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[critique] Papa Was Not A Rolling Stone : énergie communicative

Par Vance @Great_Wenceslas

L'adaptation du roman autobiographique éponyme, mise en scène par son auteure elle-même. Papa Was Not A Rolling Stone est un film touchant, souvent maladroit, parfois agaçant, mais d'une indiscutable sincérité. Le propos méritait cependant un meilleur traitement - quitte à exagérer les véritables événements - tant l'intrigue paraît somme toute plutôt convenue.

L'exercice était délicat pour plusieurs raisons. En prenant les rênes de l'adaptation de son propre roman autobiographique, l'ancienne publicitaire Sylvie Ohayon allait devoir relever le défi que représente la mise en scène d'un premier long-métrage. Etant également la co-auteur du scénario, elle risquait, de par l'aspect ultra intime de ce qu'elle raconte et un potentiel manque de recul, de faire une oeuvre « hermétique », sorte de thérapie difficile à comprendre pour ses spectateurs. Et il y a naturellement de ça dans Papa Was Not A Rolling Stone, avec cette forme d'égocentrisme qui pourra parfois agacer. Car ce parcours du combattant que mène le personnage principal Stéphanie - ou Sylvie - est bien évidemment extraordinaire pour les personnes concernées, mais aura peut-être du mal à captiver un public complètement externe à la véritable histoire. La faute, sans doute, a une gestion maladroite du rythme du film, qui traîne souvent en longueur lors de séquences apparaissant comme inutiles (ou redondantes) et ne s'attarde jamais sur les passages qui pourraient être les plus intéressants.

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En effet, s'il y a bien une qualité que l'on peut accorder à Papa Was Not A Rolling Stone, c'est celle de rendre ses personnages attachants. Et lorsqu'on en arrive à la conclusion, on a vraiment envie d'en savoir plus. Du coup, on ressort légèrement frustrés avec cette impression que le film n'a pas insisté comme il le fallait sur les points les plus importants, comme si, à partir du moment où Stéphanie pourra enfin être heureuse et s'accomplir, la réalisatrice nous empêchait de connaître la suite de son histoire. Il est vrai que dans le contexte de l'oeuvre, cela n'apparaît pas comme nécessaire, néanmoins, on aurait vraiment apprécié en savoir davantage. En fait, ce besoin se fait surtout ressentir parce que ce qui précède manque parfois d'ampleur, de souffle, de personnalité, voire de direction claire (s'agit-il d'une comédie ? D'un feel-good movie ? D'un film « engagé » ?). Le principe de nous montrer la vie bouillonnante dans cette cité de la Courneuve, ce mélange culturel, comme une source de richesse s'inscrit dans une démarche plus que bienvenue, à l'heure où l'on a trop souvent tendance à représenter les banlieues sous leur jour le plus morne, toutefois le traitement à l'écran ne parvient pas totalement à convaincre. Sylvie Ohayon a cependant l'intelligence de ne pas céder au pathos, et évite fort heureusement les clichés. Il faut dire qu'elle a su parfaitement s'entourer, notamment par des comédiens formidables de naturel. Si Aure Atika et Marc Lavoine s'en sortent bien (quoique par instants à la limite de surjouer - notamment au début, lorsque l'actrice interprète une jeune adolescente naïve), on retiendra la prestation des deux amies interprétées par Doria Achour et Soumaye Bocoum, deux révélations.

Plus que la réalisation, plus que la reconstitution, c'est bien leur jeu qui apporte

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la crédibilité nécessaire au récit. Et malgré toutes ces petites maladresses, même si l'on ne retient pas grand chose de la morale du film, il se dégage une telle sincérité de l'oeuvre, une telle énergie communicative, que l'on ne peut que la trouver touchante. Quelques jolies scènes nous font penser que le travail de la réalisatrice ne peut que s'améliorer.

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Titre original

Papa Was Not A Rolling Stone

Mise en scène 

Sylvie Ohayon

Date de sortie

08/10/14 avec Pathé 

Scénario 

Sylvie Ohayon & Sylvie Verheyde

Distribution 

Doria Achour, Marc Lavoine, Sylvie Testud, Aure Atika & Soumaye Bocoum

Photographie

Laurent Brunet

Musique

Nouxdeuxtheband

Support & durée

35 mm / 99 minutes

Synopsis : Dans les années 80, Stéphanie grandit à La Courneuve auprès d’une mère absente et d’un beau-père brutal. Très vite, elle décide de se sortir de son quotidien morose. Grâce à l’amour de sa grand-mère, à ses lectures, sa passion pour la danse et pour Jean-Jacques Goldman, elle se débat dans cette cité colorée où l’amitié est primordiale. Un jour, elle le sait, Stéphanie quittera la cité pour mener la vie dont elle a toujours rêvé. Le film raconte l'histoire de cet envol.
Un film inspiré du livre autobiographique de la réalisatrice.

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