Magazine Cinéma

Hitchcock - 6/10

Par Aelezig

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Un film de Sacha Gervasi (2012 - USA) avec Anthony Hopkins, Helen Mirren, Scarlett Johansson, Jessica Biel, Toni Collette, Danny Huston, James D'Arcy

Pas folichon.

L'histoire : Le réalisateur Alfred Hitchcock, après plusieurs films à suspense, au succès considérable, et une émission de télé où il raconte des petites chroniques horrifiques, se lance dans un nouveau projet de long métrage, adaptation d'un roman. Les studios sont frileux. Trop sombre, trop monstrueux... et une scène de douche, nudité donc, qui va forcément effrayer la censure. Mais Alfred tient bon, soutenu par sa plus grande fan, et géniale collaboratrice, son épouse Alma. S'ils leur faut financer seuls et vendre leur maison, ils le feront...

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Mon avis : Un sujet en or. Mais j'aurais préféré un vrai biopic, complet, sur toute la vie du maître du suspense ; sa jeunesse, son arrivée aux Etats-Unis, son oeuvre, sa tyrannie et ses fantasmes. Ici nous n'avons que l'épisode Psychose. Bon, ceci est le choix du réalisateur. OK. Mais le film n'est guère convaincant et laisse un goût de frustration en bouche... Alors qui nous fera un vrai film sur ce bon vieux Alfred ?

Ce qui m'a le plus déçue, c'est la prestation... d'Anthony Hopkins, mon idole pourtant. Je suis sûre qu'il a fait de son mieux mais le maquillage dont on l'a affublé pour le rôle est horrible et son regard étincelant, qui fait tout son charme et toute son intensité, se perd dans les amas de graisse en plastoc... Le pire c'est que ça ne ressemble même pas à Hitchcock ! Le visage est trop rond, celui d'Alfred était plus allongé, le menton n'est pas fuyant (un détail qu'il est aberrant d'avoir oublié), les sourcils exagérément hauts et la lippe boudeuse est complètement ratée. Et puis, je pense qu'on a collé à Anthony des lentilles marron (Hitch avait les yeux bruns)... et là, c'est le sacrilège : je me répète, mais tout l'art de Hopkins passe par ses yeux bleu acier, pétillants ou effrayants selon les rôles ! Hopkins est un acteur absolument formidable, un des meilleurs du monde... mais là, je l'ai "oublié", tout autant que le personnage qu'il incarnait, au profit de ces prothèses molles qui parfois, dans certaines lumières, n'étaient même pas raccord, au niveau de la couleur, avec le reste du visage.

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Par ailleurs, l'acteur a constamment la tête penchée en arrière... Si cette attitude est effectivement adoptée par Hitch lorsqu'il pose, elle est loin d'être si fréquente au naturel... Anthony paraît figé, raide, doté d'une minerve qui l'empêche de garder la tête droite !

Et puis j'ai été surprise par le tournage de la scène de la douche : le moment où le réalisateur, n'obtenant pas ce qu'il veut, prend lui-même le couteau et se met à faire semblant de frapper Janet Leigh... Il faut croire que lui se montre vraiment terrifiant car la jeune femme prend enfin l'air terrorisé qu'il souhaitait. Je n'ai trouvé nulle part sur le web ce matin l'authenticité de cette scène... personne n'en parle. Gervasi l'a-t-il inventée ? Et dans ce cas, a-t-il inventé d'autres passages aussi ? Du coup, le doute s'installe et le film perd en crédibilité... Je me suis également interrogée sur la vraisemblance du couple Alfred / Alma... un peu trop beau pour être vrai. Elle accepte tout du grand génie ; il reconnaît que malgré ses fantasmes, il n'aime qu'elle... ça tourne à la comédie romantique sur la fin, et ça me semble bien bisounours quand on sait que l'homme a quand même traumatisé pas mal d'actrices et fait souffrir sa femme. Par ailleurs, on la voit prendre en mains la mise en scène pendant que son mari est souffrant... alors qu'a priori, elle n'assistait jamais aux tournages.

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Sinon, Scarlett est adorable, Helen Mirren sensationnelle, et le reste du casting parfait.

Hitchcock est un film regardable, qui nous explique les dessous de fabrication d'un film mythique, et aussi la relation non-conventionnelle mais très profonde entre le cinéaste et son épouse Alma. Mais tout ça est bien lisse, bien linéaire, bien académique, malgré quelques trouvailles, comme ce serial killer qui fascine Alfred et que l'on retrouve dans des scènes fantasmées où Alfred se retrouve près de lui, dans sa vie.

J'ai été déçue...

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Qui est le vrai, qui est le faux ?

Les critiques sont partagées, mais la tendance est vers le bas. Je note celles qui correspondent le mieux à mon ressenti : "La reconstitution du Hollywood d'alors est plaisante, mais le film par ailleurs demeure tout ce qu'il y a de benêt" (Le Nouvel Obs). "Helen Mirren [est] épanouie dans la malice et la vigueur. On n'en dira pas autant d'Anthony Hopkins, grimé et maquillé avec des prothèses qui encombrent son expression. Tout en cabotinage, on le voit en représentation permanente dans un festival de grimaces superficiel et inopérant" (Ouest France). "Dans ce ridicule mini-biopic focalisé sur le tournage de "Psychose", tout se doit d'être lourdement expliqué, jusqu'à la pure affabulation" (Cahiers du Cinéma).

Le public est tout aussi indécis. Ceux qui ont vraiment aimé semblent en fait avoir parallèlement une méconnaissance du cinéma et du personnage...


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