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Critique Ciné : Jimmy's Hall, la danse contre tous

Publié le 10 juillet 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

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Jimmy’s Hall // De Ken Loach. Avec Barry Ward, Simone Kirby et Andrew Scott.


Il n’y a pas à redire, Ken Loach est un cinéaste de talent, surtout pour dépeindre la société dans son côté le plus avare et cupide. On sent derrière à chacun de ses films le côté révolutionnaire, communiste (comme ils aiment bien appeler Jimmy dans Jimmy’s Hall). Mais ce serait faire un raccourci bien trop simple à mon goût. Avant toute chose, Jimmy’s Hall est adapté d’une pièce de Donal O’Kelly par Paul Laverty (La Part des Anges, It’s a Free World). Cette fois-ci, Ken Loach choisi de nous plonger en 1932 et l’on retrouve donc légèrement l’ambiance de Le Vent se Lève (Palme d’Or à Cannes de 2006, exploit qui n’a pas été réitéré cette année avec ce film). Le sujet est fort et traité de façon assez intelligente. En effet, en prenant le sujet d’une salle de danse, le film cherche à parler de l’influence de l’Eglise à une époque où cette dernière avait le contrôle même sur l’éducation. Sans compter qu’il est aussi mis en valeur le fait que l’Eglise est une entité riche et qui continue de s’enrichir sur le dos des pauvres gens quand Jimmy propose une alternative, non pas de foi, mais plutôt de divertissement pour une population qui n’a plus rien en quoi croire à part eux-même et la religion.
1932 - Après un exil de 10 ans aux États-Unis, Jimmy Gralton rentre au pays pour aider sa mère à s'occuper de la ferme familiale.
L'Irlande qu'il retrouve, une dizaine d'années après la guerre civile, s'est dotée d'un nouveau gouvernement. Tous les espoirs sont permis…
Suite aux sollicitations des jeunes du Comté de Leitrim, Jimmy, malgré sa réticence à provoquer ses vieux ennemis comme l'Eglise ou les propriétaires terriens, décide de rouvrir le "Hall", un foyer ouvert à tous où l'on se retrouve pour danser, étudier, ou discuter. À nouveau, le succès est immédiat. Mais l'influence grandissante de Jimmy et ses idées progressistes ne sont toujours pas du goût de tout le monde au village. Les tensions refont surface.
Le film reste pourtant dans sa structure très classique et l’on sent que le cinéaste ne cherche pas à faire de faux pas. Après tout, c’est quelqu’un de grand et de bon ce réalisateur qui dénonce tout un tas de choses dans notre société avec un regard assez piquant. Le but n’est pas de donner à l’Eglise l’occasion d’avoir le bon rôle, ni même les autorités qui sont à la merci de celle-ci. Cependant, Jimmy’s Hall est bien moins violent que Le Vent se Lève, peut-être est-ce le souci de ce film (si c’est vraiment un souci). On retrouve tout de même le vrai réalisateur, dans son plus simple appareil, dénonçant avec rage et ferveur les injustices de sa propre nation. Parmi les moments clés nous avons le grand discours de Jimmy au milieu de l’épisode car cet homme, qui a vu la crise de 29 à New York, les problèmes du capitalisme, etc. a les mots pour parler des problèmes de la société dans laquelle tout le monde vit. Le film n’oublie pas non plus d’être drôle. Le personnage du prêtre est donc un personnage assez grandiose. J’ai adoré le fait qu’il soit quelqu’un de drôle (sans forcément le vouloir). Car l’on sent le côté terriblement taquin du réalisateur et j’aime ça.
Car un film de Ken Loach ne serait rien sans quelque chose d’un peu âpre et le tout est bel et bien là. Le but est aussi de s’arrêter sur les relations de chacun, ce qui n’était peut-être pas une habitude chez les réalisateurs qui souvent préfère le conflit et montrer comment les idées consument parfois les gens. Mais avec tous les sentiments dans le même panier, on se retrouve ici avec un film des plus agréable et des plus sympathique. En tout cas, je ne pouvais pas demander mieux de la part de Jimmy’s Hall. C’est tout ce que j’attendais avec peut-être un peu de faiblesses dans la première demi-heure qui tente de mettre en place l’histoire (et notamment le personnage de Jimmy) mais la culture de cette petite bourgade irlandaise est tellement bien travaillée, que cela soit au travers de la danse, de la manière dont tous ces gens sont menés à la baguette par des autorités qu’ils ne comprennent pas. J’ai tout de même découvert qu’ils pouvaient déporter un homme irlandais, simplement parce qu’il a un passeport américain. Alors qu’il est né ici et pas là bas.
Note : 8.5/10. En bref, belle réflexion pour beau film engagé. Du très bon Ken Loach, en somme.


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