Tiré de l’étagère  | Qu’avons-nous fait de nos rêves? de Jennifer Egan

Ranger le dernier best-seller à la mode amène souvent à redécouvrir des chefs d’oeuvre cachés bien au chaud dans sa bibliothèque.

Fermer un livre est parfois anodin, mais dans le cas de Qu’avons-nous fait de nos rêves? de Jennifer Egan c’est bien plus ! C’est tourner la page d’une époque, d’un mythe, d’une histoire qu’on a tous rêvé de vivre.

De quoi ça parle? Des rêves, tout le monde en a, mais la bande de Bennie, Lou et Sasha entend bien  réaliser le sien!. La bande d’ados un peu punk, beaucoup paumée, assez agitée va tout faire pour avoir San Francisco à ses pieds dans les années 70. Seulement voilà, les coups durs, les coups de coeur et tragédies de la vie ne vont pas forcément amener les lurons à bon port …

Qu’est- ce qu’on en pense? Dès le départ, on vous prévient : ce livre a gagné le prix Pulitzer, ça calme, certes. Mais c’est ce qui fait le plus peur en débutant l’ouvrage de Jennifer Egan ! La peur de l’inconnu mais aussi du gros pavé pompeux qu’applaudira grand-papa et seulement lui. L’ouvrage réussit l’exploit de faire le grand écart entre le bon livre de divertissement et une vraie fresque de l’Histoire américaine. Pas qu’un saut dans le temps! « Qu’avons-nous fait de nos rêves? » est un voyage au coeur les valeurs de l’Amérique et de ses habitants, un peu à part, un peu utopistes. Déprimant? Pas obligatoirement! Jennifer Egan dépeint des personnages assez cyniques pour être réels mais pas forcément au bord du gouffre, enfin pas psychologiquement. Avec une certaine  de mélancolie, ce qui est aurait dû être une «  Place des Grands Hommes » se révèle être un vrai roman d’aventures à la recherche de ses héros et de leurs idéaux de chapitre en chapitre. En réalisant la perte des idéaux de certains et le désespoir sentimental d’autres, des noms comme Jay Mc Inerney et sa Belle Vie, post 11 septembre, viennent à l’esprit. Mais l’écrivaine américaine surprend plus encore avec un chapitre graphique, déroutant mais passionnant. Tout cela n’est pas suffisant pour l’auteure brillante qui dresse un portrait plus vrai que nature de l’industrie musicale! Tout un programme!