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Critique Ciné : Maestro, hommage d'une rencontre

Publié le 04 août 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

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Maestro // de Léa Fazer. Avec Pio Marmai et Michael Lonsdale.


Maestro c’est l’histoire d’une rencontre, Maestro c’est l’histoire du cinéma, Maestro c’est un hommage, Maestro c’est inspiré de faits réels prenant pour inspiration la rencontre entre Eric Rohmer et Jocelyn Quivrin pour Les Amours d’Astrée et de Céladon. Ce qu’il y a d’assez intéressant là dedans c’est qu’au départ, Jocelyn Quivrin devait incarner le rôle de Henri sur l’idée de Léa Fazer de faire de cette rencontre incongrue un film. Léa Fazer enrobe donc l’histoire afin de lui donner de quoi tenir une heure et demie de film et le tout est très réussi. Notamment car Pio Marmai et Michael Lonsdale font des partenaires intelligents à l’écran. C’est un vrai hommage à Jocelyn Quivrin qui est fait dans ce film (et accessoirement à Eric Rohmer, lui aussi décédé). Ce que l’on ne sait pas c’est que l’acteur (le vrai) était prêt à tout pour jouer sous la direction d’Eric Rohmer, tout simplement car il était fasciné par le travail du réalisateur. Dans Maestro l’histoire est un peu différente mais c’est notamment pour mettre en avant le fait que pour beaucoup de nouveaux acteurs le cinéma ce n’est plus ce que c’était, c’est des blockbusters et le cinéma d’auteur disparaît.
Henri, un jeune acteur qui rêve de jouer dans FAST & FURIOUS, se retrouve engagé dans le film de Cédric Rovère, monstre sacré du cinéma d’auteur. Les conditions du tournage ne sont pas tout à fait celles auxquelles il s’attendait… Mais le charme de sa partenaire et la bienveillance du maître vont faire naître en lui des sentiments jusqu’alors inconnus. Et Rovère, conquis par la jeunesse et la fantaisie d’Henri, vivra ce tournage comme un cadeau inattendu.
Léa Fazer parle donc dans un premier temps de la difficulté de faire un film d’auteur aujourd’hui (le problème de financement des acteurs payés une misère, des tournages qui manquent cruellement de moyens et où certains occupent donc énormément de postes pour soucis d’économie, les hésitations de certains acteurs entre un projet d’auteur et un projet à gros budget qui pourrait leur valoir la gloire, etc.). C’est donc aussi un film pour l’amour du cinéma, du cinéma d’auteur. J’aime beaucoup le fait que l’on parle de la pellicule qui se meurt pour le numérique (encore une fois un moyen de réduire les budgets). Mais Léa Fazer, dans sa lettre d’amour au cinéma d’auteur, parvient aussi à démontrer qu’au fond il y a quelque chose de beau, des relations qui se tissent et qui ne sont pas les relations superficielles qu’il peut y avoir dans le cinéma grand public. Au fond le film que Cédric Rovère met dans scène n’est qu’un prétexte pour raconter l’histoire d’une rencontre, une belle rencontre. Celle d’un homme fasciné par Hollywood et ses grosses machines mais qui va découvrir un autre cinéma, la poésie, la beauté des mots et que c’est ça qui importe.
J’aime beaucoup ce moment où l’un des personnages parle du fait qu’il a refusé le rôle d’Indiana Jones pour jouer dans un film de Cédric Rovère. C’était une scène drôle au départ mais finalement elle colle parfaitement au film et à l’idée que l’on peut s’en faire. On parle donc de transmission à deux chemins. D’un côté le roc du cinéma français qui apprend à un jeune homme perdu ce que c’est que l’amour des mots, le vrai cinéma et en échange, à quelques reprises bien ponctuées, le jeune va apprendre au plus âgé le langage d’aujourd’hui. Le choc des cultures aurait pu être troublant et raté mais c’est tout le contraire. Maestro parvient donc à nous raconter une histoire légère, teintée de comédie plutôt efficace que l’on aurait parfois envie de voir se poursuivre. L’issue du film est tout de même frustrante (ou presque). J’aurais bien aimé que Maestro aille plus loin dans son exploration du cinéma. Car ce n’est pas qu’une histoire de tournage et de comment le système de financement fonctionne, c’est tout autre chose. C’est même bien plus beau que ça. Difficile de résister au charme de cette belle histoire, pétillante et pleine d’énergie avec un Michael Lonsdale (Moonraker) que l’on n’avait pas vu aussi en forme depuis un bout de temps.
Note : 7.5/10. En bref, le charme enlevé d’une comédie sur l’amour du cinéma.


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