Magazine Culture

Faut-il expliquer à un schizophrène qu’il est fou oui ou non?

Publié le 22 septembre 2014 par Lana

Bon, évidemment, le titre n’est pas de moi. C’est une requête google qui a mené à mon blog. Et c’est toujours une bonne occasion pour moi d’essayer de répondre simplement à ce genre de questions.

Déjà, je vais commencer par l’évidence: la réponse est non. Parce que "salut mon pote, je te dis que tu es fou, tu dois me croire", à mon avis ça ne fonctionnera pas. Il y a peu de chance que le schizophrène en question réponde "ah oui, je suis fou, je prendrais bien une petite dose de neuroleptiques ce soir".

Je l’ai déjà dit cent fois, mais ça ne fait jamais de tort de le répéter: les proches d’une personne schizophrène ne sont pas des soignants. Leur rôle, c’est d’être là, un ami, un parent, quelqu’un sur qui on peut compter, et peut-être même se confier. Pas d’être celui qui va guérir le délire par un coup de baguette magique. Si quelqu’un vous confie une parole qui semble délirante, il ne sert à rien de nier en bloc, et surtout pas de s’écrier "Mais tu es fou!". Il est par contre possible de dire qu’on ne voit pas les choses comme ça et de faire réfléchir la personne sur son délire en en questionnant les détails. Par exemple: "Comment crois-tu qu’on a installé des micros chez toi? dans quel but?"  On peut aussi lui dire qu’on comprend sa souffrance mais qu’elle n’est pas peut-être pas due à une vérité établie, qu’il arrive que les émotions et la raison ne coïncident pas. Par exemple: "Tu as l’impression qu’on peut te voler tes pensées, tu souffres réellement comme si on te les volait, mais ta raison ne te dit-elle pas que c’est impossible?"  Il s’agit de reconnaître la souffrance de la personne, de lui dire qu’on peut l’aider à la soulager en l’orientant vers un soignant et en étant là quand il en a besoin. Quand une personne a des doutes sur ses délires, s’il pense par exemple que vous le rejetez, que personne ne peut le supporter, le rassurer, même si ça peut devenir lassant quand il faut le faire tous les jours, peut aussi calmer ses angoisses et lui permettre de prendre de la distance avec ses délires.

Dire à quelqu’un qu’il est fou ne sert à rien, balayer ses problème par un "tu racontes n’importe quoi" ne peut que l’isoler davantage. Ecouter et comprendre sans adhérer au délire me paraît être la meilleure solution.


Classé dans:Réflexions personnelles

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lana 4822 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte