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Le papier peint, une œuvre d’art ?

Publié le 04 septembre 2014 par Lifeproof @CcilLifeproof

Rixheim, petite ville de l’agglomération mulhousienne, renferme en son centre, le Musée du papier peint. Ouvert depuis 1983, ce Musée possède une histoire bien plus ancienne. En effet, il s’établit dans la Commanderie, bâtie entre 1735 et 1738, dans laquelle demeuraient les Chevaliers Teutoniques. Et en 1797, la fabrication du papier peint est lancée par la manufacture Zuber & Cie. Dès lors, ce papier, à l’imprimé richement orné, fait la renommée de cette ville et pour cause.

Rixheim,_Musée_du_papier_peint
Le musée du papier peint, Rixheim

Avant d’être un élément décoratif, le papier peint demande un savoir-faire particulier. Dans un premier temps, l’esquisse du motif est réalisée par un dessinateur, et les couleurs sont composées de manière précise (de la colle, du blanc de Champagne et des pigments) afin de trouver les meilleures teintes pour représenter le plus fidèlement possible le dessin d’origine ; toutes les nuances sont permises. Et l’imagination n’a plus de limite. Après avoir enduit le fond du papier d’une couleur, les techniciens utilisent des planches, semblables à des tampons encreurs, pour chaque élément du motif. Fastidieuse, la réalisation manuelle du papier peint requière beaucoup de temps, ce qui explique le coût élevé de fabrication. Seul les bourgeois pouvaient acquérir ces éléments de décoration.

La technique évolue et l’industrialisation modifie la confection du papier peint. Ainsi, le papier en rouleau, provenant d’un procédé anglais, et les diverses machines à imprimer – visibles au rez-de-chaussée du Musée - peuvent accélérer la production, pour un prix de moins en moins onéreux.

Les zones Terrestres, détail la mer glaciale, papier peint panoramique manufacture Zuber & Cie, Rixheim, 1855 © Musée du Papier Peint

Les zones Terrestres, détail la mer glaciale, papier peint panoramique manufacture Zuber & Cie, Rixheim, 1855 © Musée du Papier Peint

Que ce soit pour l’intérieur des coffres et du mobilier ou bien des murs, le papier peint habille les demeures et change considérablement l’atmosphère des pièces, en les rendant plus chaleureuse et harmonieuse. Les murs ainsi ornés amènent les résidents aux songes, mais également à exacerber l’imaginaire des convives. Et c’est notamment avec le panoramique, que la magie s’opère indubitablement.

Au deuxième étage du Musée, des pièces sont aménagées, recelant chacune un décor distinct. Les Vues d’Amérique du Nord, l’Eldorado ou les zones Terrestres sont ici représentées sur des panoramiques, recouvrant en intégralité les murs, légèrement arrondis. Tels des tableaux, somme tous un peu trop onéreux pour tout le monde, le papier peint devient œuvre d’art. Un récit se déroule sur chaque pan de mur, nous immergeant dans un autre monde. Nous nous retrouvons au milieu de scènes très détaillées, où les éléments composant le motif créent un paysage en action. Nous pouvons entendre l’animation du port de Boston, sentir les parfums des fleurs exotiques qui embaument le lieu d’exposition, ou voir s’engouffrer entre les icebergs un navire explorant le Grand Nord…

Ces vues panoramiques sont suivies par une exposition temporaire sur l’influence du japonisme dans la création de ce support. Intitulées Japonismes. L’Empire du soleil levant dans le papier peint de 1860 à nos jours, cette exposition – mise en place jusqu’au 31 décembre 2014 – est liée au 150e anniversaire des relations entre l’Alsace et le Japon. Terme employé par Philippe Burty en 1872, le japonisme qualifie l’attrait important de la culture nippone dans les arts et notamment dans les motifs du papier peint. Le Musée de l’Impression sur Étoffes de Mulhouse a fourni pour cet événement des échantillons, car dès 1863 l’industrie textile se pare d’une imagerie japonisante. La représentation de la faune et de la flore se modifie pour plaire à la clientèle, aspirant à un exotisme naissant. L’évolution est bien montrée : l’exposition propose des papiers peints contemporains, sur lesquels les chrysanthèmes ou les grues ne sont plus de mises, mais ce sont les mangas et un design plus graphique, qui embellissent nos murs.

Eldorado1
Eldorado2

L'Eldorado (détail) d'après une maquette de Eugéne Ehrmann, Georges Zipélius et Joseph Fuchs. Manufacture Jean Zuber & Cie à Rixheim, 1849. Impression à la planche. La manufacture Zuber en continue la production.

Une seconde exposition est agencée au premier étage, introduite par une vidéo relatant l’histoire du papier peint et sa fabrication. Cette exposition est visible jusqu’au 15 mai 2015, titrée en ces termes : Papier peint et Art Nouveau, création, production, diffusion. La scénographie nous transporte dans l’histoire, et plus particulièrement à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Devenu très abordable, le papier peint s’intègre dans toutes les demeures. Il est alors un support important pour la diffusion du mouvement Arts and Crafts en Angleterre, initié par William Morris et l’Art Nouveau en France. Les deux mouvements sont étroitement liés, prônant un retour à une ornementation, figurant le monde végétal et animal, mais de manière très stylisée. La manufacture Zuber & Cie est ici largement représentée par de nombreux papiers peints, provenant des 130 000 documents, datés du XVIIIe siècle à nos jours et conservés au Musée.

L’exposition est également marquée par la reconstitution d’une chambre, inspirée par une photographie d’investigation de l’époque, sur laquelle le papier peint au motif Art Nouveau est clairement perceptible. Un temps oublié pour une atmosphère plus épurée, l’Art Nouveau eut un regain d’intérêt dans les années 1960 et 1970, réinterprété dans un style Pop aux fleurs imposantes.

Caroline.

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Papier peint et Art Nouveau, création, production, diffusion du 26 avril 2014 au 15 mai 2015

Japonismes. L’Empire du Soleil Levant dans le papier peint de 1860 à nos jours du 22 mars 2013 au 31 décembre 2014

Musée du Papier peint – La Commanderie, 28 rue Zuber BP 41 – 68171 Rixheim

Du 1er Novembre au 30 avril : 10h-12h/14h-18h (fermé le mardi)

Du 2 mai au 31 octobre : 10h-12h/14h-18h

Fermé les 1er janvier, 1er mai, Noël et Vendredi-Saint

Tarifs : adultes 7,50€/scolaires, étudiants, demandeurs d’emploi, handicapés 5€ et enfants de moins de 16 ans accompagnés Gratuit


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