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[WORLD TOUR] Inde: "Les startups indiennes qui réussissent sont souvent rachetées par des acteurs mondiaux."

Publié le 11 août 2014 par Pnordey @latelier

Après Bollywood, l’Inde construit progressivement sa Silicon Valley, à Bangalore dans le sud-est du pays. Encore en phase de construction mais forte de quelques 500 startups, ce hub entrepreneurial est en plein boom.

Entretien dans le cadre de l’émission L'Atelier numérique sur BFM Business avec Alexandre Souter, fondateur d’Overcart, un site de e-commerce destiné au marché indien.

L’Atelier: Votre site propose des produits high-tech en déstockage. Pourquoi avoir décidé de fonder cette startup en Inde et viser le marché indien?

Alexandre SOUTER : L’Inde représente un marché absolument énorme [près de 1,5 milliard d’habitants]. Notre produit principal qui est le smartphone, représente à peu près 45 millions d’unités vendues l’année dernière. Le marché indien en ce moment est le troisième plus gros marché mondial de smartphones. On s’attend même à ce qu’il dépasse celui des Etats-Unis dans les deux ou trois prochaines années.

Outre les smartphones, les Indiens sont-ils férus de nouvelles technologies?

Absolument. On observe une dynamique assez intéressante en Inde qui se manifeste par le fait de sauter des étapes technologiques. Par exemple, pas de téléphone fixe en Inde. Cette étape a été sautée, on est passé directement au téléphone portable. Il se passe un peu la même chose avec tout les ordinateurs. Le PC a globalement été sauté et on est passé directement au portable. Et en ce moment, les produits qui se vendent très bien sont donc les smartphones, les portables et les tablettes.

Cela ouvre de grandes opportunités à tout le marché des applications. Cela a-t-il inspiré beaucoup de startups?

Nous avons l’équivalent de notre Silicon Valley basée à Bangalore et beaucoup de startups sortent de ce hub. Au début, l’Inde était surtout spécialisée dans l’outsourcing avec le succès des entreprises comme Wipro et Infosys. Et maintenant, les entreprises s’intéressent au software.

Y-a-t-il un secteur dominant?

En fait, deux types d’entreprises émergent : celles qui se focalisent sur le secteur local avec des sites de e-commerce, de tourisme ou de recrutement. Puis, il y a les entreprises à vision globale. Celles-ci se tournent davantage vers le Big Data ou les services de messagerie. D’ailleurs, l’application la plus téléchargée actuellement sur l’App Store est un service de message qui s’appelle Hike, développé en Inde. Son succès dépasse même l’application WhatsApp ou Facebook en Inde.

Que peut-on dire de l’écosystème autour des nouvelles technologies et des startups ? Est-il déjà mature ou encore en passe de le devenir?

Il est encore en construction. Malgré les deux ou trois "success stories", l’Inde n’a pas atteint le niveau de la Silicon Valley. Donc le système est en train de se développer. Beaucoup de grands investisseurs mondiaux sont en Inde. C’est notamment le cas de Sequoia Capital. Il y a aussi des entreprises comme le site de voyage en ligne MakeMyTrip, qui ont été listées au sein de l’indice Nasdaq aux États-Unis [indice qui regroupe les valeurs high tech]. Mais on a encore du chemin avant d’atteindre le niveau de la Silicon Valley ou de l’Europe.

Quand vous dites : "Il n'y a pas autant de success story qu’aux Etats-Unis ou en Europe" ça veut dire qu’il n'y en pas du tout ? Je ne parle pas forcément d’acquisitions mais plutôt d’idées, d’innovations qui pourraient être remarquées, développées et utilisées massivement à l’étranger?

C’est encore naissant. En réalité, les startups indiennes qui réussissent bien se font souvent racheter par des acteurs mondiaux. Donc il n'y a pas encore une grande entreprise indienne sortie de l’Inde et toujours Indienne. Ni une grande startup avec une vision globale et devenue numéro 1 mondial.

Qu’est-ce qui encourage les startups à créer leur projet ? Dans cet écosystème en mouvement, l’Etat occupe-t-il un grand rôle? Ou est-ce les fonds d’investissement qui stimulent l’entrepreneuriat?

Alors l’entrepreneuriat connaît un véritable boom ici. Beaucoup d’accélérateurs se développent, une douzaine environ. L’idée de se faire racheter une fois la startup lancée motive les nouveaux entrepreneurs Quand on commence à voir deux, trois, quatre "success stories", ça entraîne d’autres entrepreneurs. Quant au gouvernement, il a annoncé mi-juillet déployer un fonds d’un milliard de dollars dédié aux startups. Cela illustre le dynamisme du marché.

Revenons à vous. Est-ce cette émulation grandissante qui vous a attiré en Inde? Le marché indien est-il si accessible pour un Occidental?

Le plus gros challenge pour moi a été de connaître le consommateur. J’ai grandi en France, j’ai donc grandi avec le consommateur Français. Je comprends ce qu’il veut et peut me mettre facilement à sa place. En Inde, j’ai vraiment dû apprendre comment le consommateur se comporte, quels sont ses goûts. Cela a été le plus grand challenge. L’autre difficulté a été la levée de fonds. C’est plus compliqué compte tenu des lois gouvernementales liées à l’investissement étranger.

 

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