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Call girl - 6/10

Par Aelezig

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Un film de Mikael Marcimain (Irlande, Norvège, Suède, Finlande) avec Sofia Karemyr, Josefin Asplund, Pernilla August, Simon J. Berger

Un sujet d'actualité, douloureusement banal.

L'histoire : Années 70. Suède. Iris et sa copine Sonja, adolescentes rebelles et fugueuses, avides d'une liberté qu'on leur refuse en raison de leur âge, se retrouvent dans un foyer pour jeunes en difficulté. Et elles font le mur tous les soirs... (super, le centre !). Errant dans le Stockholm by night, elles se font entraîner dans une soirée où un type leur demande de danser pour lui, seins nus. Ca fait les rigoler ; pataudes, timides, elles se prêtent au jeu et repartent les poches garnies. Cet argent facilement gagné les incite à recommencer. Mais désormais "repérées", on les abrutit d'alcool et de cocaïne, et cette fois les choses vont plus loin... D'étape en étape, elles deviennent des call-girls destinées aux pulsions de pervers de tous poils, en fait des "gens bien", des gens de la meilleure société, des hommes politiques notamment... Une équipe de policiers parallèlement tente de piéger enfin ce réseau. Mais il se heurte aux multiples pressions qui viennent "d'en-haut"...

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Mon avis : Bien fait, bien filmé, avec un côté documentaire, mais aussi des scènes fortes lorsque la caméra tourne autour de la mère maquerelle, avec une musique sourde : on dirait vraiment une araignée maléfique qui tisse sa toile ! Les deux jeunes actrices sont très justes, entre naïveté et insolence, crédulité et envie d'émancipation... se fourvoyant en prenant la mauvaise route. Le cheminement qui se fait dans leur tête, extrêmement bien décrit et analysé, montre combien - même les call-girls que l'on dit "libres" - se trouvent enchaînées, pour la plupart, à des réseaux qui les traitent comme de la marchandise. Les séances où Dagmar "prend ses réservations" pour ses poulettes au téléphone est édifiant. C'est presque : "Je vous en mets combien de kilos ? Avec ou sans gras ? Je viens de recevoir un morceau magnifique, goûtez-le donc, vous m'en direz des nouvelles !"

Le film, même s'il est au final assez peu original (on a vu ça mille fois), a deux atouts : il s'agit d'une histoire vraie, et l'on découvre l'autre face des milieux libertins... que certains jugent symbole même de la liberté (d'où leur nom !) d'aimer de multiples façons ; il est en pleine actualité, alors même que chez nous le gouvernement veut éradiquer la prostitution, c'est-à-dire l'interdire : clients, fournisseurs et prostitués seront sanctionnés... Un projet dont je me félicite et que je soutiens à fond. Si un pourcentage infime de filles (ou de garçons) sont soi-disant libres et aiment ça, l'immense majorité est exploitée, droguée, et courrait à perdre haleine pour fuir si c'était possible.

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Certains vous diront : Pff, la prostitution, c'est vieux comme le monde, on ne pourra jamais l'empêcher. Moi ça me fait penser aux planteurs de Géorgie qui disaient qu'on ne pouvait pas se passer des esclaves. On ne changera pas le monde, mais on peut essayer. Que l'homme cesse de penser - tout comme il a jugé pendant des siècles (voire quelques millénaires) que l'esclavage était normal - que la femme est faite pour la satisfaction de ses besoins et qu'elle aime ça. Si elle n'a pas d'autres moyens pour gagner la soupe de ses enfants, elle cèdera à la pression, c'est clair. Mais qui l'exerce, cette pression ? Des libidineux qui pourraient se calmer un peu et des fournisseurs avides de fric. L'homme civilisé n'a pas besoin de putes.

Cela nous ramène à l'étrange relation, connue de tout temps, entre sexe et pouvoir, que l'on voit extrêmement bien dans le film. Les principaux clients de Dagmar sont des hommes politiques. Le pouvoir rend dingue. Le problème, c'est que le chemin vers le pouvoir est aussi rempli de demi-dingues qui tueraient père et mère pour parvenir à la marche ultime. Etre le roi, être Dieu, celui qui est aux manettes et qui régit la vie de ses sujets à la baguette, dans tous les domaines. Le bas peuple paie les impôts, et les putes leur font croire qu'ils sont beaux et intelligents.

Il est sidérant d'apprendre que dans un récent sondage - qui finalement n'est pas paru dans la presse - Strauss-Kahn apparaissait - à la grande surprise des initiateurs de l'enquête, qui n'avaient pas donné de noms - en tête de liste sur les hommes qui pourraient sauver la politique et l'économie françaises ! Les gens ont la mémoire courte. Donner sa confiance à un homme, grand amateur de prostituées, obsédé sexuel reconnu, violeur peut-être, harceleur sûrement... Un homme qui a cette vision de 50 % de l'humanité : assouvir ses fantasmes, voilà le modèle dans lequel une foule se reconnaît !

Bravo la France.

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On n'est pas au bout de nos peines... Ce qui me fait penser à une certaine Marine, qui profite avec volupté de toutes ces aberrations. Grand bien lui fasse. Le peuple décidera. Mais entre le machisme et le fascisme... moi je n'en peux plus...

Cet article a été programmé car je suis absente jusqu'au 28 juillet. Je répondrai à vos commentaire dès mon retour.


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