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Aparecida – La voix de l’umbanda

Publié le 26 mai 2014 par Boebis @bonjoursamba
Aparecida – La voix de l’umbanda

La musique brésilienne est si riche que même dans ses recoins les plus obscurs, on y trouve de grands artistes. C’est le cas d’Aparecida, une des rares compositrices de samba et surtout une pépite qui mériterait d’être redécouverte.

Née en 1939, Maria Aparecida Martins passe son enfance à Caxambu dans le Minas Gerais avant de s’installer avec ses parents à Rio de Janeiro. Au début des années 60 elle participe au film Benito Sereno e o Navio Negreiro, qui lui permet d’aller en France où elle aurait interprété pour la première fois ses propres compositions. En 1965 elle gagne le 3ème Festival de musique de favela avec le morceau « Zumbi, Zumbi », avec lequel elle représente la favela da Cafúa. On la retrouve en 1968 quand sa samba A sonata das matas est choisie pour accompagner le défilé de l’école de samba Caprichosos de Pilares ; la seconde fois seulement, après Dona Ivone Lara, qu’une femme « reçoit » un tel honneur. C’est dire la place des femmes compositrices dans le milieu de la samba! Durant toute cette période, la musique est loin de la faire vivre et comme Clementina de Jesus avant-elle, cette grande musicienne gagne sa vie comme repasseuse dans des maisons du quartier de Vila Isabel.

Aparecida – La voix de l’umbanda

Ce n’est qu’en 1974 qu’elle foule enfin les studios d’enregistrement. Elle interprète les titres Boa Noite et Proteção sur les disques collectifs Roda de Samba, bien accompagnée de Nelson Cavaquinho, Rubens da Mangueira, Darcy da Mangueira et Rubão… Son premier album solo sort enfin en 1975 suivi l’année d’après par Foram 17 anos que nous présentons ici. Un titre qui fait justement référence aux 17 années d’espoirs, de désillusions et de persévérance qu’il lui fallu pour enfin lancer sa carrière.

L’album est un merveilleux condensé de rythmes de samba et de jongo, desquels se détachent la guitare de Zé Menezes et plus surprenant, l’accordéon du grand Sivuca. Un accordéon qui vient parfois insuffler un parfum du Nordeste comme sur Diongo Mundiongo. Sur ces rythmes, Aparecida chante de sa puissante voix ses propres compositions et celles non moins brillantes des complétement méconnus João Ricardo Xavier, Mariozinho de Acari et Evaldevino Ponciano Xavier. Des sambas qui chantent fièrement la joie d’être Noir (Todo mundo é preto), et rendent hommage à Bahia, le cœur du Brésil africain (Saravá, Saravá Bahia). Des morceaux avec des paroles très courtes. comme le reste de l’album, à la manière afro-brésilienne.

Aparecida – La voix de l’umbanda

Le disque Foram 17 anos et c’est là peut être la vraie spécificité d’Aparecida fait le lien entre samba et la musique chantée dans les terreiros d’umbanda. L’umbanda est une religion brésilienne qui fait la synthèse entre le catholicisme européen et le candomblé d’origine africaine (yoruba, bantou). On retrouve ainsi sur l’album à la fois un hommage au saint catholique Santo Antônio de Pemba et plusieurs chants dédiés aux divinités orixas africaines. Parmi eux se détache le sublime Lágrimas de Oxum en hommage à l’orixa des rivières.

A la suite de cet album, Aparecida poursuivra encore cette thématique umbanda avec entre autres les disques Os deuses afros et Cantigas de fé. Sans connaître un réel succès, quelques un de ses titres seront néanmoins diffusés à la radio. Elle meurt encore jeune en 1985 et retombe dans l’oubli. A l’exception de quelques un de ses titres réédités en CD en 1996, sa musique n’est scandaleusement disponible qu’en vinyle, qui pour notre bonheur sont partagés par quelques passionnés sur internet.

NB: le premier titre Foram 17 anos n’étant pas passé sur soundcloud, je vous invite à l’écouter sur youtube. L’album n’étant plus commercialisé, je partage le rip du vinyle que vous pouvez télécharger au lien suivant: Foram 17 anos.


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