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Le dieu du poker

Publié le 19 septembre 2014 par Le Journal De Personne
Tu as peut-être tout perdu, mais tu n’es pas du tout perdu
Oui… je vois bien que tu es abattu : Tu as perdu ta femme, ton entreprise et ta dernière chemise…
Parce que tu n’as pas appliqué ta devise :
On ne peut gagner que si on accepte de perdre… de tout perdre
C’est le jeu. Il en est ainsi et ne peut en être autrement.
Il n’y a pas de limite… no limit hold’em : Ça veut dire : des pertes sans limites
Tu as tout misé, je le sais, tu as fait all in… et tu es ruiné.
Mais quand on dit tapis, il ne faut pas s’étonner de se voir au tapis sans la moindre chance de se refaire une santé, une virginité
C’est la totale, dépucelage intégral… et ce n’est pas très agréable d’être violé, pénétré de l’extérieur par le néant.
Non, je ne remue pas le couteau dans la plaie… Mais je brûle d’envie de te dire que tu ne sais pas jouer.
Tu ne veux pas jouer, tu veux gagner, nuance de taille… Quand on veut gagner, on ne joue pas, on travaille.
Et quand on joue…
On joue pour jouer. C’est le seul moyen de prendre son envol… d’avoir du bol
Il n’y a ni montée au paradis, ni descente en enfer : Mais un bras de fer avec l’univers.
C’est cette lutte qui constitue le but du jeu et non l’issue de la partie. Une espèce d’agonie, de lutte contre la mort parce qu’on tient à cette putain de vie.
Parce que figure-toi que la vie n’est rien d’autre qu’une partie remise
Tu tombes, puis tu te relèves et tu reprends la hache de guerre.
Le poker c’est du poker, à la guerre comme à la guerre
Tant qu’il te reste une goutte de sang, tu peux encore la verser et tout renverser
Mordre au lieu d’être mordu. Et pendant que tu mords, tu n’offres aucune prise à la mort.

Tu noteras que je ne t’ai pas dit de cesser de jouer… Mais d’apprendre à jouer… d’aimer ça plus que tout sans être obsédé par les gains ou les pertes.
Pour te consoler, je te dirais que vivre c’est perdre, tous ceux qui en sont persuadés gagnent du temps en profitant de chaque instant. Time is money. Money is not time.
Tu veux que je te dise; le hasard c’est toi. Oublie la fatalité.
La seule nécessité pour toi c’est durer… oui je le sais mais c’est le dur désir de durer qui doit t’animer, faire durer le plaisir, le désir de plaisir, c’est comme vivre le plus longtemps possible… c’est un instant d’éternité, voilà ce que tu dois viser et chercher à atteindre. Prendre au lieu de rendre l’âme.

Ne pas te culpabiliser et si tu n’y arrives pas, tant pis, sois coupable et fier d’être coupable. À qui la faute ?
Toi tu dis à pas de chance et moi je dis à Personne.
Quand on joue, on joue par delà le bien et le mal. On ne peut pas avoir le moral et la morale. Il faut choisir : faire ce qu’on aime ou faire ce qu’il faut faire.
Être le grand Marquis de Sade ou le petit Michel Onfray.
Debout ou couché. Il faut choisir avant de t’asseoir devant une table et dire je relance donc tu passes.

Tu te dis avec ta conscience en miettes que le jeu est l’œuvre du diable, c’est le démon du jeu qui te guette pour te prendre ta tête et creuser ta dette. C’est ce que je croyais aussi, jusqu’au jour où je suis tombée par hasard sur la biographie de Dostoïevski… et là j’ai compris ce qu’aucun esprit n’est en mesure de comprendre : que c’est dans le jeu que nous avons une chance de rencontrer Dieu. Tu ne me crois pas, parce que tu n’es pas un vrai joueur.

Alors souviens-toi, souviens-toi de tes fondamentaux :
– que le poker est un jeu qui oppose des gens qui jouent le jeu à des gens qui ne le jouent pas : les sérieux.
– que tes jetons, ce sont des munitions, il faut les utiliser que lorsque tu as deux chances sur trois de tuer plutôt que d’être tué.
– qu’au poker, c’est comme sur la route, ce sont toujours les mauvais conducteurs qui provoquent les accidents les plus spectaculaires
– qu’il y a des heures avec et des heures sans, il faut apprendre à attendre et ne jamais tenter le diable et quand il te tente, lui opposer ta patience, ta divine patience.
– maintenant soyons clairs, ce n’est pas le poker qui est un jeu de hasard, c’est le hasard qui est un joueur de poker… ne le suis pas, ne le crois pas. Il ment mais ton instinct ne ment pas.
– et contrairement à ce que tu racontes, ce n’est pas mathématiques… c’est magique ! D’autant plus qu’on gagne plus avec les mauvaises cartes qu’avec les bonnes ! Quant aux statistiques, ça ne veut rien dire. On joue pour les faire mentir, en changeant de jeu, presque à chaque tour de table.
– la der des ders : il faut apprendre à mentir, parce que le poker avant d’être une carte à jouer, c’est un adversaire à mener par le bout du nez… on appelle ça : manipuler.

Maintenant tu peux tricher avec moi si tu veux, mais ne triche pas, jamais avec toi même !

Tu veux vraiment devenir le dieu du poker ?

Alors qu’est-ce que tu attends ?

Vas-y persévère !


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