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[Critique] TOKYO TRIBE

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] TOKYO TRIBE

Présenté à L’Étrange Festival 2014

Titre original : Tokyo Tribe

Note:

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Origine : Japon
Réalisateur : Sion Sono
Distribution : Ryohei Suzuki, Young Dais, Shota Sometani, Dana Seino…
Genre : Action/Comédie MusicaleAdaptation
Date de sortie : indéterminée

Le Pitch :
Dans un Tokyo gangrené par la violence, plusieurs gangs s’apprêtent à se livrer une guerre sans merci…

La Critique :
L’avantage avec un réalisateur comme Sono Sion, c’est que peu importe le sujet du film, la qualité sera au rendez-vous. C’est comme ça, c’est automatique. Tu peux pas test.
Ne sachant rien du film avant sa projection, excepté que c’était l’adaptation d’un célèbre manga, j’ai appris de la bouche même du réalisateur avant la projection que Tokyo Tribe était une comédie musicale hip hop.  Deux heures cinquante de musique quasi ininterrompue avec des acteurs qui sont pour la plupart des M.C n’ayant jamais tourné de film…On est d’accord, c’est le genre de présentation qui te fait te dire « Mais qu’est ce que je fais là ? ». Sauf qu’ici, c’est le maitre qui est derrière la caméra et que quand c’est Sono Sion qui se colle à un film…eh ben tu te ramasses une torgnole. Et une belle.
Car oui, Sono Sion peut tourner quasi n’importe quoi et réussir son coup de la plus magistrale des manières. C’est un peu injuste pour ceux qui se cassent la gueule sur des sujets qu’ils maitrisent à fond quand on voit que Sono Sion peut tourner avec autant de pertinence des films aussi divers que Cold Fish, Guilty of romance, Land of hope et Tokyo Tribe. Peu importe que vous aimiez ou pas le hip hop, que vous appréciez le manga ou non, Tokyo Tribe est un film que l’on peut regarder sous plusieurs angles, le coté percutant et jouissif des scènes d’actions n’étant cependant jamais sacrifié sous l’autel d’un propos sous-jacent mal placé.

Tokyo Tribe est en effet un film très visuel, particulièrement dynamique et mouvant, et si on hoche la tête et bat du pied quasi en permanence, on ne peut qu’être impressionné par l’incroyable qualité technique qui se dégage de l’œuvre. À l’issu du film, un petit question-réponse était organisé entre le réalisateur et le public. Pour beaucoup d’aficionados du cinéma, la question était : « Mais comment faites-vous pour proposer une telle qualité de mise en scène…dans un délai de tournage aussi court ? ». Le chef opérateur est-il un sorcier ? Sono Sion est-il le plus grand chanceux du monde ? Rien de tout ça, les amis.
Toujours très humble par rapport à son travail, le réalisateur paponais répondra que tout s’est bien goupillé et que les M.C se trouvaient aux bons endroits aux bons moments, la liberté qu’il leur laissait au niveau de leurs mouvements ayant donné cette espèce de fluidité que l’on voit à l’écran. Pour ma part, je pense que bon nombre de réalisateurs confirmés n’auraient pas pu se coller à la tache sans déclencher une anarchie visuelle digne du premier Transformers, laisser parler la magie étant un outil d’expression ne pouvant être utilisé que par les réalisateurs virtuoses comme le génie nippon. Génial, le réalisateur l’est assurément tant ses films sont toujours d’une qualité incroyable. Mais plus incroyable encore est lorsque nous entendons dans les propos de l’artiste une humilité sincère par rapport à son œuvre, la simplicité des explications étant d’autant plus ahurissante que le colossal travail derrière Tokyo Tribe semble comme couler de source, se construire de manière logique et naturelle.

La qualité des chansons est dues aux interprétations des M.C, mais elles suivent un schéma narratif fluide où on ne se perd jamais dans l’intrigue, ni dans le propos plus politique du film. Si la guerre des gangs est au cœur de l’histoire, j’ai été étonné de trouver dans les lyrics des rappeurs des propos revenant à  l’essence même du hip hop originel : paix et unité. On est ici très loin du bling bling et du matérialisme capitaliste de nos plus sinistres artistes hexagonaux, l’appel à la révolte au nom des « sans voix » ne les concernant que de très loin…quand cela les intéresse un tant soit peu.
On jongle donc entre les flows, les styles et les personnalités, chacun des intervenants s’étant vraiment investi dans les scènes de bagarres et de guérillas urbaines…à tel point que tous ont effectué leurs propres cascades (et par moment, c’est vraiment impressionnant !). Pleins de couleurs chatoyantes, de punch lines mémorables et de clins d’œil assumés (l’hommage à Bruce Lee étant particulièrement savoureux) Tokyo Tribe est avant tout un film où on s’amuse et où se prend au jeu sans trop savoir ni pourquoi ni comment. Sortant de deux films « lourds » sur le nucléaire, Sono Sion à souhaité faire un film plus divertissant et léger. « Divertissant » ça l’est mais « léger » ? Naaan, le hip hop c’est lourd, et comme c’est un auteur de talent, Sono Sion n’a pu s’empêcher de donner quelques pistes de réflexion ente deux coups de tatanes et deux trois mix tapes survitaminés.
Sono Sion continue donc sa route d’une manière toujours aussi classe et singulière, la puissance de son propos ne trouvant de frein que dans les limites de son champ d’action. Ça tombe bien, son champ d’action semble couvrir le plus large des spectres. Encore un très grand film. Merci M. Sion.

@ Pamalach

Tokyo Tribes [Critique] TOKYO TRIBE

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