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Théorie générale de l’oubli - José Eduardo Agualusa

Publié le 05 mai 2014 par Litterature_blog
Théorie générale de l’oubli - José Eduardo Agualusa Luanda, capitale de l’Angola, en 1975. Alors que la guerre d’indépendance éclate, Ludovica, venue du Portugal pour s’installer avec sa sœur et son beau frère dans un grand appartement avec terrasse, se retrouve seule du jour au lendemain. Sa peur du dehors la pousse à « s’emmurer » avec son berger allemand pour se protéger de l’extérieur. Elle restera enfermée pendant près de trente ans dans cet appartement, sans aucun contact avec qui que ce soit, survivant, entre autres,  grâce au potager créé sur le balcon, à quelques poules volées à ses voisins et à de nombreux pigeons piégés à l’aide de pierres précieuses.
Dans une note préliminaire, l’auteur indique que Ludovica Fernanes Mano à vraiment existé. Décédée en octobre 2010, à l’âge de 85 ans, elle a laissé des cahiers dans lesquels elle a consigné son journal. Et lorsque le papier et les stylos ont manqué, elle a continué d’écrire sur les murs avec du charbon de bois. L’histoire est donc à la base réelle mais José Eduardo Agualusa précise à ses lecteurs : « ce que vous lirez est de la fiction. De la pure fiction. »
Non content de se focaliser sur la recluse volontaire, l’auteur a imaginé la vie de nombreux personnages ayant traversé cette période trouble de l’histoire angolaise. Des personnages aux destins chaotiques, enfant des rues ou infirmière, journaliste ou ancien bourreau de la police politique. Des personnages reliés à Ludovica et à son appartement par un fil parfois ténu. C’est là que tient le sel du récit, c’est là que l’écrivain s’est emparé d’un fait divers et l’a transformé en matériau romanesque. Il a savamment tissé sa toile, créant une architecture narrative implacable, sortant de la confusion géopolitique et de l’instabilité permanente des existences qui incarnent, chacune à leur manière, la complexité d’un pays au bord du gouffre. L’exercice est brillant et m’a enchanté.
Théorie générale de l’oubli de José Eduardo Agualusa. Métailié, 2014. 172 pages. 17,00 euros.
Une lecture commune que je partage une fois encore avec Noukette.


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