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France : une usine autorisée à rejeter ses produits chimiques toxiques en mer

Publié le 10 septembre 2014 par Bioaddict @bioaddict
Le parc national des Calanques a autorisé ce lundi 8 septembre l'usine Altéo située non loin de Marseille à continuer à rejeter en mer ses eaux industrielles toxiques, chargées d'aluminium, de fer et d'arsenic. France : une usine autorisée à rejeter ses produits chimiques toxiques en mer ¤¤ France : l'usine Alteo autorisée à rejeter ses "boues rouges" chimiques en mer Sur le même thème   Pollution des océans : nous nageons au milieu des ordures Pollution des océans : nous nageons au milieu des ordures Marseille : le Parc national des Calanques est officiellement créé Marseille : le Parc national des Calanques est officiellement créé La mer Méditerranée: une poubelle à ciel ouvert La mer Méditerranée: une poubelle à ciel ouvert La liste des 90 plus gros pollueurs de la planète La liste des 90 plus gros pollueurs de la planète Pollution des eaux par les nitrates : l'UE condamne à nouveau la France Pollution des eaux par les nitrates : l'UE condamne à nouveau la France OK
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Une usine autorisée à polluer... un Parc naturel protégé

Non vous ne rêvez pas ! Le Conseil d'administration du Parc national des Calanques a autorisé (30 voix pour, 16 contre, 2 absentions) l'usine Alteo (ex-Péchiney), qui produit à Gardanne (Bouches-du-Rhône) de l'alumine à partir de bauxite, l'autorisation de continuer à rejeter en mer des "eaux de procédé" chargées de métaux lourds dont l'aluminium, le "fer total" et l'arsenic - qui dépassent en plus les seuils légaux de toxicité - pour encore 30 ans !

Ces rejets s'accompagneront de "meilleurs contrôles et d'un meilleur suivi des eaux rejetées", a essayé de rassurer le président du Parc...

Il faut noter que le Parc national des Calanques a été créé en avril 2012 "dans le cadre des objectifs de la stratégie nationale pour la création et la gestion des aires marines protégées du Ministère de l'Ecologie". Il est un réservoir de biodiversité terrestre et marine. On y dénombre près de 140 espèces protégées.

L'Ecologie contre l'emploi

Comment est-il possible que le Conseil d'administration d'un Parc naturel protégé puisse donner l'autorisation à un industriel de continuer à polluer ? "L'interdiction du rejet des effluents de l'usine mettrait en péril des centaines d'emplois" menace le groupe franco-américain HIG qui a racheté l'usine en août 2012 et qui a demandé le 19 mai dernier une prolongation de l'autorisation de polluer. Ce lundi 8 septembre, pendant que des écologistes manifestaient devant le bâtiment qui abritait le conseil d'administration, la CGT menaçait d'une contre-manif, pour défendre l'usine et ses 400 salariés... sans compter que l'usine fait travailler 300 sous-traitants.

Une usine qui pollue depuis plus de 50 ans

Il faut savoir que cette usine déverse en mer les déchets de son exploitation d'alumine, les fameuses boues rouges, depuis 1966.

L'alumine est utilisée dans la fabrication des abrasifs, du verre, des écrans LCD, de la céramique en électronique, etc. Une fois extraite l'alumine, à l'aide de soude et d'eau, il reste des quantités de déchets chargés de métaux lourds. C'est ce que l'on appelle les "boues rouges".

C'est dans le canyon de Cassidaigne, situé à 7,7 km de Cassis (Bouches-du-Rhône), par 320 m de fond exactement, que l'usine déverse ses boues rouges. Plus de 20 millions de tonnes y ont déjà été déversées...

Quel est l'avis de Ségolène Royal ?

La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a marqué sa désapprobation via le site Internet Twitter. "Le CA du parc des Calanques a émis un avis positif aux boues rouges. Je ne donne pas de feu vert. Contrôles complémentaires indispensables", a-t-elle commenté dans un premier message complété par un second précisant que "parc naturel des Calanques et boues rouges : l'avis du CA n'est qu'un avis. En aucun cas une autorisation que je ne donnerai pas en l'état". Mais Ségolène royal ne dit pas être fermement opposée au projet...

Des raisons d'être inquiets

Quelle est l'évolution chimique de ces résidus, en mer ou sur terre ? Quels sont les risques sanitaires pour l'écosystème méditerranéen et pour l'homme ?

Yves Lancelot, membre du conseil d'administration du parc, océanographe et ancien directeur de recherche au CNRS, a fait part de son désaccord sur cette autorisation de polluer. "C'est dramatique, ça me choque beaucoup", a-t-il commenté à l'issue du vote, expliquant qu'"on ne connaît pas [les risques], c'est bien le problème ! Pour le moment, il y a des inconnues énormes", rapporte l'AFP. Par ailleurs rapporte La Provence, il a émis de sérieux doutes sur la possibilité de "vérifier réellement ce que fait l'industriel", ajoutant que l'opérateur de l'usine "va continuer à faire le minimum syndical, comme il l'a toujours fait".

"L'industriel a réussi à gagner encore des années avec l'aval de l'Etat", a également déploré Olivier Dubuquoy, au nom du collectif "Stop aux boues rouges en mer".

L'usine Alteo va ainsi continuer à rejeter (presque) tranquillement ses déchets toxiques en mer... à polluer un espace protégé, les poissons qui s'y trouveront et finalement les Hommes qui les mangeront !

Stella Giani


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