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Live report │ astropolis a la tête sous les étoiles

Publié le 17 juillet 2014 par Acrossthedays @AcrossTheDays

Il y a de ces anniversaires qu’on aimerait fêter plus souvent. Vous savez : 12 ans parce qu’on est presque des grands, 16 ans parce qu’on a trop hâte d’être vieux, 18 ans parce que zut, on est adulte! Et 20 ans. Oui, vingt ans ça se fête. Et ce n’est pas Astropolis qui nous contredira, même si le festival a depuis longtemps dépassé le stade d’ado pour atteindre le stade de réussite à tous les niveaux. Mais Astropolis a la tête dans les étoiles, comme l’éternel jeune adulte de 20 ans que nous aimerions tous rester parfois. Ou plutôt, Astropolis a la tête sous les étoiles : celles du port de Brest tout d’abord, et celles des forêts bretonnes ensuite. Loin des mythes bretons, le manoir de Keroual a su créer les siens, pendant vingt ans, sous le signe de la fête.

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VENDREDI SOIR : Je clubbe.

Notre première soirée d’Astropolis se doit de commencer à La Carène, pour Doist! Ce sont ces deux rennais dont on parlait il y a quelques jours ici. Duo de talent, c’est avec une grande maîtrise que le groupe nous balance au visage une techno sombre et dure croisée de rock, puissante, haletante même. Malgré le manque de public (il n’est que 22h30 à la Carène et la plupart des festivaliers sont encore à l’apéro), on a envie de bouger la tête dans tous les sens, boire notre bière rapidement et descendre dans la fosse s’agiter sous les lumières aveuglantes qui accompagnent le duo. On reste quand même confortablement sur nos gradins, profitant de ce beau moment musical, reposant nos jambes avant de sauter dans le grand bain Astroclub.

Après la claque Doist!, on courre (sous à la pluie) à la Suite, quelques mètres plus loin. Après une entrée rapide, on découvre un club décoré de boules à facettes de toute les tailles. Prêt pour faire la fête. C’est Ringard qui débute la soirée. Pour les bretons, il est réputé pour les nombreuses soirées Rennaises dans lesquelles il officie avec succès. Cette fois, et peut être parce qu’on a commencé notre soirée un peu fort, il nous manquera le petit truc en plus qui nous donne envie de nous lancer sur la piste. On ira saluer les copains et attendre que Motor City Drum Ensemble, plus qu’attendu ce soir, prenne la suite.

Et nous n’aurons pas attendu pour rien. Le jeune homme, cigarette à la bouche, propose un set aussi  cool qu’il le paraît. Un peu facile selon certains, mais soyons honnête, terriblement efficace. A base de house et de disco, MCDE enflamme pour de bon l’Astroclub dont l’écho du groove et de la bonne humeur nous semble alors raisonner dans tout le port de Brest. Une ambiance bon enfant qui suffira à nous faire oublier les quelques grossièretés musicales du jeune allemand.

La fête continuera de plus belle avec le  fameux Derrick May (aka Rhythim is Rhythim et Mayday), l’un des pères fondateurs de la techno de Détroit. Et la sienne n’est donc pas n’importe laquelle, vous l’entendez bien. Puissante mais légère, elle nous fait tenir sur nos jambes malgré la fatigue, nous fait fermer les yeux tout naturellement jusqu’à nous envelopper dans une douce couverture musicale, qui tient chaud et qui donne envie de ne jamais en ressortir de la nuit. Il est la véritable claque de cette soirée, hypnotisant, mélangeant les styles, de la pure techno à la funk, toujours avec cette subtilité qui le démarque tant ce soir là à l’Astroclub.

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Rødhåd prendra la suite, sans nous. On entendra dire qu’il a comme à son habitude terminé en beauté cette soirée déjà très bien entamée. Les petits détails que l’on retiendra ? L’incroyable nombre de « Allé allé allé ! » criés dans le public, visiblement aussi impatient que nous à l’idée de se faire enflammer par la techno. Le public lui-même, également, mélange disgracieux (mais intéressant) de très jeunes, de bretons reconnaissables dans toutes soirées techno de la région, et d’individus transpirants, debout sur les murets de l’Astroclub (et gâchant la vue des plus petits, comme moi). L’Astroclub aura fait foule. Nous on rentre, évitant les gouttes de pluies, se préparer pour le lendemain.

SAMEDI SOIR : « RAVE UP », comme ils disent si bien ici.

Après avoir abandonné pour cause de pluie diluvienne le Piknic Electronik du samedi après-midi (mais non, il peut faire beau en Bretagne parfois, on vous assure!), on se dirige enfin vers la très pénible épreuve des navettes (ou plutôt de l’attente, parce qu’une fois dedans tout va déjà mieux), direction la forêt de Keroual. Bottes aux pieds, k-way sur les épaules, tout le monde s’était préparé pour une nuit dans la forêt. Enfin, sauf ceux qui déposeront les armes (ou plutôt un apéro un peu trop lourdement servi) sur le sentier menant au site. La pluie nous aura tout de même épargnée cette nuit là. Keroual, ce n’est pas n’importe quoi, et ça se mérite.

Notre soirée se doit de commencer par Cordeiro à la scène Tremplin. Lui, c’est ce rennais qu’on adore, et qui monte. Des petites soirées rennaises aux clubs et festivals de Bretagne, comme toujours, ça fonctionne. Une bonne entrée.

Déjà la fin pourtant, et il est temps pour nous d’entrer dans l’arène d’Astropolis. Entourés de ces quatre murs de pierre, transportés sous d’immenses sphères lumineuses, nous y voilà : La Cour, l’espace le plus emblématique, certainement, du festival. On y retrouve les trois membres reconnaissables de Sonic Crew. Pour ceux qui les ont déjà vu… et bien c’est toujours un peu pareil. C’est chouette, mais la soirée ne fait que commencer. Alors une bière, et on revient pour le français Oniris, toujours à La Cour. On passera la qualité du son franchement mauvaise en ce début de soirée pour se lancer un peu dans la fosse, avec cette impression étrange que les murs d’enceintes se rapprochent de plus en plus de nous à mesure que la foule arrive sur le site.

On étouffe pas encore, mais on décide quand même d’aller voir ce qu’il se passe du côté de l’Astrofloor. En fait non. On courre, très vite, parce que commence Erol Alkan en b2b avec Daniel Avery. Ni l’un ni l’autre n’a besoin d’être présenté. Le premier est depuis plusieurs années une figure incontournable d’une techno toute en fraîcheur, dansante aux sonorités pop qui sait . Le second a entièrement marqué l’année 2013 avec son somptueux mais ténébreux album Drone Logic, dont on a d’ailleurs arrêté de parler pour profiter davantage de son écoute. Alors imaginez ensemble. Et bien ça donne une explosion musicale d’un côté, une ambiance absolument folle d’un autre, et un moment de techno presque parfait qu’on aimerait revivre encore, et encore, et encore.

Mais ce serait oublié qu’à Astropolis, il y a toujours quelques choses à voir. Même pas le temps d’aller faire un tour d’auto-tamponneuses (on s’était promis qu’on irait pourtant) que l’on doit tenter de se frayer un chemin afin de profiter du moment de techno dure du festival, visiblement attendu de pied ferme par la grande majorité des festivaliers : Jeff Mills. Et ce sera l’un de ces moments rares et beau, où une figure les plus respectée du monde de la techno de Détroit donne une leçon musicale pointue, maîtrisée, complètement bizarre. Et réjouissante à fond. On se fait marcher dessus, on est poussé dans tous les sens, mais on s’en fout pas mal. La légende est là.

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On a d’ailleurs du mal à s’en remettre, même avec le puissant live des anglais LFO complètement cool, mais complètement gras (ou l’inverse, c’est comme vous voulez). Le prix vulgarité du festival reste cependant largement attribué à Skream. De la techno à la dubstep il n’y a parfois qu’un pas, que certains s’amusent à franchir un peu trop allègrement pour nos tendres oreilles.

Au moment où le génial duo Tale of us commence dans La Cour, le jour s’est levé. Nous sommes toujours entourés de ces murs, dont les lumières, à cette heure plus naturelles et bien moins festives que durant la nuit, mettent à jour nos mines fatiguées. Mais, signe d’une soirée dont personne ne souhaite la fin, nous resterons le plus longtemps possible à écouter ces deux beaux italiens dont les sonorités aériennes dégagent alors une harmonie douce et planante, dans une bonne humeur toujours aussi généralisée. Mais on ne s’éternise pas, pour laisser la place à la « surprise » de l’Astrofloor : Laurent Garnier en B2B avec Manu le Malin : deux univers différents, pour deux personnages emblématiques du festival. Il y a 20 ans, ils étaient là. Et c’est ensemble qu’ils confirment ce que beaucoup de festivaliers espéraient depuis le début de la soirée : une rencontre osée et originale, entre l’un des papas des Djs en France et un symbole de la hard techno et de de la transe, qui ne manque pas de crier sa joie pendant plusieurs minutes, micro à la main, visiblement aussi fier et content que nous d’être présent pour ce bel anniversaire.

Autour de nous, beaucoup dorment alors allongés dans la paille. Sur nos joues, les paillettes ont commencé à tomber, les yeux se creusent et on commence à tristement constater qu’il faut aller dormir, rentrer chez nous, prendre le train. On a pas fait notre tour sur la grande roue. On a pas tout vu. On a même pas penser à aller grignoter un kebab au milieu de la nuit. Sur la planète Astropolis on a peut-être pas besoin de tout ça. Vingt ans, c’est un bel âge.

Merci Astropolis, ton équipe, tes artistes. Et encore une fois, bon anniversaire.

Crédits photos : Alban Gendrot, Maxime Chermat.


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