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Haxan, la Sorcellerie A Travers les Âges

Publié le 03 juin 2014 par Olivier Walmacq

haxan

genre: documentaire, épouvante, horreur, inclassable
année: 1922

durée: 1h15, 1h25 ou 1h45 selon les versions

synopsis: Une étude de la nature de la sorcellerie et du satanisme, de la Perse Antique jusqu'aux temps modernes

la critique d'Alice In Oliver:

Attention, immense film et très grand classique en perspective (je vous assure, mes mots ne sont absolument pas exagérés), j'ai nommé Haxan, la Sorcellerie à travers les Âges, réalisé par Benjamin Christensen en 1922. Gardez bien le titre de ce film en mémoire car sans lui, la très grande majorité des films d'horreur actuels ne seraient jamais sortis au cinéma.
En tout cas, il s'agit d'un film (dano-suédois) qui va marquer grandement les esprits et influencer plusieurs générations de cinéastes, entre autres (et pas des moindres), William Friedkin pour réaliser un autre monument du cinéma d'épouvante, à savoir L'Exorciste, mais j'y reviendrai.

Haxan a été réalisé sur un mode documentaire mais contient de nombreuses scènes de fiction comparables aux films d'horreur traditionnels. Du fait du soin méticuleux de Christensen pour recréer des scènes médiévales et de l'importante durée de la production, Häxan fut le film muet scandinave le plus onéreux jamais réalisé. Haxan s'intéresse à des thématiques rarement abordées par le cinéma (même encore aujourd'hui), à savoir la manière dont les superstitions ainsi que l'incompréhension des maladies et pathologies mentales peuvent mener à l'hystérie et à la chasse aux sorcières.

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En ce sens, Haxan peut aussi se voir comme une oeuvre visionnaire annonçant l'arrivée du nazisme en Allemagne à partir de 1933. Je rappelle que l'extermination des juifs trouve ses origines dans les contes et plus précisément dans la chasse aux sorcières.
Haxan préfigure également l'essence même du mal, à savoir que Satan se trouve en chaque être humain et donc en chacun d'entre nous. C'est par ailleurs une thématique que reprendra le même William Friedkin dans L'Exorciste, que j'ai déjà cité. Certes, au moment de sa sortie, Haxan trouvera son public au Danemark et en Suède.

Toutefois, en raison de son sujet et de ce qu'il montre, le film sera banni aux Etats-Unis et censuré dans plusieurs pays, notamment pour ses nombreuses séquences impliquant des représentations de torture, de la nudité et ce qui fut considéré à l'époque comme des perversions sexuelles.
Pendant longtemps, Haxan sera interdit aux moins de 18 ans en France et dans de nombreux pays à travers le monde. Toutefois, n'ayez crainte, rien de bien méchant dans cette oeuvre à la fois très sombre, macabre, gothique, lyrique et mélancolique. Toujours est-il qu'il existe plusieurs versions du film: la première n'est autre qu'une restauration de l’œuvre originelle de 87 minutes.

Haxan

La seconde version (toujours en noir et blanc) date de 1968 et s'étale sur une durée de 76 minutes. La dernière version, teintée, propose un montage de 104 minutes. Cette ultime version fait figure d'intégrale et s'adresse essentiellement aux collectionneurs.
C'est aussi cette version qui est disponible sur YouTube. Donc oui, vous pouvez visionner Haxan dans son intégralité sur YouTube. Vous savez donc ce qu'il vous reste à faire ! Pour le reste, Haxan se divise en sept segments différents. Je ne vais pas résumer chaque section dans cette chronique. 
Ce serait beaucoup trop long.

Haxan est avant tout un essai filmique sur le sujet de la sorcellerie, de l'antiquité à une période contemporaine du film (1922). De ses origines les plus primitives à sa représentation classique dans le monde moyenâgeux, la sorcellerie nous est d'abord présentée à travers de nombreuses illustrations tirées d'ouvrages médiévaux. C'est par ailleurs le premier segment du film et aussi le plus court. Par la suite, le long-métrage alterne les images d'archives, les illustrations ainsi que des reconstitutions filmiques de toute beauté, mais souvent très étranges.

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Haxan ne fait clairement pas l'apologie de la religion. Au contraire, les sorcières nous sont présentées comme des personnes marginales, détenant un savoir particulier et contestant ainsi l'ordre religieux de leur époque. C'est plus ou moins ainsi qu'elles ont été bannies, rejetées et considérées comme nuisibles à la société. De tout temps, les sorcières ont toujours inspiré la terreur.
Ainsi, le film s'interroge ainsi sur la perversité de notre monde mais aussi sur la noirceur de l'âme humaine. Ce qui explique l'apparition de Satan. D'ailleurs, la société humaine associera le plus souvent la sorcellerie au mal, à la perversité et au sexe.

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Avec l'arrivée de la psychanalyse, la sorcellerie sera finalement associée à la pathologie mentale et plus particulièrement à l'hystérie. On en revient donc au début de la chronique avec ce parallèle entre Satan et le mal qui existent en chaque être humain.
Il est d'ailleurs amusant de voir le film effectuer plusieurs allusions au démon. Le vrai démon, c'est finalement nous-même. C'est l'un des messages du film. Et c'est aussi une thématique que reprendra William Friedkin dans L'Exorciste (je sais, je l'ai déjà dit). Le démon présent dans Haxan sera repris dans le film de William Friedkin, à la seule différence que ce dernier le nommera Pazuzu.
En résumé, s'il n'y avait pas eu Haxan, William Friedkin n'aurait jamais réalisé L'Exorciste. Il s'agit donc d'une oeuvre importante, au-delà même des inspirations qu'elle générera par la suite. Bref, un très grand classique dans son genre qui mériterait sans aucun doute un meilleur niveau d'analyse. Mais ne l'oubliez pas, vous êtes sur Naveton Cinéma !

note: 21/20


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