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Mister Babadook - Critique

Par Nopopcorn @TeamNoPopCorn

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Shining à la sauce kangourou !

Le fantastique australien a toujours une identité particulière dans l'histoire du cinéma (La dernière vague, Harlequin, Panic at Hangin Rock) marqué par un sens de l'étrange et un fantastique moins "explicatif" que le nôtre. Mister Babadook, premier film de Jennifer Kent ancienne actrice qui assista Lars Von Trier sur Dogville est un avatar moderne de ce cinéma enrichi on le verra de nombreuses influences...
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Le(s) plus

La réalisatrice se dit fascinée par l'expressionnisme allemand et se sert du fantastique pour illustrer de manière graphique les tourments intérieurs de ses personnages. Le début du film ne contient d'ailleurs aucun élément fantastique nous présentant Amélia (Essie Davis) élevant seule Samuel son fils de sept ans un enfant très difficile. Elle reste traumatisée par le décès de son mari mort dans un accident de voiture alors même qu'il l'accompagnait à la maternité. Elle refoule ce drame refusant même de fêter l'anniversaire de Samuel qu'elle a de plus en plus de mal à aimer.

Avant même qu'entre en scène l'élément fantastique, l'ambiance du film est lourde et tendue. Celui-ci se présente sous la forme d'un livre de contes qui évoque à travers des illustrations traumatisantes la venue d'un mystérieux croquemitaine le Babadook qui menace d'entrer dans leur foyer et tuer Samuel au travers de sa mère! Peu à peu des phénomènes étranges se multiplient Amelia et son fils sont-ils victimes d'une entité malveillante ou sombre-t-elle dans la folie?

L'ombre de Shining (à la fois le livre de King et le film de Kubrick) plane sur le film avec cet enfant qui voit son parent devenir menaçant sous l'influence d'une entité. Le jeu d'Essie Davis est plus subtil que celui de Nicholson dans le Kubrick, sa plongée dans la folie se fait de manière plus progressive et on sent en elle la lutte d'une mère aimante malgré tout. L'interprétation de l'actrice et de l'enfant qui parvient à être tour à tour énervant et attachant est l'atout principal du film.

Mister-Babadook-Photo-Essie-Davis-Noah-Wiseman-02J'ai vu aussi l'influence du cinéma de David Lynch dans le travail énorme sur le son qui contribue à l'angoisse qui se dégage de certaines scènes. Lors de son Q&A après la projection, Jennifer Kent a déclaré que le mixage sonore du film était l'étape qui avait pris le plus temps dans la création du film et on peut dire que c'est réussi.

Lynch aussi dans sa façon de filmer les apparitions du croquemitaine qui m'ont fait penser aux scènes avec "Bob" dans Twin Peaks, d'ailleurs il y a chez Lynch comme dans ce film une dimension très psychanalytique dans la terreur. Kent a tenu a filmer ses apparitions sans effets numériques devant la caméra comme les pionniers du cinéma, des extraits des films de Méliés passent d'ailleurs à la télévision dans le film. Ce choix s'avère payant j'ai beaucoup aimé cette terreur à l'ancienne finalement assez efficace.

Le(s) moins

Certaines scènes un peu hystériques rappellent que Kent a été l'élève de Von Trier et c'est regrettable à mes yeux. La première partie plus naturaliste est un peu trop lente. Sans en révéler trop la terreur monte crescendo puis le film bascule un peu dans une étrangeté qui pourra décontenancer les spectateurs d'autant que la conclusion nous laisse volontairement dans un flou qui peut être frustrant.

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Conclusion

Mister Badabook est un drame sur un amour perturbé entre une mère et son fils qui prend les habits du fantastique pour donner corps à leurs traumatismes refoulés. Porté par la performance de son actrice, ce fantastique "psychanalytique" offre quelques vrais moments de terreur ou plane l'ombre de Shining et de David Lynch.

Ma note: 6/10


Mister Babadook

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Synopsis : "Depuis la mort brutale de son mari, Amelia lutte pour ramener à la raison son fils de 6 ans, Samuel, devenu complètement incontrôlable et qu'elle n'arrive pas à aimer. Quand un livre de contes intitulé 'Mister Babadook' se retrouve mystérieusement dans leur maison, Samuel est convaincu que le 'Babadook' est la créature qui hante ses cauchemars. Ses visions prennent alors une tournure démesurée, il devient de plus en plus imprévisible et violent. Amelia commence peu à peu à sentir une présence malveillante autour d’elle et réalise que les avertissements de Samuel ne sont peut-être pas que des hallucinations..."
Réalisé par: Jennifer Kent / Avec: Essie Davis, Noah Wiseman, Daniel Henshall / Genre: Epouvante-horreur / Nationalité: Australien / Titre original: The Babadook / Distributeur: Wild Bunch Distribution
Durée: 1h34min / Date de sortie: 30 juillet 2014

Plus d'informations !

  • Les Anecdotes !


