Magazine Culture

Madame Bovary [Gustave Flaubert]

Publié le 04 septembre 2014 par Charlotte @ulostcontrol_
Hello tout le monde !

On se retrouve aujourd'hui pour la publication de la première chronique du blog ! Je dois avouer que je suis assez anxieuse à l'idée d'exposer ainsi mon avis : je doute de sa légitimité, j'ai peur que mes jugements ne soient pas fondés, etc. j'ai littéralement l'impression de me jeter dans la gueule du loup ! Pourtant je suis aussi excitée et euphorique de partager avec vous l'un de mes livres préférés et d'échanger avec vous à propos de cette lecture (c'est assez paradoxal). Enfin, je voulais commencer par vous parler aujourd'hui de Madame Bovary, qui est une des plus belles découvertes que j'ai faites, et qui est l'un des romans qui me fait réaliser à quel point j'aime la littérature, j'aime lire et j'aime les classiques.

Madame Bovary [Gustave Flaubert]« Ma pauvre Bovary souffre et pleure dans vingt villages de France, à cette heure même. » Et en tous lieux de la terre, aurait pu ajouter Flaubert.
En épousant le médecin Charles Bovary, Emma imagine une vie bourgeoise brillante, née de ses rêves romanesques. Mais dans la bourgade normande où l’enferme son mari, médiocre et triste sire, elle ne tarde pas à périr d’ennui. Cette province n’est peuplée que d’imbéciles solennels, de faibles, de lâches et de séducteurs insignifiants. En guise de luxe et de passion, elle ne rencontre que libertinage et adultères humiliants, et bientôt, la ruine…
Après cinq ans de labeur prodigieux, souffrant le martyre comme son héroïne, Flaubert atteint enfin cette perfection artistique que la postérité finira par reconnaître. »

L’histoire de Madame Bovary n’est plus à présenter : lorsqu’Emma sort du couvent, elle ne connaît que les histoires des romans à l'eau de rose qu’elle avait l’habitude de dévorer, et se fait une idée très stéréotypée de l’amour et de la vie. Les histoires pleines de clichés, d’amants, de chevaux et de voyages ont bercé son quotidien de telle sorte que son mariage avec Charles Bovary n’est que désillusion. Emma essaiera de surmonter cette déception en prenant des amants, mais elle n’en ressortira que plus abattue.

Un des éléments qui fait la puissance du roman est le style d’écriture de Flaubert : la plupart des événements nous sont racontés selon le point de vue d’Emma, qui est celui d’une jeune femme naïve et influencée par de mauvais romans d’amour. L’idée qu’elle se fait de ces événements est donc souvent ridicule et hors de la réalité. Pour faire comprendre cela au lecteur et pour ne pas que celui-ci tombe dans les mêmes pièges qu’Emma, Flaubert ne laisse pas à celle-ci tout le pouvoir de la narration : à certains moments, il décrit les éléments selon son propre point de vue ou glisse quelques mots de vocabulaires bien choisis pour rappeler sa présence, et pour rappeler que ce qu’il écrit n’est que le point de vue d’Emma, qui n’est pas forcément le bon point de vue à adopter ! En faisant cela, Flaubert crée une sortie de contraste entre le fond (les pensées d’Emma) et la forme (la façon dont ses pensées sont relatées), introduit ainsi une certaine ironie dans le récit et nuance l’opinion des personnages afin de donner au lecteur les clés pour interpréter ce qu’il vient de lire et déceler la vérité parmi ces multiples points de vue.


