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Interview avec Pascal Charrier – partie 1

Publié le 15 janvier 2014 par Andrecheval

Interview avec Pascal Charrier – partie 1

Pascal Charrier est le créateur et le leader de Kami. Depuis plus de 8 années à présent il est au cœur de l’aventure. C’est aussi le témoin privilégié de l’histoire de ce groupe, des rencontres et étapes qui ont forgé le son et l’identité de la formation. Il s’est prêté au jeu des questions réponses, un long entretien en plusieurs parties.


Interview avec Pascal Charrier - partie 1

Kami c’est une longue histoire. Plus de 8 années au cours desquelles certains musiciens ont changé mais qui a toujours conservé une même direction artistique. A la réécoute des premiers enregistrements, qu’est-ce qui a le plus évolué ?

A la réécoute du premier disque, je trouve qu’il y a un grand nombre d’ingrédients qui ont constitué notre marque de fabrique en terme d’écriture et de son, même s’il y a eu depuis beaucoup de tri dans tout ça. Pour moi la difficulté était et est toujours de créer une musique s’inscrivant dans l’histoire du jazz, et qui soit en relation étroite avec notre époque et ma culture musicale personnelle très imprégnée de musiques autres que le jazz : rock, punk, contemporain, musiques du monde. L’idée qui me semble être le tronc commun aux deux albums de Kami est que nous jouons une musique narrative, qui parle de la vie, des humains. En terme d’écriture il y a dans ces deux disques quelque chose qui procède par tableaux, avec une écriture mélodique horizontale, la verticalité étant incarnée par les agencements rythmiques, les superpositions. Ce qui a évolué entre les deux premiers albums, c’est que j’ai commencé à chercher pour le second à constituer des lignes de fuite en jouant sur des cycles rythmiques de plus en plus longs afin qu’il se degage quelque chose de nébuleux de la musique, que l’importance de la notion de premier temps très chère au jazz soit minimisée au profit d’une sensation linéaire et en profondeur. Cette notion de perspective est également recherchée au travers de l’écriture autour d’un centre – une note ou un groupe de notes restreint – que l’on va chercher à perturber par des intervalles très serrés.

Quelles ont été les grandes étapes artistiques de ces 8 années ?

Les grandes étapes artistiques de ces dernières années se sont produites grâce aux rencontres faites autour du projet et également que j’ai pu faire par ailleurs. Au tout commencement du projet nous sommes partis en tournée en première partie de l’orchestre Le Sens de La Marche de Marc Ducret. Le fait d’entendre jouer Marc et cet orchestre tous les jours était quelque chose de fabuleux et d’extrêmement instructif. Tout d’abord sur le plan de l’instrument pour moi, ainsi que sur l’écriture et la direction d’orchestre puis vis à vis du professionalisme en terme scénique. C’était une sorte de rêve qui se réalisait pour moi quelques années après avoir reçu l’énorme claque de Big Satan en live à l’AJMI. La deuxième grande étape a été la rencontre avec Stéphane Payen lors de l’enregistrement du 1er album : qu’il accepte de se joindre à une équipe de jeunes sortis de nulle part, la manière dont il s’est approprié la musique et proposé des choses qui ont immédiatement fait bouger les lignes de la musique. Il y a eu d’autres rencontres très importantes dont Mark Guiliana, mais la plus importante entre ces deux disques a été celle avec Malik Mezzadri à l’occasion du Nimbus Orchestra en 2010. C’était un orchestre à but pédagogique dirigé par Malik avec lequel nous sommes partis 15 jours en tournée. Au travers des recherches que Malik mène, j’ai trouvé une ouverture vers une musique s’orientant vers la transe, un mouvement perpetuel.

En 8 années, l’équipe s’est également renouvelée…

Les changements au sein de l’équipe ont aussi énormément contribué à faire bouger les lignes. L’arrivée de Julien Soro au saxophone alto a marqué une grande évolution en terme de conception musicale et de niveau d’exécution. Le changement récent de rythmique a apporté une modification radicale du son du groupe : l’arrivée de Rafaël et de Guillaume a permis de rendre la musique moins statique et plus interactive. Cela a généré beaucoup plus d’espace et de prises de risques dans les improvisations tout en rendant plus solide l’assise rythmique de l’orchestre.


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