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Le buzz de Royal Blood

Publié le 02 octobre 2014 par Feuavolonte @Feuavolonte

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Un premier album confiant et puissant qui clôt un chapitre dans la jeune histoire du duo rock bluesy Royal Blood

Générer un buzz n’est pas quelque chose de facile à accomplir à notre époque. Le duo de rock bluesy Royal Blood a réussi à en créer un solide en moins de 18 mois d’existence. Non seulement ils ont su attirer les regards, mais ils l’ont fait avec un style de musique qui a perdu des plumes en matière de pertinence dans le paysage musical innovateur pendant plusieurs années: un gros rock aux allures de blues.

Mike Kerr (chant et bass) et Ben Thatcher (drums) se sont rencontrés à l’adolescence à Brighton, au Royaume-Uni. Ils ont d’ailleurs fait partie de plusieurs groupes qui n’ont jamais duré très longtemps. Ils voyaient tous les deux la musique principalement comme un hobby. Mike était un jeune homme plutôt réservé qui venait d’une famille religieuse très pratiquante. Ben, quant à lui, faisait la fête avec ses copains. À l’âge de 16 ans, Mike a rompu les liens avec la religion et avec de nombreux membres de sa famille. Avec l’argent d’un héritage, il est parti explorer les endroits qu’il admirait autour du monde – notamment le Third Man store de Jack White aux États-Unis. Son périple le plus important est celui qu’il a entrepris en Australie. Il y est resté pendant plus de neuf mois et a fait partie du groupe indie rock Hunting the Minotaur. Voyant que le projet n’avançait pas comme il le voulait, il est finalement retourné à sa terre natale anglaise. C’est Ben qui est allé le chercher à l’aéroport. Dans la voiture lors du retour à la maison, Mike raconte à son comparse ce qui s’est passé en Australie. Il lui propose alors de former un nouveau groupe. Ce dernier accepte. À la fin 2012, Royal Blood était né.

S’inspirant du rock dépravé de Queens of the Stone Age, du son garage de The Raconteurs et de la puissance de Led Zeppelin, le duo travaillait à la création de sa propre identité musicale. Une journée après la formation du groupe, ils pratiquaient et composaient leurs premiers morceaux. Le jour suivant, ils donnaient leur tout premier spectacle dans une petite salle devant des amis à Brighton. La réponse a été très bonne et ils sentaient qu’ils avaient quelque chose entre les mains. Réalisant que leur chimie avait quelque chose d’unique, ils ont décidé qu’ils n’allaient ajouter aucun membre à ce groupe.

Il n’était donc pas dans leurs intentions dès le départ de suivre la vague de power duos populaires tels que les White Stripes, Black Keys et Drenge. C’est seulement arrivé ainsi. Mais puisqu’ils étaient seulement deux, ils se sont penchés sur leur instrument respectif afin d’être un band percutant et puissant en show. Mike a travaillé sur un kit de pédales et sur son set-up d’amplificateurs de manière à ce que sa Gretsch sonne comme un duel constant entre une basse et une guitare. Ben a perfectionné son set de drums et à travaillé sur sa puissance. Ils se sont ensuite mis à composer de manière plus assidue pendant quelques mois avant de reprendre d’assaut les multiples scènes de l’underground anglais, créant un première vague de buzz.

À l’été 2013, Royal Blood est un nom qui attire l’attention, même auprès d’artistes établis. Matt Helders, batteur des Arctic Monkeys, est vu sur la grande scène du légendaire festival Glastonbury portant son t-shirt Royal Blood qu’il avait demandé au groupe quelques jours avant. Leurs chansons ont ensuite commencé à jouer sur Radio 1 en Angleterre. Le hype prenait graduellement de l’ampleur. Bon nombre d’artistes en tournée les sollicitaient pour faire leur première partie. Leur premier single Out of the Black, sort officiellement en novembre et est très bien reçu par le public et la critique. Leur premier EP de quatre morceaux parait en mars 2014 et ils commencent leurs propres spectacles en Europe, en Australie et aux États-Unis. Jimmy Page est même allé les voir lors d’un concert à New York. Ils ont ensuite pris part aux festivals les plus prestigieux autour du globe : SXSW, Glastonbury, Reading and Leeds, T in the Park et même Osheaga. Leur premier album homonyme, tant attendu, parait finalement en aout 2014.

Royal Blood se distingue comme étant un album teinté de puissance et de rage. On le remarque d’emblée avec les premiers morceaux de cet opus. Out of the Black, déjà connu des fans, donne le ton et sonne comme une tonne de briques. Le ton est hargneux, les arrangements et effets agrémentent bien le tout. Come on Over traite du passé religieux du frontman Mike Kerr. Il expose son indignation face à celle-ci. La pièce est musicalement chargée de force et frappe fort. Cette puissance viscérale et menaçante, on la retrouve un peu partout sur l’album. Elle est convaincante. C’est entre autres le cas sur You Can Be So Cruel et Ten Tonne Skeleton.

Musicalement, Mike et Ben sont véritablement en fusion. Ils se connaissent à la quasi-perfection et ça s’entend. Ils ont des influences similaires, s’en inspirent, y apportent leurs styles et personnalités, et créent le son propre à Royal Blood. Ben frappe avec la puissance d’un John Bonham mais avec la distinction d’une Meg White. Mike sait varier les effets tout en restant fidèle à son identité musicale. On l’entend notamment sur Little Monster ainsi que sur la finale de l’album, Better Strangers. Ils se répondent durant le breakdown percutant de Figure It Out. On entend aussi le côté un peu plus effronté du groupe sur la pièce Careless. Celle-ci rappelle d’ailleurs un peu Scumbag Blues, du supergroupe Them Crooked Vultures.

Les dix morceaux qui composent cet album homonyme sont pratiquement tous construits sur la même structure musicale. Pour le fan moyen de leurs influences mentionnées précédemment, il se pourrait donc que la monotonie des morceaux sur cet opus soit un peu dérangeante. Ainsi, puisqu’il y a un peu de répétition à ce niveau, la surprise s’estompe bien évidemment au courant de l’écoute.

Ce premier LP du duo de Brighton surprend et redore quelque peu le blason du hard rock aux saveurs bluesy dans le décor musical actuel. Ses deux membres offrent une performance saisissante, intéressante et honnête. L’album répond aux attentes du buzz, sans les excéder. Mike Kerr affirme en entrevue que la production de cet album a été cathartique et libératrice. Il sent qu’avec la sortie de Royal Blood, il peut artistiquement clore un des chapitres de sa vie et regarder désormais vers l’avant, plutôt qu’en arrière. La suite des choses pique assurément notre curiosité. À surveiller.

*Une semaine après sa sortie en magasins, l’album s’est hissé au sommet des ventes d’albums au Royaume-Uni. Ils ont vendu plus de 66 000 copies. Il s’agit de l’album qui s’est le mieux vendu depuis trois ans, lors de la sortie de Noel Gallagher’s High Flying Birds. Les billets de leur tournée se sont tous vendus en moins de deux minutes.


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