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Epouvantables seuils

Publié le 28 août 2014 par Malesherbes

Depuis quelque temps, les entrepreneurs, ces audacieux qui consacrent leur talent, leur énergie et leur argent au progrès de notre économie, et auxquels le premier ministre vient d’adresser un message vibrant d’amour, les entrepreneurs donc, s’élèvent avec fermeté contre un code du travail si volumineux et si complexe. Je ne l’ai jamais parcouru et il est possible qu’il puisse nécessiter un toilettage. Mais il convient de ne pas oublier que, en l’absence d’une loi, les salariés se trouveraient livrés à l’entière discrétion de leurs patrons. Et, pour être applicable, une loi doit être précisée et détaillée. Ainsi, par exemple, on ne peut se contenter du seul commandement du Décalogue « Tu ne tueras point ! ». Il faut encore spécifier homicide involontaire ou volontaire, avec ou sans préméditation, et ainsi de suite. Le travail étant une composante si importante de la vie des individus, qui interfère avec leur formation, leur santé, leur emploi, leur vie de famille, que sa réglementation est nécessairement volumineuse.

Les pourfendeurs du droit du travail s’en prennent aux différents seuils du nombre de salariés qui déterminent certaines obligations des entreprises. Contrairement à ce qu’ils semblent croire, ces seuils ne sont pas destinés à augmenter les charges des entreprises qui les franchissent mais au contraire à diminuer les contraintes pesant sur celles qui se trouvent en dessous. D'ailleurs quelques dispositions s’emploient à limiter l’impact du franchissement de ces seuils. Alors que l’on nous serine que l’écrasante majorité des Français travaillent dans des TPE ou des entreprises individuelles, on essaie dans le même temps de nous faire croire que le chômage serait dû au fait que des entreprises de dix salariés répugnent à en embaucher un onzième !

Le nombre de salariés n’est pas le seul seuil qu’une entreprise peut dépasser : achat de machine, changement de véhicule, acquisition d’espace. Il en va de même pour les individus. Lorsqu’une famille avec deux enfants voit s’en annoncer un troisième, elle comprend qu’il va lui falloir franchir un seuil dans son budget : acquérir une automobile plus spacieuse, éventuellement prendre un logement plus grand. Dans la plupart des cas, elle se réjouit de cette croissance et ne va pas se plaindre de ces contraintes nouvelles. Entreprendre, ce n’est pas pleurnicher devant les seuils, c’est les franchir.


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