Magazine Cinéma

La belle endormie - 4/10

Par Aelezig

z09

Un film de Marco Bellocchio (2013 - France, Italie) avec Toni Servillo, Alba Rohrwacher, Michele Riondino, Isabelle Huppert, Maya Sensa, Piergiorgio Bellocchio

Trop lent, trop long, trop sombre.

L'histoire : Italie, 2008. Suite à l'autorisation qui a été faite par un tribunal à un père pour cesser l'alimentation et l'hydratation de sa fille dans le coma depuis 17 ans, le Sénat est invité à se prononcer d'urgence sur un projet de loi interdisant dorénavant de tels actes. Uliano Beffardi est sénateur et il lui semble impossible de suivre la consigne de son parti : voter NON à toute forme d'euthanasie. Lui-même a vécu ce douloureux dilemme ; il a aidé sa femme, à l'agonie, à mourir plus vite ; et sa fille Maria depuis lui en veut ; alors qu'il estime avoir fait un acte d'amour. Parallèlement aux discussions d'avant vote, nous suivons le parcours de Maria, qui milite activement pour l'interdiction ; celui d'une femme, veillant depuis des années au chevet de sa fille dans le coma, lui sacrifiant toute sa vie, au détriment de son mari et de son fils ; et celui d'une toxicomane suicidaire et qu'un médecin s'acharne à persuader... que la vie est belle.

z10

Mon avis : Un sujet d'actualité, difficile et douloureux, l'arrêt des traitements et de l'alimentation sur des personnes condamnées, en fin de vie, ou dans le coma depuis des années. L'atout du film, c'est que tous les aspects sont passés en revue : les pour, les contre, les incidences sur les membres de la famille, la fonction de la société, des responsables politiques, et la liberté de chacun. Le problème, c'est qu'avec une telle avalanche d'opinions et de raisonnements, on frôle l'indigestion. D'autant que le début est un peu confus : qui est pour quoi, qui est pour qui, que votent-ils exactement ?

Au travers de trois histoires différentes, et de nombreux personnages, Bellochio illustre son propos comme s'il faisait une dissertation de philo, paragraphe après paragraphe. L'heure n'est pas à la rigolade ; c'est sérieux, plombant, et on ressort vanné, en ne sachant plus du tout de quel côté se ranger ! Le film a beau tirer sur toutes les ficelles, d'autres questions viennent : et si ? et si ? et si ? Ca m'a fatiguée...

z11

Sur un sujet passionnant et d'une actualité brûlante, le réalisateur réussit à nous endormir... Enfin moi en tous cas. Et ce n'est hélas pas le jeu des acteurs qui parvient à nous réveiller... Toni Servillo, très juste, OK, affiche un visage dévasté du début à la fin, lassant ; idem pour la môme Huppert, les yeux constamment pleins de larmes... C'est monotone à la longue, je vous jure.

Dans le genre, je préfère nettement Mar adentro... Son propos est moins universel, puisqu'il s'agit d'UNE personne, mais c'est peut-être mieux en fait : car il s'agit bien de liberté INDIVIDUELLE. A noter aussi l'élégant Quelques heures de printemps d'un Français, Stéphane Brizé, et oui ! Plus axé sur la vieillesse, lui. Chaque cas est unique. La loi, puisque loi il y aura (ou élargissement plutôt, en ce qui concerne la France), devra être suffisamment souple pour laisser la porte ouverte, non pas aux excès, mais aux volontés diverses de chacun. Une sacrée gageure !

z12

Il paraît qu'il faut aussi voir dans le film une critique désabusée de l'état de décomposition avancée de la société italienne, sous la coupe du Vatican, et gouvernée par de vieux gâteux. Ah bon ? La belle endormie, c'est l'Italie ? Ah ouais ? Faut rien exagérer. Italie, France, et autres, même combat. C'est juste le reflet de la société occidentale en général, point barre.

La critique a adoré, sauf quelques esprits chagrin qui pensent un peu comme moi : "Bellocchio semble n'avoir pas su trancher entre les registres : (...) "La Belle Endormie" fait l'effet d'un film indécis." (Libération). "Sa ronde des douleurs finit vite par bégayer autour d'un sujet qu'à la fin du film il n'a visiblement pas trouvé." (Charlie Hebdo). "Le film multiplie les écrans et les références. On ne comprendra pas tous les emboîtements. Et si l'endormi était le spectateur ?" (Elle).

Le public lui se rallie majoritairement, semble-t-il, à la dernière phrase de la critique lapidaire de Elle, ci-dessus !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aelezig 127315 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines