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Mercredi 30 septembre 2014,

Par Cantabile @reimsavant

Aujourd’hui, les Allemands n’ont même pas attendu qu’il fasse jour pour nous cribler de leur mitraille. Dès quatre heures ½ du matin les obus pleuvent sur la ville et particulièrement encore dans le quartier de Cernay. Gérard de la maison Bouchez est tué chez lui ainsi que sa femme au moment où s’étant levé il se disposait à se mettre à l’abri à la cave.

La matinée passe au son du canon.

Vers 1 heure ½ du soir un envoi continu d’obus commence qui doit continuer plusieurs heures. Nous allons voir chez Truxler (1), qui est rentré depuis quelques jours et en rentrant à cinq heures, nous entendons en suivant le canal un bruit qui ressemble à des mitrailleuses. Renseignements pris, c’est tout autre chose, un obus allemand est tombé dans l’arsenal rue de Neuchâtel où, fait inouï dans une ville assiégée, l’autorité militaire avait laissé des munitions.

Les innombrables cartouches renfermées dans les magasins éclatent pendant près de deux heures. On entend même des explosions semblant provenir de gros engins.

Pour calmer l’opinion publique, l’armée raconte que l’arsenal ne contenait que des cartouches à blanc et des cartouches d’au delà 1874. Cela était peut être exact mais il n’en est pas moins vrai qu’il y a une grosse faute d’avoir laissé des munitions à portée de l’ennemi.

A peine les craquements produits par l’éclatement des projectiles de l’arsenal se sont ils tu que l’on en entend de nouveaux. C’est encore une fois une bataille qui commence.

A quand la fin ? On se sent devenir fou.

Gaston Dorigny

(1) Truxler, était un cousin de la grand-mère du petit-fiis de Gaston Dorigny (Claude Balais), - Branche Thierry - grand parent de Michel Péricard , maire de Saint Germain en Laye, membre de l’assemblée nationale en 1996 où il fût porte parole du RPR.

On reparle beaucoup de la nuit du 28 au 29. Peu de gens ont dormi à Reims. Il s'agissait d'une engagement important, du côté de Cernay, sur lequel nous n'avons aucun renseignement.

- Les batteries installées ans le Champ de grève sont en pleine activité, dans la matinée de ce jour.

- L'après-midi, je sors pour aller aux nouvelles, place Amélie-Doublié. Du pont de l'avenue de Laon, je commence à entendre les arrivées des obus qui ne cessent de tomber vers le Port-sec et sur la gare du CBR (Jacquart), où sont placées des pièces de 75. Cela me fait hâter le pas pour arriver chez mon beau-frère... où je ne trouve personne. Je m'empresse alors de revenir, car la promenade est dangereuse aujourd'hui, dan ce quartier, dont les rues sont désertes.

A mon retour rue du Jard, nous percevons, du jardin, une série de détonations qui commence vers 18 h et se prolonge longtemps ; elles sont tellement serrées et nourries qu'elle produisent un bruit comparable à celui du passage d'un train, entendu dans la campagne.

Vers 18 h1/2, le canon venant se mêler à ce vacarme effroyable, nous nous demandons comment va encore se passer la nuit.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthoropos
Départ du C.B.R. au Pont de Vesle

Départ du C.B.R. au Pont de Vesle

Les chemins de fer de la Banlieue de Reims (ou C.B.R.) étaient un réseau secondaire de chemins de fer à voiemétrique du département de la Marne, qui, à son apogée, s'étendait sur 400km en d...

http://www.reimsavant.com/article-depart-du-c-b-r-au-pont-de-vesle-123449688.html

Toute la nuit (passim 29-30) combat ; intervention des mitrailleuses, à 4 h. pendant une demi-heure ou 3/4 d'heure sans arrêt. 9 h. canonnade et bombardement.

2 h. Visite de M. Abelé, Curé du Sacré-Coeur ; il m'apprend que M. Béguin est à Reims, Clinique Mencière.

3 h. Visite à la Clinique Mencière.

6 h. Explosion du Parc d'Artillerie (12), incendié par les Allemands, il n'y avait rien d'utile à l'armée dedans. C'est de règle, et le Allemands auraient dû commencer par là. Je pense qu'on dit cela pour ranimer notre confiance bien déprimée?. 8 h. soir, grosses pièces, vers 3 h. nuit, (...) 5 h. Silence.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918

(12) L'ancien parc d'artillerie de la garnison, rue de Neufchâtel et situé trop près du front, ne contenait semble-t-il que des artifices et des munitions périmées. La remarque du Cardinal montre quel es esprits ne sont pas encore prêts à admettre un conflit de longue durée.

Pierre Kilian ABELE

CIMETIÈRE DU NORD "le petit Père-Lachaise rémois"

http://cimetiere.du.nord.free.fr/abele_pierre_kilian.htm


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