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The honourable woman (2014) : nuancée, mais nébuleuse

Publié le 24 juillet 2014 par Jfcd @enseriestv

The honourable woman est une nouvelle coproduction entre BBC Worldwide et Sundance Channel de huit épisodes, est diffusée sur les ondes de BBC Two depuis le 3 juillet et sera disponible sur CBC au Canada dès l’automne 2014. La série débute avec l’anoblissement de Nessa Stein (Maggie Gyllenhaal), une femme d’affaires anglo-israélienne à la tête de la Stein Group, une organisation adulée pour ses initiatives philanthropiques qui amasse des fonds destinés à des établissements d’enseignement. Juste avant que le groupe eut accordé un important contrat à la Qassim Communication de Palestine, son PDG Samir Meshal est retrouvé mort. Cette nouvelle se répand comme une trainée de poudre et vient une fois de plus éveiller les tensions entre Israéliens et Palestiniens. Mais Nessa n’est pas au bout de ses peines, puisque suivant l’événement, Kasim (Oliver Bodur), un jeune garçon de son entourage est kidnappé. Réalisation de Hugo Blick (The Shadow Line), The Honourable woman s’attaque en toile de fond au conflit israélo-palestinien avec doigté, mais peine à retenir notre attention après le pilote. Personnages peu charismatiques et une intrigue principale diluée, la série contient en elle plusieurs thèmes qui ont eu du succès dans de récentes productions, mais sans réellement en exploiter les bons filons.

The honourable woman (2014) : nuancée, mais nébuleuse

Un thriller qui s’essouffle

Ces paroles prononcées par Nessa reviennent à chaque générique : « We all have secrets. We all tell lies just to keep them from each other and… from ourselves ». En effet, la protagoniste a beau être une femme honorable, d’où le titre, reste que son passé est trouble à plusieurs égards. Les premières images du pilote en témoignent : 29 ans plus tôt, son père est assassiné par un extrémiste sous ses yeux dans une salle de réception où elle livre aujourd’hui un discours plein d’espoirs sur les relations dans le Proche-Orient. Dans ce sens, elle y annonce l’octroi d’un contrat de plusieurs millions de $ accordé à une firme palestinienne qui vise à doter l’État d’Israël d’un service internet à haut débit sur l’ensemble de son territoire. Les problèmes s’amoncèlent lorsqu’on apprend que le  PDG s’est suicidé quelques heures avant son annonce. En effet, il y a anguille sous roche puisque sa lettre d’adieux contient ses empreintes digitales, mais pas l’enveloppe dans laquelle elle a été insérée : de quoi rendre les deux États suspicieux et attiser la colère.

The honourable woman (2014) : nuancée, mais nébuleuse

Conséquence directe? Le jeune fils de sa meilleure amie palestinienne Atika (Lubna Azabal) est kidnappé. Comme il est légion dans ce genre de crime, les proches de la victime ne peuvent contacter la police de peur qu’il arrive quelque chose au bambin. Puis, peu à peu on nous en dévoile davantage sur Nessa qui est pour le moins opaque. On sait qu’il y a huit ans, elle et Atika ont été enlevées à Gaza et cette information tombe entre les mains du grand patron de la MI6 (le service de renseignements extérieurs du Royaume-Uni), Sir Hugh Hayden-Boyle (Stephen Rea) qui mène l’enquête en parallèle, laquelle est cependant entravée par le CIA. Le frère de Nessa, Ephra (Andrew Buchan), n’est pas non plus blanc comme neige. Il a volontairement quitté la direction de la Stein Group il y a huit ans (coïncidence ou lien avec l’enlèvement de sa jeune sœur) et sa proximité avec Atika nous faire croire qu’il pourrait bien être le père du jeune Kasim, et ce, bien qu’il soit déjà marié.

Comme c’est si souvent le cas aux États-Unis, la production a fait appel à une star de cinéma pour camper le rôle principal dans The honourable woman. Maggie Gyllenhaal a beau être une grande actrice, on est surpris que son personnage, en plus de manquer de charisme, n’occupe pas de place prépondérante dans le récit. En effet, on ne la voit que très peu durant les épisodes #2 et #3 et son impact est minime sur les intrigues. Elle a beau avoir un passé trouble, reste qu’on n’en sait toujours rien à ce stade-ci et qu’on commence même à s’en désintéresser. La même remarque vaut pour les autres protagonistes en général. On ne s’attache à aucun d’eux et les intrigues les entourant auraient pu être mises en scène dans un laps de temps beaucoup plus court, si ce n’était du ton lent qui caractérise les œuvres de Blick. Loin de condamner les séries qui prennent leur temps à s’installer, celle de BBC Two déraille constamment de sa ligne directrice alors qu’elle a pourtant une histoire forte entre les mains.

The honourable woman (2014) : nuancée, mais nébuleuse

Recette trop variée

Sur papier, The honourable woman renferme plusieurs thèmes qui ont trouvé écho auprès des téléspectateurs ces dernières saisons, mais néglige de les exploiter à bon escient. L’histoire dans Crisis et Hostages était concentrée sur le kidnapping et bien que ces séries aient reçu un accueil modeste (et avec raison, surtout dans le cas de la première), on ne pouvait cependant les accuser de manquer de rythme et de dériver de leur route de départ, ce qui est le cas ici. On essaie aussi d’exploiter le thème de l’espionnage international, un peu à l’image de Homeland, mais la série de Showtime en fait sa ligne directrice alors que dans l’actuelle coproduction, on aborde le sujet à fond dans le second épisode, avec ce résultat résumé par  Lucy Cave dans son article : « It falls flat and we start to lose a bit of momentum with the actual story arc, it feels like you are watching a different show all together ». Reste enfin les thèmes de la politique et du choc des cultures que l’on retrouve aussi dans Tyrant et The bridge. The honourable woman à l’avantage de ne pas tomber dans les clichés et évite surtout de prendre position dans le conflit infiniment complexe et sensible qui caractérise les deux états du Proche-Orient, mais le résultat est ennuyeux, puisque toujours en huis-clos. Non que l’on souhaite une série « noire et blanche » avec des gentils et des méchants; The bridge parvient très bien à nous faire prendre conscience des disparités énormes entre Américains et Mexicains sans pour autant tomber dans les généralités. Enfin, si Tyrant n’est pas un modèle de subtilité, accusée de donner une piètre image des musulmans, c’est son côté soap, très exotique et luxueux qui représente un certain intérêt. En somme, The honourable woman s’éparpille trop pour nous engager à fond et échoue surtout en maintenant le téléspectateur dans le noir (on est presque à la mi-saison), livrant au compte-goutte des indices qui à la longue nous laissent de marbre.

La nouvelle série estivale de BBC Two n’est pour le moment pas un succès d’audience. 2,13 millions d’auditeurs pour le pilote et 1,54 pour le second, la chaîne a aisément été devancée par ses concurrentes en heure de grande écoute. Succès ou pas, Hugo Blick a affirmé il y a peu qu’il n’y aurait pas de seconde saison et que de toute façon, cette option n’avait jamais été envisagée : « Une grande part de la confiance que nous offrons au public c’est que cette saison traite d’une histoire. Nous n’allons pas tricher et insinuer qu’il pourrait y avoir une autre ».


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