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Cannibal Holocaust: les secrets d'un tournage

Publié le 23 mai 2014 par Olivier Walmacq

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Attention, l'article du jour n'est pas une chronique de Cannibal Holocaust, réalisé par Ruggero Deodato en 1981, mais un dossier un peu particulier, qui porte sur les secrets du tournage de ce film pour le moins polémique, même encore aujourd'hui. Mais avant toute chose, il est nécessaire de rappeler les grandes lignes du scénario. Attention, SPOILERS !
Une équipe de journalistes composée de trois hommes et une femme se rend dans la jungle amazonienne à la recherche de vrais cannibales. Bientôt, la troupe ne donne plus aucun signe de vie. Le gouvernement américain décide alors d'envoyer une équipe de secours sur place. Celle-ci retrouve, grâce à une tribu amazonienne, les cassettes vidéos de la première équipe, qui renferme le terrible secret de leur disparition.

A raison, Cannibal Holocaust est souvent considéré comme l'ancêtre du Projet Blair Witch, certes beaucoup moins gore et trash que le film de Deodato. Toutefois, Le Projet Blair Witch utilisera lui aussi le concept du snuff movie, à savoir un film évoquant un fait divers étrange, et plus précisément une vidéo retraçant les derniers jours de jeunes étudiants dans une forêt sinistre et visiblement ensorcelée. Au moment de sa sortie, Le Projet Blair Witch provoque lui aussi la polémique.
Tout le monde marche dans la supercherie et le considère comme le film le plus effrayant de toute l'histoire du cinéma. En vérité, Le Projet Blair Witch n'a rien inventé, Cannibal Holocaust non plus.

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Finalement, Cannibal Holocaust est le descendant d'un autre film, Mondo Cane, un pseudo documentaire, réalisé par Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi en 1962. Qu'on le veuille ou non, Mondo Cane est le véritable ancêtre du snuff movie et inspirera la vague du "Mondo cinéma", ainsi que de nombreux avatars, dont Cannibal Holocaust fait partie.
A l'origine, Ruggero Deodato avait déjà réalisé un film de cannibales, à savoir le bien nommé Le Dernier Monde Cannibale. Le cinéaste est donc contacté en 1979 pour commencer le tournage de Cannibal Holocaust. Pari gagné ! Au moment de sa sortie, le film déclenche un énorme scandale.

En Italie, le pays d'origine de Ruggero Deodato, le réalisateur est carrément saisi par un magistrat pour délit d'obscénité. Il est également accusé d'avoir réalisé un snuff movie en raison de rumeurs grandissantes de meurtres d'acteurs devant la caméra, pour les besoins du tournage. 
En effet, une rumeur circule autour du film: les acteurs auraient vraiment été mangés vivants durant le tournage ! Cette rumeur est renforcée par le fait que de vrais animaux ont été massacrés et même dévorés. Par exemple, l
a scène où un singe se fait trancher la tête a été tournée deux fois. Deux singes ont par conséquent été sacrifiés, ainsi que la tortue, scène visible dans la version intégrale.

Ensuite, d'autres rumeurs circulent. Afin de donner plus de crédibilité au film, le réalisateur aurait fait traverser un lac infesté de caïmans à ses acteurs. En vérité, il s'agirait d'une supercherie. Intox ou vérité ? Deodato ne s'exprimera jamais sur ce sujet. Même remarque concernant la séquence avec une mygale. Le réalisateur aurait fait croire à Francesca Ciardi, actrice du film, que l'araignée était venimeuse afin que la peur soit réelle. Même chose: Deodato ne confirmera pas cette rumeur.
Enfin, il semblerait que certains cannibales du film ne soient pas des acteurs mais de vrais anthropophages. Là encore, Deodato préférera se taire sur cette rumeur. Bref, autant d'anecdotes qui participeront largement à la réputation extrême du film !

D'ailleurs, la censure ne s'y trompera pas. Cannibal Holocaust sera interdit dans plusieurs pays. Toutefois, il existe une version censurée et interdite aux moins de 16 ans. En revanche, la version uncut est bien interdite aux moins de 18 ans. En même temps, il faut aussi préciser que le film contient des séquences explicites (simulacre d'une découpe de carcasse humaine, castration, amputation) ou encore de pornographie (la scène de viol d'une indigène). 
Enfin, une dernière séquence interrogera la presse et les médias, à savoir celle où l'on voit une jeune femme empalée. A propos de cette même séquence, Deodato sera obligé d'expliquer au tribunal comment il est parvenu à rendre ce trucage aussi réaliste.

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Même chose pour les acteurs soi-disant dévorés. Le réalisateur décida de passer avec eux à la télévision pour montrer qu'ils n'avaient pas été tués. Cependant, ces derniers avaient pour consigne de disparaître totalement de la circulation après la sortie du film.
Ce qui a contribué à renforcer les rumeurs. Autrement dit, Cannibal Holocaust va jusqu'au bout de son concept. Le long-métrage est souvent cité parmi les films les plus violents de toute l'histoire du cinéma. Encore aujourd'hui, le film a ses détracteurs qui se demandent quel est l'intérêt d'un tel film. A ce sujet, Deodato déclara avoir décidé de tourner ce film après avoir vu son fils confronté à la violence des médias télévisés, souhaitant montrer à quel point les journalistes cultivaient le sensationnalisme. 
Mais le film pose aussi la question du colonialisme et du retour de l'homme moderne à ses instincts les plus sauvages et les plus primitifs. Pourtant, bien des années plus tard, Deodato déclarera regretter avoir tourné ce film, notamment en raison des animaux sacrifiés. 
Une suite, sans animaux réels, était prévue pour 2009 : Cannibals, qu'il devait diriger lui-même. Le projet n'a finalement pas vu le jour. Quant au film, Cannibal Holocaust 2, sorti en 198, il n'a aucun rapport avec celui-ci et n'a fait qu'en exploiter la notoriété.

Alice In Oliver


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