Madame Bovary [Gustave Flaubert]
« Elle songeait quelquefois que c’étaient là pourtant les plus beaux jours de sa vie, la lune de miel, comme on disait. Pour en goûter la douceur, il eût fallu, sans doute, s’en aller vers ces pays à noms sonores où les lendemains de mariage ont de plus suaves paresses ! Dans des chaises de poste, sous des stores de soie bleue, on monte au pas des routes escarpées, écoutant la chanson du postillon, qui se répète dans la montagne avec les clochettes des chèvres et le bruit sourd de la cascade. » (Début du chapitre 7)
Flaubert nous décrit dans ce passage la rêverie d’Emma, qui aurait voulu que sa vie de jeune mariée soit plus romantique et passionnée. Ce passage est bien écrit selon le point de vue de Madame Bovary : les « pays à noms sonores », « suaves paresses », « stores de soie bleue » et autres « routes escarpées » sont des éléments communs dans les romans qu’elle lit et qui la font rêver ! En effet, ces éléments font référence au voyage, aux pays inconnus, exotiques et orientaux qui étaient souvent associés, au XIXe siècle, à l’aventure et à aux rêveries des jeunes femmes. Emma n’a pas su voir que ces éléments étaient romanesques et qu’ils n’appartenaient pas à la réalité, c’est pourquoi elle les projette dans sa propre vie ; elle aurait voulu que sa vie soit à l’image de celle de ses héroïnes, mais sa vie n’est pas un roman. Pour nous faire comprendre que le point de vue d’Emma est biaisé, Flaubert utilise un vocabulaire bien pensé : ces éléments soulignés (qui appartiennent majoritairement au champ lexical du voyage et de l’aventure), sont très « cliché » et stéréotypés. Ils le sont tellement que cela en devient exagéré et ridicule ! De cette manière, Flaubert invite le lecteur à ne pas prendre le point de vue d’Emma pour argent comptant et à se faire sa propre opinion sur le sujet : après tout, Emma n’est peut-être pas si malheureuse qu’elle veut le faire penser…
Madame Bovary [Gustave Flaubert]
→ MON AVIS

C’est cet art maîtrisé de la narration que j’ai beaucoup aimé chez Flaubert. Evidemment, l’histoire est plutôt agréable (sans être pourtant intrigante ni palpitante) ; les personnages ne sont pas spécialement attachants et leur personnalité n’est pas captivante, mais c’est par contre très intéressant de voir la façon dont ils interagissent, dont ils se construisent et l’influence qu’ils ont les uns sur les autres. Au-delà de l’intrigue en elle-même et des éléments qui construisent le roman, c’est donc surtout le style de Flaubert et la façon dont il construit son roman qui en font une lecture agréable. Grâce à cette manière d’écrire, Flaubert crée une certaine complicité avec le lecteur : il en fait son allié et se plait à se moquer d’Emma avec lui.

En quelque sorte, j’ai aimé la cruauté de Flaubert envers son personnage principal, et l’impression que j’ai eue d’être le « complice » de l’auteur, même si je dois avouer que, parfois, cela fait presque d’Emma un personnage attachant (voire touchant) puisque l’on se prend de pitié pour elle. Mais bon, la majeure partie du roman, j’ai plutôt eu envie de la secouer, de la réveiller et de lui faire comprendre à quel point elle était hors de la réalité.

Le personnage de Charles est quant à lui assez sympathique, je le trouve beaucoup plus triste qu’Emma puisque c’est une « victime collatérale » des rêveries d’Emma : il aime sincèrement sa femme et aimerait vraiment la rendre heureuse, mais il se rend bien compte qu’il en est incapable. Enfin, ma pitié pour lui a des limites puisque ce n’est pas non plus comme si c’était un personnage sensationnel au caractère hors-du-commun auquel Emma serait aveugle : Flaubert précise quand même que sa conversation est « plate comme un trottoir de rue ».

En fin de compte, c’est un roman que j’aime beaucoup, c’est même un de mes classiques préférés. Déjà, pour l’histoire agréable et fluide ; mais surtout pour la relation particulière qui s’installe entre l’auteur et le lecteur. C’est un roman qui fait réfléchir et qui incite à chaque page le lecteur à s’interroger sur ce qui lui est raconté, à remettre en question les idées préconçues. J’aime particulièrement les livres enrichissants qui me poussent à me dépasser, à réfléchir et à voir plus loin que les apparences, et dont je ressors grandie, et c’est exactement ce qu’est, pour moi, Madame Bovary.


Et vous avez-vous lu Madame Bovary ? Etait-ce une lecture scolaire ou spontanée ? N'hésitez pas à me faire partager vos avis dans les commentaires, j'aimerais beaucoup savoir ce qui vous a plu et/ou déplu dans ce livre !

A bientôt !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Charlotte 266 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines