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Godzilla (2014)

Publié le 05 juin 2014 par Olivier Walmacq

Quinze ans après la découverte de fossiles géants, l'Océan Pacifique va rencontrer deux créatures provoquant le chaos et réduisant à néant les chances de survie de l'Homme. Leur seul espoir risque d'être un énorme lézard nommé Godzilla...

PREMIER-POSTER-GODZILLA

La critique godzillenne de Borat

En 1954, Ishiro Honda créait un des monstres les plus mémorables du cinéma après King Kong, le fameux Godzilla. Par la suite, le réalisateur récidivera pour plusieurs volets d'un total de 28 épisodes dont le dernier datait de 2004 (Final Wars réalisé par Ryûhei Kitamura). Une saga qui a plus d'une fois franchi le seuil de la nanardise notamment par un lot de monstres douteux (dont le fils de Godzilla qui réservera encore longtemps son lot de rigolades involontaires) voire même un duel avec le singe précité. Godzilla se frottera même aux Avengers ou Spider-man dans des comics réalisés par la Marvel! En 1998 et après un premier projet avorté dans les années 80 avec Steve Miner aux commandes, Roland Emmerich signe un très mauvais remake qui est tellement désavoué que malgré son succès (d'autant plus renforcé par la bande-originale où cet embaffé de Puff Daddy reprenait sans vergogne et ce malgré l'association de Jimmy Page le Kashmir des Led Zeppelin) Sony annulera purement et simplement son projet de trilogie, pas aidé non plus par la Toho détentrice des droits du lézard géant. On se tapera quand même une série animée d'une rare nullité où le gentil Godzilla est à la solde du gouvernement et sort de sa tannière pour bouffer du monstre. On en revient à regretter les bébés dinos qui bouffaient des militaires dans le film d'Emmerich, Jean "Prends un chewing-gum, t'auras l'air plus américain" Reno aussi... Aujourd'hui, Gareth Edwards doit passer après un tel navet et autant dire qu'il s'en sort vraiment avec les honneurs. 

Godzilla : Photo Aaron Taylor-Johnson, Bryan Cranston

Comparé à son camarade allemand qui n'avait semble t-il pas compris le message de l'original (en gros chez lui c'était boom boom kaboom aaaaaah!), Edwards revient à un aspect humain et impose son Godzilla comme un film catastrophe pur et dur. J'entends déjà certains gueuler "oh mais un film Godzilla où on ne montre pas trop Godzilla c'est pas un Godzilla!". Ce serait oublier que le premier film misait exactement sur le film catastrophe à tendance humaine et non sur la surenchère du spectacle que ses suites ont réalisé par la suite. Tout comme il l'avait très bien fait sur Monsters, Edwards se focalise sur l'Homme face à une menace trop grande pour lui ou tout du moins gigantesque. Edwards l'a dit à longueur d'interview, la nature est la grande menace de l'Homme et quand elle en a marre de sa dégradation, elle opte pour une solution radicale. Godzilla n'est pas là pour l'Homme ou tout du moins pas directement, il vient pour préserver la nature contre un parasite n'ayant rien à faire là. Ce parasite fruit du nucléaire qui risque de se démultiplier et se nourrie au nucléaire avec missile et tout ce qui passe. La nature face au nucléaire et au milieu les hommes. Plus qu'en privilégiant le spectaculaire, Edwards préfère s'attarder sur les hommes subissant l'action, y compris l'armée américaine. 

Godzilla : Photo

Alors je ne sais pas si c'est voulu, mais l'armée américaine est vraiment montrée comme une bande d'incapables et surtout complètement inconscientes. Si le personnage d'Aaron Johnson est épargné (c'est peut être un des personnages les plus censés du film), la plupart des cocos sont vraiment énormes dans leur genre. La séquence de Golden Gate est assez fantastique en soi. Déjà on en vient à se demander pourquoi les flics n'évacuent pas le pont fissa alors qu'une menace est grandissante. C'est un peu comme si un bateau allait couler et que l'équipage disait "ça va aller, c'est juste un problème technique". Ensuite Godzilla arrive, tout va bien jusqu'à ce que des militaires sans ordre décident de lui tirer dessus... alors qu'il est devant le pont... bourré de civils! Non seulement ils se mettent en péril (ils sont quand même face à un lézard de plus de 100 mètres!), mais en plus le lézard brise le pont de San Francisco donc avec des civils! Et comble du comble, deux imbéciles se disent "ah tiens on va mettre les clefs pour activer notre missile nucléaire". Manque de bol, il est pris par nos méchants arachnides! On a quand même trois conneries de la part de nos chers soldats ricains, ce qui est incroyable mais vrai. Pour ce qui est des hommes, le traumatisme de Bryan Cranston est assez bien mis en scène et le personnage s'avère assez intéressant malgré sa courte apparition. 

Godzilla : Photo

Pour le reste, on est un peu plus dans la caricature avec David Strathairn en militaire borné (alors qu'on lui dit qu'il ne faut pas s'attaquer à Godzilla, il l'attaque quand même!), Ken Watanabe en scientifique qui ne sert à rien (ah si de temps en temps il va d'un endroit à l'autre) et Elizabeth Olsen qui joue la femme qui attend systèmatiquement son mari, rôle que l'on n'avait pas vu depuis Die Hard! Pour le reste, on pourra être déçu que Gareth Edwards ne joue pas plus sur le spectaculaire avant le grand final, jouant malheureusement sur les flash info. Ce qui est franchement dommage puisque les plans que l'on voit sont vraiment extra. En gros on voit le commencement de manière normale avant que cela soit expédié par bribes dans des écrans riquiqui. Mais soyons satisfait puisque le film est un bon film catastrophe à la hollywoodienne, à la fois divertissant et mettant en scène des hommes face à une situation qui les dépasse. D'autant que le final est d'une furiosité visuelle avec un combat final gargantuesque comme seul Pacific rim de Guillermo Del Toro avait réussi à le faire, avec un lézard superbe (clairement vous pouvez oublier le machin d'Emmerich). En fait on peut voir Godzilla comme un pendant à Pacific rim. Tous les deux sont des films mettant en scène des kaïjus, Del Toro privilégiant l'action spectaculaire, Edwards le récit humain dans un monde catastrophé. On ne s'étonne pas de retrouver deux hommes de talent derrière ces deux entreprises, les mêmes studios aussi (Warner et Legendary). Soulignons également la musique d'Alexandre Desplat laissant planer une tension palpable lors des combats.

Godzilla : Photo

Un retour spectaculaire pour l'un des grands monstres du cinéma, doublé d'un bon film catastrophe un peu affecté par des petits défauts.

Note: 15/20


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