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GTA mis KO par Rimbaud !

Publié le 20 mai 2008 par Eric Viennot

Rambaud J’adore Rimbaud. Quand j’étais jeune, pour épater les filles, j’avais tenté d’apprendre par cœur le Bateau Ivre. Et puis j’ai laissé tombé quand j’ai vu que la mob du copain faisait plus d’effet. Le bateau ivre a été emporté par le courant et par le temps qui passe. Jusqu’à ce jour où, dans les années 90, Bernard Pivot consacre l’une de ses émissions (Apostrophe ?) au multimédia. On ne parlait pas encore de jeux vidéo à la télévision. (On n'en parle guère plus aujourd'hui d'ailleurs...). Le multimédia c’était plus chic. Ce jour là, un type avait fait sensation. A la fin de l’émission, il surprit son auditoire en annonçant qu’il allait dévoiler en direct l’œuvre multimédia la plus révolutionnaire jamais créée. Suspens…

Sur ce, il sortit un livre de son sac. Pas n’importe lequel bien-sûr : les poésies de Rimbaud. L’arme ultime. Un simple recueil de textes mais capable à lui tout seul de générer les images les plus belles comme les plus laides, les sons les plus doux comme les plus cruels, les émotions les plus fortes comme les plus subtiles. Bang ! Effet garanti sur l’auditoire ! Un peu facile quand même.
Ce type s’appelait Pierre Marchand, créateur de nombreuses collections Gallimard qui, à défaut d’être réellement multimédia, étaient parmi les plus visuelles. (L’excellente collection Découvertes, par exemple, qui a renouvelé la notion d’encyclopédie avant que Wikipédia n’apparaisse).

Hier soir, j’étais invité à participer à un débat télévisé sur les jeux vidéo, à l’occasion du battage médiatique créé par la sortie de GTA IV. Plateau de Ce soir ou jamais en direct.
Ambiance feutrée. Le débat est lancé sur la Wii et l’élargissement du public des gamers.
Chacun y va de ses réflexions savantes. Tony Fortin, jeune sociologue, conteste les chiffres. Benoit Virole, psychanalyste, conteste la notion même de jeu vidéo. Wii Fit n’est pas un jeu vidéo. Soit. Pierre Gaultier, journaliste talentueux, conteste heu… je ne me souviens plus très bien quoi…mais il conteste un truc c'est sûr ! Quand vient mon tour j’essaie de faire un peu de pédagogie sur l’évolution du jeu vidéo et la stratégie de Nintendo. J’ai l’impression qu’on doit s’ennuyer ferme dans les chaumières.
Je tente de lancer quelques vannes marrantes pour réveiller l’ambiance. Tout cela me parait manquer cruellement de passion et d’envie. Ah si on pouvait avoir sur le plateau Miyamoto, Ueda, Molyneux, Raynal, les brothers Houser !
Heureusement Frédéric Taddei, toujours aussi enthousiaste, ranime un peu tout ça de temps en temps. Il a pas mal bossé son sujet.

Le temps passe. Minuit trépasse. J’évite de regarder ma montre, ça ferait mauvais genre.
Et là, miracle. Deux nouveaux interlocuteurs arrivent : Marc Edward Nabe et Jean-Jacques Lefrère. Et paf voilà Rimbaud qui s’invite de nouveau ! Merde alors ! Encore lui ! A ce moment là, la magie opère. Les deux compères nous racontent les conditions dans lesquelles un inédit de Rimbaud vient d’être découvert. Une énigme. Un vieux journal retrouvé dans un grenier. Un truc rocambolesque. Ces deux là savent la force d’une histoire pour captiver un auditoire. Ça se termine par la lecture de cet inédit de Rimbaud, certes mineur mais léger, tellement frais, qu’il emporte avec lui tout sur son passage. Les deux compères nous ont eus. C’était un traquenard. Charleville-Mézières 1- New-York City 0. Les jeux vidéo ont dû sembler bien pâles à côté de l’esprit frondeur de Rimbaud. Sacré Arthur ! La prochaine fois, il est foutu de débarquer en personne, tout crasseux « Salut les mecs, j’m’appelle Rimbaud. Arthur Rimbaud ! Ça vous en bouche un coin hein ! Zavez-pas vu mon pote Niko Bellic ? Je dois lui refourguer quelques armes pour se défendre ! »


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