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La Passion de Jeanne d'Arc

Publié le 21 août 2014 par Olivier Walmacq

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genre: historique
année: 1927
durée: 1h50

l'histoire: Le récit du procès de Jeanne d'Arc en 1431, où elle fut accusée d'hérésie par des juristes ecclésiastiques décidés à lui faire abjurer ses prétentions de visions saintes, et au terme duquel elle fut brûlée sur le bûcher.      

la critique d'Alice In Oliver:

Le réalisateur, Carl Theodor Dreyer, s'est surtout distingué dans le cinéma muet avec plusieurs classiques du genre, notamment Le Président en 1918, Pages Arrachées au livre de Satan en 1919 ou encore Aimez-vous les uns les autres en 1922.
Vient également s'ajouter La Passion de Jeanne d'Arc, réalisé en 1927. La Passion de Jeanne d'Arc est aussi le dernier film muet tourné par Carl Theodor Dreyer. D'ailleurs, le long-métrage devait être initialement conçu comme un film parlant, ce à quoi Dreyer dut renoncer pour des raisons liées à l'équipement technique du studio.

D'où l'aspect déconcertant de ce film, qui adopte déjà les codes du parlant tout en restant un film muet. Pour l'anecdote, la restauration de la version d'origine tient presque du miracle, puisque le premier négatif avait subi des coupures exigées par la censure, puis avait été perdu dans un incendie.
Carl Theodor Dreyer avait alors réussi à en reconstituer une seconde version à partir de chutes restantes, laquelle devait pourtant elle aussi disparaître dans un autre incendie. Il ne restait plus alors que des copies douteuses, et ce n'est qu'en 1981
 que l'on retrouva dans un asile psychiatrique d'Oslo un double oublié du premier négatif, non censuré, à partir duquel il fut possible de reconstituer le film et les intertitres dans une version probablement identique à celle montée par le cinéaste pour la première de 1928.

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Au niveau des décors du film, Carl Theodor Dreyer peut s'appuyer sur un certain Hermann Warm, qui fut le chef décorateur du Cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene et sorti en 1920. Le scénario de La Passion de Jeanne d'Arc n'a pas pour but d'évoquer les batailles menées par la jeune femme. Aussi est-il nécessaire de rappeler les grandes lignes de l'histoire.
Attention, SPOILERS ! Le récit du procès de Jeanne d'Arc en 1431, où elle fut accusée d'hérésie par des juristes ecclésiastiques décidés à lui faire abjurer ses prétentions de visions saintes, et au terme duquel elle fut brûlée sur le bûcher.

Au niveau de la mise en scène, Carl Theodor Dreyer choisit de se concentrer presque exclusivement sur la figure de Jeanne d'Arc. Certes, présenté comme cela, le montage paraît assez simpliste. Pourtant, ce qui étonne, c'est la façon dont Dreyer filme le visage de son héroïne, capté presque toujours en gros plan, comme pour faire transparaître les diverses émotions de la jeune femme.
Carl Theodor Dreyer choisit la technique du champ-contre champ pour opposer le point de vue de Jeanne d'Arc, persuadée d'avoir été touchée par la Grâce, et celui de ses accusateurs et bourreaux, en l'occurrence des évêques, convaincus d'être en présence d'une sorcière.

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A partir de là, Dreyer effectue une opposition entre le bien et le mal. Jeanne d'Arc n'a commis aucun crime. Finalement, on la soupçonne d'être une sorte de suppôt de Satan. Il est impossible que cette jeune femme soit une Sainte ou une élue de Dieu.
Par conséquent, deux choix sont possibles: soit elle reconnaît que ses visions et plus précisément ses voix sont délirantes, soit elle maintient ses propos et risque de mourir brûlée vive sur le bûcher. Pour la dissuader, les évêques sont prêts à utiliser la torture et humilient la jeune femme en permanence. Les supplices infligés à Jeanne d'Arc rappellent évidemment le martyr christique.

Elle aussi doit porter un fardeau et sa propre croix. Sur ce dernier point, Dreyer filme magnifiquement la souffrance, les pleurs et les sanglots de la jeune femme. A l'époque, ce procédé étonna le public. Encore une fois, La Passion de Jeanne d'Arc est réalisé comme un film parlant.
Le long-métrage peut également s'appuyer sur une excellente distribution: Renée Falconetti, Michel Simon, Antonin Artaud, Jean d'Yd et Alexandre Mihalesco. 
Toutefois, c'est vraiment Renée Falconetti qui tire son épingle du jeu. En effet, l'actrice livre une très grande performance et est totalement investie dans son rôle. Bien qu'un peu longuet parfois, La Passion de Jeanne d'Arc reste néanmoins un grand film et un grand classique du cinéma.

note: 18/20


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