Magazine Culture

Nouveau look (pour une nouvelle vie) : John Green

Publié le 15 septembre 2014 par Clarabel

« Je pars en quête d'un Grand Peut-Être »

Qui es-tu, Alaska

Culver Creek est un pensionnat destiné aux enfants dotés d'une intelligence supérieure. Miles Halter, le narrateur, y fait son entrée et se lie d'amitié avec un groupe de jeunes gens : le (prétendu) Colonel, Takumi et la délicieuse et sexy Alaska Young. Celle-ci cristallise tous ses désirs, le garçon est subjugué et pourrait se plier à tous ses caprices sans jamais protester. Et puis, la belle disparaît. Devenue une énigme, elle continue d'alimenter les fantasmes et est au cœur des spéculations les plus folles. Miles, lui, va chercher à percer le mystère. 

Très beau roman, très fort, baignant dans une atmosphère érudite et délicieusement excentrique (qui n'est pas sans rappeler le roman de Donna Tartt, Le Maître des illusions). Les personnages sont brillants et renvoient une image positive et galvanisante. Le principe de vivre en vase clos exacerbe les passions : les amitiés sont fusionnelles, le moindre pépin devient alors une épreuve intolérable et douloureuse. Mais ce qu'il se trame à Culver Creek est et demeure secret. Même entre eux, les adolescents jouent un rôle, adoptent des noms de code, sont insaisissables.  

Un superbe roman, singulier et passionnant, flamboyant par ses excès (l'adolescence est un luxe), on passe facilement du rire aux larmes, sans rien y comprendre !

« Margo a toujours adoré les mystères. Et la suite des événements n'a cessé de me prouver qu'elle les aimait tellement qu'elle en est devenue un. »

La face cachée de Margo

« Margo était le seul mythe vivant habitant à côté de chez moi. Margo Roth Spiegelman, dont le nom aux six syllabes était souvent prononcé avec une sorte d'admiration muette. Margo Roth Spiegelman, dont le récit des aventures épiques traversait le lycée, tel un orage d'été : un vieil homme de Hot Coffee dans le Mississippi lui avait appris à jouer de la guitare dans sa masure. Margo Roth Spiegelman avait passé trois jours dans un cirque qui lui avait trouvé un don pour le trapèze. Margo Roth Spiegelman avait bu une tisane en coulisse avec les Mallionaires à l'issue d'un concert à Saint-Louis, quand tout le monde était au whisky. Margo Roth Spiegelman avait réussi à assister au concert en racontant aux videurs qu'elle était la copine du bassiste. Mais enfin comment se faisait-il qu'ils ne la reconnaissaient pas, franchement les mecs, je m'appelle Margo Roth Spiegelman, si vous pouviez retourner en coulisse demander au bassiste de venir voir à quoi je ressemble, il vous dirait que si je ne suis pas sa copine, il rêverait que je le devienne. Alors les videurs y étaient allés et le bassiste avait dit : Oui, c'est ma copine, laissez-la entrer. Et plus tard, il avait essayé de la brancher et elle avait repoussé le bassiste des Mallionaires ?
Ces histoires, quand elles étaient racontées à d'autres, se terminaient invariablement par des Tu le crois, ça ? 
Ce qui était effectivement difficile, bien qu'elles se soient toutes révélées vraies. »

L'intrigue est très ressemblante au titre précédent : le narrateur, Quentin, est fasciné par sa voisine, Margo Roth Spiegelman. Mais la jeune fille cultive ses secrets et disparaît de la circulation, sans explication. Une fois encore, le garçon part en quête de vérité, pas toujours bonne à entendre. On ne rechigne pas à lire un roman de John Green, jamais. C'est l'assurance d'une écriture impeccable et de bon goût, mais les rouages ici sont tout de même trop proches du premier livre de l'auteur. Donc, mieux vaut ne pas les enchaîner l'un après l'autre... c'est trop perturbant ! On confond les personnages et on mélange les histoires, la frontière est floue.

Mais c'est un bon roman, drôle, brillant, avec des personnages attachants et une vision de l'adolescence qui me touche personnellement. 

Gallimard jeunesse, coll. Scripto, rééd. août 2014 ♦ traduit par Catherine Gibert 

❀❀❀❀❀

à suivre, prochainement... 

Will et Will

« Quand j'étais petit, mon père me disait toujours : "Dans la vie, Will, on peut choisir ses amis, on peut se moucher devant ses amis, mais on ne peut jamais moucher ses amis." Observation qui me semblait fort pertinente du haut de mes huit ans, mais qui s'est révélée fausse par bien des aspects. Pour commencer, personne ne choisit vraiment ses amis, sans quoi je n'aurais jamais atterri avec Tiny Cooper. »


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Clarabel 3993 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines