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Boyhood

Publié le 05 septembre 2014 par Dukefleed
BoyhoodInoubliable
Lion d’Argent au dernier festival de Berlin, ce film est un concept avant tout et un pari carrément fou. Richard Linklater décide en 2002 de réunir une semaine par an (tous les étés), les mêmes comédiens durant les 12 prochaines années dans le but de conter le passage à l’âge adulte d’un enfant de 6 ans. Le plus fou est que Ethan Hawke et Patricia Arquette ont décidé de suivre Mason, le jeune garçon de 6 ans, dans ce projet ahurissant. Comment mieux décrire le temps qui passe, qui nous transforme et qui fait de nous des mortels en le montrant dans sa réalité brute ? Linklater avec ce film sera assurément fait grand pape intimiste du temps qui passe dans le cinéma indé US. Il avait déjà entraîné Ethan Hawke dans un projet semblable ; montrer un couple durant 20 ans à travers une trilogie étalée sur le même espace temporel (les 3 Before).Pas d’artifice et de spectaculaire dans ce film, il se contente de filmer chaque année des tranches de vie de Mason. L’objectif est juste de nous montrer la construction d’un être humain à travers des choses simples. Télé réalité, alors ; loin de là, le film est écrit, scénarisé, joué ; mais tellement réaliste que l’on pourrait le croire. C’est une belle claque, aucune expérience ne permet de voir sur 2h45 la magie de la transformation des êtres. Un anti « Benjamin Button ». Linklater s’amuse aussi à nous perdre dans la vie de Mason ; jamais il ne souffle ses bougies d’anniversaire, jamais un panneau pour nous donner son âge ; qu’il est 10 ans ou 12 ans, peu importe, le récit est linéaire… et le temps devient le personnage principal du film à travers une vie ordinaire d’américains middle class. A mi parcours, on le voie juste quitter l’enfance pour l’adolescence à travers deux plans ; son visage s’est affiné, sa voie a mué ; troublantes toutes ces ellipses. Un vrai film universel sur notre fonction sur terre et notre vie de mortel : la scène finale avec Patricia Arquette en devient hyper émouvante avec sa peur panique de la solitude, de l’abandon et d’une mort sociale préfigurant sa mort physique (« dans 40 ans »…). Une finesse que caractérise bien le film : pas de grandes scènes et ni une couche sur dimensionnée sur l’adolescence. Le concept devient alors un beau matériau pour conter un vrai récit. Arquette a sa scène forte ; Hawke, le père à ¼ temps en a plusieurs, dont celle où il fait un brief franc du collier mais plein d’affection à ses deux enfants après les avoir récupérés pour son week end avec sa Ford Mustang. Voilà aussi encore un film qui affiche une relation père-fils bouleversante.Un film unique universel à voir absolument même s’il souffre de quelques longueurs dans son final. « Boyhood » signifie enfance ; lorsque Mason en sort à la fin du film et se rend compte de la réalité d’une vie adulte, il a une parole désabusée empreint de réalisme cru qu’une prochaine rencontre se chargera de lui faire oublier. Ceci nous renvoie à la vérité universelle exprimée par Jorge Luis Borges : « Le temps est un fleuve qui m’emporte, mais en réalité c’est moi qui suis le fleuve »
Sorti en 2014

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