangereux dès l’abord, et interdit par décret sur injonction de Napoléon Bonaparte lors de la campagne d’Egypte. Mais au XIXe siècle, la volonté de voyage et d’expérimentation prit de notables proportions. Sous l’impulsion du docteur Moreau de Tours, se met en place l’éphémère mais prestigieux Club des Hachichins qui réunit la fine fleur des arts et de la littérature vers 1840 : Gautier, Dumas, Nerval, Baudelaire, Delacroix, et passage éclair de Balzac, excusez du peu. Finalement, après avoir goûté la peu recommandable matière, et avoir relaté les étapes de ce qu’ils nomment alors leur «fantasia», les écrivains se disperseront et le club disparaîtra. C’est que, comme l’explique Gautier, «le vrai littérateur n’a besoin que de ses rêves naturels, et il n’aime pas que sa pensée subisse l’influence d’un agent quelconque.» Puisqu’on vous le dit…
Extrait GERARD DE NERVAL
VOYAGE EN ORIENT  III. Histoire du Calife Hakem  I. Le Hachische   Sur la rive droite du Nil, à quelque distance du port de Fostat, où se trouvent les ruines du vieux Caire, non loin de la montagne du Mokatam, qui domine la ville nouvelle, il y avait quelques temps après  l’an 1000 des chrétiens, qui se rapporte au quatrième siècle de l’hégire musulmane, un petit village habité en grande partie par des gens de la secte des sabéens.   Des dernières maisons qui bordent le fleuve, on jouit d’une vue charmante, le Nil enveloppe de ses flots caressants l’île de Rodda, qu’il a l’air de soutenir comme une corbeille de fleurs qu’un esclave porterait dans ses bras. Sur l’autre rive, on aperçoit Gizeh, et le soir, lorsque le soleil vient de disparaître, les pyramides déchirent de leurs triangles gigantesques la bande de brume violette du couchant. Les têtes des palmiers-doums, des sycomores et des figuiers de Pharaon se détachent en noir sur ce fond clair. Des troupeaux de buffles que semble garder de loin le sphinx, allongé dans la plaine comme un chien en arrêt, descendent par longues files à l’abreuvoir, et les lumières des pêcheurs piquent d’étoiles d’or l’ombre opaque des berges.   Au village des sabéens, l’endroit où l’on jouissait le mieux de perspective était un okel aux blanches murailles entouré de caroubiers, dont la terrasse avait le pied dans l’eau, et où toutes les nuits les bateliers qui descendaient ou remontaient le Nil pouvaient voir trembloter les veilleuses nageant dans des flaques d’huiles.   A travers les baies des arcades, un curieux placé dans une cange au milieu du fleuve aurait aisément discerné dans l’intérieur de l’okel les voyageurs et les habitués assis devant de petites tables sur des cages de bois de palmier ou des divans recouverts de nattes, et se fût assurément étonné de leur aspect étrange. Leurs gestes extravagants suivis d’une immobilité stupide, les rires insensés, les cris inarticulés qui échappaient par instants de leur poitrine, lui eussent fait deviner une de ces maisons où, bravant les défenses, les infidèles vont s’enivrer de vin, de bouza (bière) ou de hachiche. Pimientos

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