    L'équipe de Mister Babadook est allée puiser ses fonds budgétaires sur la plateforme participative Kickstarter. Ce moyen de financer les films est de plus en plus en vogue, on le nomme le crowdfunding.

    Mister Babadook fut présenté au prestigieux Festival du Film de Sundance en 2014 dans la catégorie "New Frontier". Puis, la même année dans le Festival international du film fantastique de Gérardmer où il remporta les prix du jury, du jury jeune, du public et de la critique.

    La réalisatrice et scénariste Jennifer Kent n'en est pas à sa première expérience avec les films d'épouvante. En effet, celle-ci flirtait déjà avec les peurs enfantines via son court-métrage "Monstre" qui pareillement à Mister Babadook raconte l'histoire d'une mère et son fils harcelés par un monstre s'apparentant à une peluche.

    La réalisatrice/scénariste Jennifer Kent nous renseigne quant à la genèse de son film : "Les choses ont commencé avec le sentiment vague et un peu diffus de quelque chose que j'avais envie de raconter et un début d'idée, puis, avec le temps, cela a fait son chemin. Mais je crois que tout a vraiment démarré avec mon court-métrage Monster, qui a été comme un tremplin pour tout le reste. Après Monster, je me suis mise à imaginer ce qu'il pouvait y avoir de plus dans cette histoire. Je suis fascinée par ce qui arrive aux gens qui n'affrontent pas les évènements et qui les enfouissent au fond d'eux-mêmes. Où cela les mènent-ils ? Quelle place ces sentiments refoulés vont-ils occuper dans leur vie ? MISTER BABADOOK est une exploration de cette question."

    L'actrice Essie Davis est une amie de longue date de Jennifer Kent, puisqu'elles s'étaient connues au National Institute of Dramatic Art ensemble.

    Jennifer Kent revient sur sa collaboration avec le jeune acteur Noah Wiseman, qui interprète Samuel : "Je me disais "Il y a quelque chose de vraiment spécial chez lui", et il avait six ans, il était tout innocent. Et cette innocence chez Noah a déteint sur le personnage de Samuel. J'avais dit à quelqu'un au début du tournage que diriger un enfant de cet âge, équivaut à vouloir former une ligne droite avec du mercure. Chaque jour était terrifiant, mais ça a payé. (...) Je jouais moi-même les scènes pour qu'il puisse les comprendre et pour l'amener vers des terrains différents et obtenir ce que je cherchais."

    L'illustrateur Alexander Juhasz a été choisi par la réalisatrice pour ses compétences nécessaires à la création de l'univers du livre "Mister Babadook". Jennifer Kent explique : "Je voulais quelqu'un (...) qui ne soit pas seulement un pro de Photoshop. Quelqu'un qui sache dessiner de belles images. (...) Durant la préparation du film nous avons passé du temps à développer les illustrations du livre avant même les décors et les images du film. Nous avons procédé dans cet ordre-là car le livre 'Mister Babadook' est le coeur de l'univers du film."

    Jennifer Kent s'est beaucoup inspirée des premiers films muets d'horreur et de l'expressionisme allemand pour donner forme à l'esthétique de Mister Babadook : "Ils sont aussi beaux que saisissants, et souvent plein de poésie. C'est le point de départ esthétique de MISTER BABADOOK. Le film s'inspire à la fois de ces univers visuels audacieux tout en y inscrivant ma marque personnelle et contemporaine."

    Concernant les décors, l'équipe du film s'est inspirée des illustrations de contes, ceux de Grimm en particulier. Elle cherchait en effet un aspect retro, une qualité du noir et du blanc, sans que cela définisse le long métrage comme un film en noir et blanc. Elle a donc opté pour des niveaux de gris et de bleu avec des finitions très sombres.

    Au sujet des costumes, Heather Wallace explique : "Nous avions une palette très stricte et particulière. Nous avons travaillé dans les tons de noir et blanc, avec du gris au milieu, du bordeaux, du rose pâle et des bleus marine très profonds aux bleus plus clairs. Pas de vert, pas de marron, pas de jaune... C'était très intéressant. Nous parlions aussi beaucoup de l'équilibre des contrastes à l'intérieur de la maison. Il y fait très sombre et Amelia et Sam éclairent l'espace en quelque sorte, mais lorsqu'ils sont à l'extérieur, ils sont toujours plus sombres que la lumière du dehors. Ils arrivent dans un monde plus lumineux, mais eux restent sombres. Nous avions toujours sur nous des accessoires supplémentaires comme des manteaux noirs au cas où il faudrait assombrir le cadre. Quant au style, nous avions un univers unique, un monde stylisé et non réel. C'était expressionniste, le style exprime les émotions des personnages. Les années 1930, 1940, 1970 et le 21ème siècle nous ont inspirés. Nous avons dessiné des formes et des silhouettes de ces époques. Jennifer a passé beaucoup de temps avec nous, pour que nous suivions bien sa vision du film."

Et vous qu'avez-vous pensé du film Mister Babadook ?

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