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The Horrors – Luminous : L’Europe sans fin

Publié le 26 mai 2014 par Sywebzine @Saturdays_Youth

The Horrors - Luminous

The Horrors, auteurs du désormais classique Primary Colours, qui mêlait intelligemment post-punk, krautrock et shoegaze autour d’une imagerie très Pornography, avait signé en 2011 un Skying quasiment parfait. Ce disque à la composition irréprochable et aux arrangements éblouissants constitue, aujourd’hui encore, une des plus belles sorties depuis 2010, voire depuis 2000.

Il revenait donc à Luminous de ne pas décevoir, après ces deux coups de maître, et le moins qu’on puisse en dire, c’est qu’on retrouve la touche The Horrors. Les singles prometteurs I See You et So Now You Know le montraient déjà. Les références se mêlent entre elles sans tomber dans le pastiche, et Dieu sait que ça arrive souvent, surtout en ces temps longs où le shoegaze et le post-punk sont aussi branchés que passéistes. On se délecte de cette atmosphère toujours aussi sombre, ces basses bondissantes, ces oscillations sortant d’énormes claviers analogiques en bois, et toujours l’éclatante guitare de Joshua Hayward, qui trouve ici le bon goût de conserver un certain minimalisme. Toutefois, les aficionados de Ride ou My Bloody Valentine trouveront leur compte dès Chasing Shadows, où après une longue contemplation façon Klaus Schulze, le groupe entre en scène d’une seule voix et délivre une puissante énergie shoegaze. La même recette que Mirror’s Image, parfaite introduction de Primary Colours, mais qui a le mérite de fonctionner, et accessoirement de rappeler vaguement la mélodie de Let Her Go de Jagwar Ma. En termes de références, on notera le clin d’œil (involontaire ?) au U2 méconnu de Zooropa (1991) sur le superbe So Know You Know, et la guitare d’Hayward sur First Day of Spring qui rappelle beaucoup le jeu de The Edge, guitariste du groupe irlandais (mais si, voyez ou revoyez Rattle & Hum).

Luminous est parfait sur ses quatre premiers titres, voire sur ses cinq premiers (Jealous Sun fait quelque peu retomber la pression, mais ses beaux moments de guitare « shieldsienne » le sauvent in extremis). See you est un excellent single, qui sans retrouver la perfection de Still Life, tient plus que debout, et son intro tout en arpégiateurs rappelle énormément Europa Endlos, ouverture du mythique album Trans-Europa-Express de Kraftwerk (1974) ; et d’ailleurs, essayez de chanter les paroles par-dessus, ou celles de Trans-Europa-Express, ça rend le morceau encore plus sympa.

Malgré tout cela, on ne pourra s’empêcher de penser qu’on a là un disque pas assez réfléchi, trop vite fini, faute à des morceaux qui ne surprennent pas assez, et à une seconde moitié bien fade. Dire qu’on a là une collection de B-sides de Skying serait très attendu, mais, tout de même… Ceci dit, il serait injuste de soutenir que ce disque ne mérite pas d’être écouté, The Horrors restant un des groupes les plus talentueux du moment, et ils continuent de le montrer sur Luminous même si on sent ce léger essoufflement. On attend alors leur prochain essai, et ça ne dérangera personne d’attendre davantage si on a à la clef quelque chose de plus abouti.

Mentions spéciales toutefois pour Sleepwalk, fermeture très classieuse qui achève l’album en beauté en rappelant les Chemical Brothers, et surtout au cosmique In and Out of Sight et ses nappes synthétiques éclatantes, aussi halluciné qu’hallucinant. Nouveau clin d’œil volontaire ou involontaire à Kraftwerk, peu importe, ce n’est pas ça qui nous empêchera d’y fredonner les paroles robotiques d’Aerodynamik.

Luminous est un bon album, qui laissera probablement les fans sur leur faim, mais continuera de ravir les historiens du rock et de la musique électronique européens, comme le faisaient déjà les albums précédents, cette fois-ci avec un peu moins de brio, mais au moins autant de matière.


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