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KRAK DES CHEVALIERS (Syrie)

Publié le 11 septembre 2014 par Aelezig

Le Krak des Chevaliers, ou Krak de l'Hospital (le terme krak dérive du syriaque karak signifiant forteresse), ou Qal`at al-Hosn (La forteresse imprenable) ou Hisn al-Akrād (forteresse des Kurdes) est un château-fort datant de l'époque des croisades. Il est situé dans l'ouest de la Syrie, sur les derniers contreforts du jabal Ansariya. Depuis 2006, il est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO et, malheureusement, depuis 2003 dans les édifices "en péril", du fait de l'épouvantable guerre civile...

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Thomas Edward Lawrence, en le découvrant en 1909, le qualifia de « plus beau des châteaux du monde, certainement le plus pittoresque que j’ai vu, une véritable merveille. »

Histoire

Dominant d'environ 500 mètres la plaine d'El-Bukeia, le Krak des Chevaliers fait partie d'un réseau défensif qui parcourt les frontières des anciens États latins d'Orient et contrôle la trouée d'Homs, point stratégique au carrefour des routes reliant Homs, à l'est, à la ville côtière de Tortose, à l'ouest, et Antioche, au nord, à Tripoli puis Beyrouth, au sud. C'est l'un des châteaux croisés les plus prestigieux et les mieux conservés.

Le Moyen-Orient fut toujours un point de rencontre des civilisations. S'y croisèrent Babyloniens, Égyptiens, Hittites, Hébreux, Romains, Perses, Byzantins, Arabes, Kurdes, Turcs seldjoukides puis ottomans, autant de cultures militaires différentes qui créèrent là une architecture dont la quintessence reste de nos jours incarnée par le Krak des Chevaliers.

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La bataille de Qadesh opposant Ramsès II aux Hittites en 1214 av. J.-C. a probablement eu lieu sur le Tell Nébi Mend à cinquante kilomètres au sud-est du Krak et est relatée sur les bas-reliefs du temple de Louxor. On y voit déjà une forteresse hérissée de hautes tours et de créneaux... Les Romains puis les Byzantins après le Grand Schisme d'Orient dresseront dans la région de nombreuses forteresses de tradition hellénique pour résister à la pression persane, qui seront autant de modèles pour les fortifications construites par les armées arabo-musulmanes après qu'elles eurent conquis cette région de 634 à 639.

D'abord sous la domination omeyyade, la construction continue de plus belle, mais des fortifications déjà existantes sont aussi remaniées et transformées en palais, les bâtisseurs profitant de la présence d'antiques infrastructures (barrage sur l'Oronte et son aqueduc) pour faire fleurir des jardins au milieu du désert. Ces constructions continuèrent après la prise du pouvoir par les Abbassides en 750.

En 909, les Fatimides s'opposent au pouvoir abbasside de Bagdad et fondent une dynastie qui règnera sur tout le Maghreb et s'étendra au début du XIe siècle jusqu'en Palestine. Par ailleurs, les Seldjoukides, turcophones islamisés, originaires de steppes à l'est de la mer d'Aral se lancent à la conquête du Moyen-Orient. Ils s'emparent de Bagdad en 1055 ; leur sultanat s'étend alors sur l'Iran, l'Anatolie, la Syrie et la Palestine jusqu'aux frontières de l'Égypte fatimide. Le Krak est alors reconstruit en 1031 par les Abbassides sur le site d'une petite forteresse, sans doute occupée depuis l'antiquité, et y installent une garnison kurde pour résister à la pression seldjoukide. La forteresse devint connue sous le nom de Hisn al-Akrād la « forteresse des Kurdes ».

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En janvier 1099, à l'arrivée de la première croisade, la garnison kurde est évincée par Raymond de Saint-Gilles qui abandonne cependant les lieux presque immédiatement, son objectif étant Jérusalem. Il tente en vain de reprendre la forteresse en avril 1102 et c'est finalement Tancrède, le régent d'Antioche, qui s'en empare en 1110 et y installe une garnison franque. Au fil des années, l'importance du Krak des Chevaliers croit parallèlement à l'influence des croisés vers l'est mais le coût de sa maintenance conduit Raymond II à le confier à la garde des Hospitaliers (1142). C'est de cette époque que date le nom « krak des Chevaliers ».

Sous l'impulsion des Hospitaliers, plusieurs autres ouvrages défensifs sont construits dans les environs et le Krak des Chevaliers est dès lors relié par signaux de feu et par pigeons voyageurs aux fortifications d'Akkar et Chastel Rouge (Hospitaliers) et de Chastel Blanc et Arima (Templiers).

À partir du milieu du XIIe siècle, suite à la chute des Seldjoukides, à l'échec du siège de Damas par la deuxième croisade, et à l'arrivée au pouvoir de Nur ad-Din, un front musulman uni se dessine et la pression sur les croisés et donc sur le Krak des Chevaliers se fait plus forte.

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En 1157, un important tremblement de terre ébranle le château et Raymond du Puy, le grand maître des Hospitaliers, le fait restaurer et agrandir grâce à un financement du roi de Bohême. Un second tremblement de terre (1170) ayant causé des dégâts considérables, le krak est reconstruit et consolidé en incluant de nombreux éléments d'architecture militaire empruntés aux Byzantins.

Saladin aura beau infliger de nombreuses défaites aux croisés, il ne put s'emparer du Krak. À sa mort, en 1193, l'unité des musulmans se fragmente et le danger se fait moindre pour la forteresse qui entre alors dans son âge d'or, couvrant une surface totale de 2,5 hectares protégée par deux enceintes concentriques entièrement indépendantes. Le krak hébergeait une garnison de 2 000 hommes et possédait des vivres pour cinq ans.

Au début du XIIIe siècle, plusieurs attaques sont repoussées. Vers la seconde moitié du siècle, cependant, l'essoufflement du mouvement croisé a réduit la garnison à moins de 300 hommes, et avec l'arrivée au pouvoir de Baybars, sultan des Mamelouks, les territoires sur lesquels le krak levait traditionnellement tribut sont passés en mains ennemies. Ce n'est désormais plus qu'une question de temps avant que Baybars lui-même ne vienne attaquer la forteresse, ce qu'il fait en 1271. La citadelle change de mains.

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Les Mamelouks modifient le krak en renforçant notamment le flanc sud et en ajoutant un hammam et un aqueduc, mais son intérêt stratégique diminue parallèlement à la menace franque. Les invasions timourides de Tamerlan (1400-1401) et celles des Ottomans en 1516 ignorent même le site...

Le château sert ensuite de résidence à un gouverneur et, en 1859, l'expédition de Guillaume Rey le trouve en excellent état. En 1920, le krak passe sous contrôle du mandat français.

Le krak passe finalement sous le contrôle de la Syrie lors de l'adhésion de cette dernière à l'ONU et était jusqu'à aujourd'hui un site touristique. La Syrie cependant ne l'a guère entretenu depuis cinquante ans et il est chaque année dans un état de dégradation plus avancé. Des restaurations sérieuses deviennent urgentes, mais la guerre a mis un arrêt à tout projet de ce type.

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Il semble que le krak serve aujourd'hui de retranchement aux opposants au régime et qu'il ait subi des bombardements durant l'été 2012. Le 13 juillet 2013, la citadelle a été touchée par des bombardements de l'armée de Bachar al-Assad. Le 20 mars 2014, le château, jusque-là tenu par la rébellion est repris par les forces gouvernementales.

A voir un jour ?

D'après Wikipédia


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