Magazine Cinéma

Crossing guard - 8/10

Par Aelezig

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Un film de Sean Penn (1995 - USA) avec Jack Nicholson, David Morse, Anjelica Huston, Robin Wright

Tendu et bouleversant.

L'histoire : Freddy et Marie ont perdu, six ans auparavant, leur petite fille, Emilie, tuée par un chauffard alcoolisé, John, aujourd'hui en prison. Freddy n'a jamais pu s'en remettre et Marie l'a quitté, emmenant avec lui leurs deux fils. Elle a refait sa vie et tente d'aller de l'avant, malgré un chagrin toujours présent. Freddy, lui, vit un perpétuel cauchemar, et s'étourdit dans l'alcool, les night-clubs, avec des prostituées. Mais bientôt, ce sera le grand jour : John va sortir de prison et Freddy ira le tuer... John le sait et il attend. Il ne se sent pas en droit de se défendre. Rongé par la culpabilité et la peur de la mort, il tente néanmoins de revivre normalement : il trouve un boulot et tombe même amoureux.

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Mon avis : Un superbe film qui nous conte l'histoire de deux hommes en quête de résurrection, brisés par le même drame, l'un en tant que coupable, l'autre en tant que victime. Les deux acteurs, qui ne s'affronteront vraiment qu'à la toute fin du film, sont superbes (une de leurs meilleures prestations à tous les deux) ; on aime les personnages autant l'un que l'autre, chacun ayant ses torts, ses doutes, et des larmes refoulées. Cela parle de l'amour, de la vie, de la mort, du deuil, de la culpabilité, de ce qu'on a raté, des chances qu'on a laisser passer pour des sottises... Ca parle aussi du désir de vengeance qui vous brûle et vous consume, jusqu'à vous faire sombrer dans la folie (et dans ce cas, on passe à l'acte...). Alcool ou colère sont des accidents de la vie ; ça ne fait pas forcément de vous un méchant homme. Et les femmes du film, Anjelica et Robin, amènent la douceur et le réconfort, avec une grâce folle. C'est l'aspect "maternel" qui prime. Un peu stéréotypé, mais en même temps tellement naturel !

La réalisation classique, parfaitement rythmée, nous offre aussi quelques séquences au ralenti, légèrement floutées autour du visage douloureux, perdu, de Nicholson. Une petite fantaisie qui s'intègre parfaitement à la mise en scène, illustrant tout à la fois les vapeurs d'alcool dans lesquelles Freddy s'évade et le brouillard de souffrance qui le détruit jour après jour. Le même effet est utilisé une autre fois autour de Robin Wright qui danse et la transforme en petite flamme de vie, de lumière, d'espoir. Très bien vu.

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Deux scènes m'ont particulièrement touchée ; parmi les plus belles qu'il m'ait été donné de voir :

La scène de la danse, que j'évoquais plus haut. Josie a dit à John qu'elle ne voulait pas continuer leur relation tant que sa culpabilité à lui serait entre eux, qu'elle attendait qu'il choisisse la vie. Il ne comprend pas très bien et vient la revoir le lendemain, s'assoit par terre, abattu, démoralisé, et lui demande : "Qu'est-ce que tu voulais dire ? Décris-moi ma culpabilité." Elle réfléchit, elle ne sait comment s'y prendre... Puis elle se lève, met de la musique et lui dit : "Viens danser avec moi." Il ne se lève pas, la regarde et nous comprenons en même temps que lui ce que Josie exprime : il est incapable de danser avec elle, c'est quelque chose de trop léger, qu'il s'interdit de faire. Lui, il est lourd du poids de sa culpabilité... Il part et lui dit "Continue de danser..." Elle est la vie ; lui, il n'est pas prêt.

La scène de la chambre : une nuit Freddy a été arrêté par la police pour ivresse ; il prend la fuite et les agents se lancent à sa poursuite. Il trouve refuge dans une maison, dans une chambre et, tapi dans l'ombre, s'aperçoit qu'une petite fille, dans son lit, le regarde, apeurée... Il lui fait signe avec son doigt : "Chut". Lorsque son père ouvre la chambre, suivi de policiers, il demande à l'enfant : "Tout va bien, ma chérie ?" et elle répond "Oui, Papa, que se passe-t-il ?". Tranquillisé, le père referme la porte. Freddy vient près de la petite fille, l'embrasse et lui dit "Merci mon ange..." avant de s'en aller. C'est un peu comme si Emilie l'avait aidée au travers de cette enfant...

Le dernier quart d'heure du film est d'une tension extrême. J'avais les poings serrés, les phalanges toutes blanches ! Et les cinq dernières minutes, j'étais en larmes ! Et ce n'est pas souvent que ça m'arrive ! Je suis quelqu'un de très sensible, mais des films j'en ai tellement vus, que je suis généralement très stoïque !

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Du très beau travail, intelligent et plein d'émotion.

Pour les non-anglophones, le titre renvoie à ce personnage bien familier que l'on voit, à la sortie des écoles, surveillant les passages protégés pour faire travers les enfants en toute sécurité. On peut penser aussi que cet agent protecteur se retrouve dans les rôles de Marie et Josie, qui aident chacune les deux hommes à traverser cette étape particulièrement difficile.


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