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Mado - 7/10

Par Aelezig

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Un film de Claude Sautet (1976 - France) avec Michel Piccoli, Ottavia Piccolo, Jacques Dutronc, Julien Guiomar, Daniel Russo, Nathalie Baye, Michel Aumont, Charles Denner, Romy Schneider

Film noir, amour noir.

L'histoire : Crise pétrolière des années 70. Des usines et des entreprises ferment, le chômage grimpe en flèche. Mais pour les puissants, rien ne change. Simon est promoteur immobilier, toujours à la recherche de nouvelles affaires. Il a pour maîtresse la jeune Mado, qui se prostitue pour arrondir ses fins de mois. Il aimerait qu'elle lâche tout pour lui ; mais elle ne l'aime pas et refuse ses propositions. Simon a pourtant d'autres soucis en ce moment... Une affaire qu'il est en train d'acheter s'avère criblée de dettes ; son associé, Julien, qui avait avancé des fonds, se suicide, et Simon se retrouve seul devant un gouffre financier à rembourser. C'est leur concurrent, un homme d'affaires véreux mais très puissant, qui avait prêté de l'argent à Julien ; il offre à Simon d'effacer la dette s'il lui laisse l'affaire. Un tel intérêt éveille les soupçons de Simon qui rejette l'offre, et vend une partie de ses biens pour honorer la créance. La lutte entre les deux hommes va devenir féroce. Il aurait tellement besoin d'un peu plus de réconfort de la part de Mado... A défaut de son coeur, elle peut en tous cas lui fournir, grâce à ses "relations", de précieux renseignements pour espérer gagner la partie...

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Mon avis : Allez, encore un petit Sautet. Je ne sais trop quoi penser de ce film. A la fois, c'est bien, avec de beaux personnages et même un peu de suspense à la fin, et en même temps pas vraiment abouti, selon mon goût : Sautet semble hésiter entre l'histoire d'amour (qu'il aurait dû privilégier) et les aventures d'un promoteur pas toujours très honnête, qui passe ses journées à chercher de l'argent pour faire encore et toujours plus de bénéfices... alors que son souci principal dans la vie, qu'il ne veut pas s'avouer, c'est l'amour de Mado, qui d'ailleurs donne son nom au film. J'aurais aimé qu'il y ait moins de scènes sur toute l'opération immobilière et ses variations à n'en plus finir, et que le scénario se concentre davantage sur la psychologie de cet homme froid à l'extérieur, tendre à l'intérieur ; qu'on comprenne mieux comment et pourquoi Mado lui échappe ; que le portrait de la jeune femme soit plus étoffé : ses rapports avec les autres hommes (ses clients, dont son amour pour Maneka, pourtant pas terrible - Charles Denner ! -, en cavale et sans fric, et puis le gentil Pierre qu'elle semble apprécier et lui offrira peut-être un avenir) ; et puis le changement social qu'elle représente : parmi ces bourgeois éduqués et pleins de fric, elle est la petite prolétaire qui veut malgré tout rester libre et indépendante... Tout ça est survolé (ça dure pourtant 2h15 !) alors qu'il s'agit de l'essence même du film : sinon, Sautet n'aurait pas appelé son film Mado !

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L'une des scènes finales résume sans doute le propos du réalisateur : tous ces hommes "embourbés" au sens propre, fatigués, énervés, et puis au milieu la fraîcheur, simple et taiseuse, de Mado et Pierre, qui se réchauffent l'un à l'autre, en regardant les autres s'agiter. Autre symbolique : beaucoup de scènes dans des restaurants ou des bistrots, seul lieu où se croisent bourgeois et ouvriers dans (presque) la même euphorie.

Pour une fois, ce n'est pas Romy Schneider la star ! Elle apparaît bien, magnifique, magistrale, émouvante, mais dans un court rôle, celui de l'ex-épouse. La vedette ici, c'est une ravissante actrice italienne, Ottavia Piccolo, qu'on n'a guère vue depuis... Et Sautet, comme avec Romy, puis Emmanuelle, ne peut s'empêcher de lui tirer les cheveux en petit chignon serré ; cet homme devait fantasmer sur les nuques féminines.

Le casting est incroyable (je n'ai pas mis tout le monde là-haut...) Tous les grands noms du cinéma de l'époque ! Un vrai catalogue. A noter cependant que Dutronc est quasiment muet, alors qu'il est presque de toutes les scènes. Ce qui n'est d'ailleurs pas un problème, il se tait "bien" et sait faire vivre le personnage.

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Toutes ces choses, des bonnes, et des mauvaises, donnent une impression mitigée. Certaines subtilités m'ont peut-être échappé. Grand film noir, ou drame sentimental ? Les deux sans doute, mais le déséquilibre de la réalisation (80 % finances et magouilles vs 20 % histoire de Mado) rend le film un peu lent et ennuyeux.

Pas mal quand même. Intéressant et un certain charme. Une oeuvre à connaître dans la filmo Sautet.


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