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Le Quai d'Orsay, le Tourisme et le Vin

Par Mauss

Si du temps de Chaban-Delmas, la cave du Quai d'Orsay était la plus prisée du monde politique eu égard à son stock de grands crus bordelais - un // audacieux avec la chaire catholique de St-Emilion qui n'oubliait jamais de justifier de lourdes pénitences à base de caisses de GC à ses ouailles avouant de sérieux péchés de chair - la courte visite de ce matin au Ministère des Affaires Etrangères démontre bien plus un manque grave de moyens. Bien des salons mériteraient de sains rafraîchissements, les huissiers semblent un peu fatigués et Talleyrand aurait du mal à reconnaître une filiation positive dans cette lourde administration en souci pécuniaire.

Le but de cette réunion était simple : plancher devant Alain Ducasse, Guy Savoy et autres hauts fonctionnaires de divers ministères sur ce qu'il faudrait mettre en oeuvre pour développer un tourisme oenophile (on a expliqué qu"oenologue" c'est un métier sanctionné par un diplôme) à l'échelle du pays.

Jean-Robert Pitte (JRP) était là, ainsi que Georges Blanc, le chef mythique de Vonnas.

D'entrée, afin de ne pas créer des chaleurs inutiles chez ces valeureux hauts fonctionnaires, nous avons tout de suite confirmer deux faits fondamentaux :

- personne n'abolira la loi Evin, bien que tous s'accordent à dire que bien des lobbies en ont tiré des extensions totalement préjudiciables au monde du vin, ravalé bêtement au niveau du tabac. On me dit que certains sénateurs se sont émus de la chose et envisagent quelque dépôt de correctifs à cette loi qui nous fait marcher sur la tête.

- tout le monde autour de la table était totalement satisfait de notre compréhension préliminaire et salvatrice, qu'il n'y a strictement aucun budget disponible pour quoi que ce soit. C'est l'heure de la débrouille. Un lourd défi, convenons en !

Ces règles posées, Jean-Robert Pitte a rappelé à quel point l'UNESCO surveille les actions devant faire suite aux divers classements octroyés. D'ici 2016, il y a des choses à revoir fissa sur la notion de "repas gastronomique".

Il a exprimé également son émotion de voir à quel point bien des chefs, et des étoilés, ont totalement perdu une des spécificités françaises, à savoir les subtils mariages "mets/vins" une création gauloise certifiée ! Si la table ne se soucie plus de la vigne, où va t'on ?

A ce propos, une belle intelligence de Georges Blanc pour contourner les foudres des anti-vins : ne plus dire "du vin à la table" mais dire "de la vigne à l'assiette". 

Ensuite, sans cruauté excessive,  JRP a explique en mots simples que l'EXPOSITION UNIVERSELLE qui aura lieu à Milan l'an prochain, où la France aura un pavillon en bois du Jura (mais pourquoi diantre y avoir accroché des jambons alors même qu'on sait tous que les grands jambons sont espagnols et italiens ?), qu'à ce type de manifestation mondiale où on attend 10 millions de visiteurs, les gens veulent du rêve, du plaisir, de l'étonnement et non des exposés généralistes qui ne peuvent qu'intéresser une poignée d'universitaires ! Affligeant de voir que le mot "gastronomique" n'apparait, dans le dépliant que nous avons eu, qu'en dernière ligne ! On imagine si facilement ce que vont mettre en avant les lombards et piémontais !

Oui, on marche sur la tête !

Lorsque vint mon tour de m'exprimer, à mon petit niveau, je n'ai pu qu'indiquer qu'il est urgent pour nos autorités d'aller voir ce qui se fait ailleurs, en l'occurrence en Autriche, dans la Wachau où le concept LOISÏUM (ICI) est simplement "LA" solution à mettre en pratique dans chacune des 12 régions viti-vinicoles françaises :

- un hôtel (et là le Groupe Accor peut jouer un rôle majeur avec l'importance du vin dans ses Mercure) où tout tourne autour du vin, de la décoration aux boutiques, aux restaurants avec les producteurs de la région faisant un réel effort de promotion/prix. Avec un boutique, des vélos électriques pour de belles balades, un centre de Spa, etc ! Faites un tour sur le site dédié : vous y verrez toutes les dimensions "vins" d'un tel concept : plus que remarquable. (ICI).

- un bâtiment totalement dédié, et avec beaucoup d'intelligence, à l'information sur le chemin allant de la vigne au verre, où le débutant comme le professionnel peut trouver un réel plaisir à suivre le parcours du temps d'un vin.

Il est simplement urgent et quasi obligatoire à nos énarques en poste dans ces ministères et étant en charge du Tourisme chapeauté par Monsieur Laurent Fabius de faire cette visite à LOISÏUM sans oublier que nos amis autrichiens, petits malins, avaient réussi pour cet ensemble, à obtenir de très belles subventions à Bruxelles.

Avec tous les bâtiments historiques dont l'Etat ne sait trop quoi faire, il y a là un gisement de possibilités requérant avant tout une intelligence passionnée du monde du vin… et on sait que Bruxelles est sensible aux apports nationaux dans de tels projets à financer.

L'énorme avantage, entre autres, du concept LOISÏUM (où le GJE a fait une superbe session de GrünerVeltiner qui est encore dans toutes les mémoires des dégustateurs) est que les amateurs oenophiles n'ont pas à prendre de véhicules pour aller de l'hôtel à ce centre d'informations. 

Maintenant, savoir si cette idée sera suivie… faut pas trop rêver. Mais au moins, on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas !

Bien sûr, on peut rétorquer : pourquoi monter ce type de concept en France alors même que les touristes peuvent quand même visiter ici des châteaux, là des domaines, là des cavistes centralisés comme à Puligny ? Pourquoi investir de cette façon alors même que le système des chambres d'hôtes peut être étendu (mais à condition de ne pas en faire une concurrence inégalitaire, eu égard aux charges que doit payer un hôtelier-restaurateur, comme l'a bien rappelé Georges Blanc) ?

Tout simplement parce qu'il faut être à la hauteur, en France, de ce qui se fait ailleurs comme le nouveau Borgo des Antinori en Toscane, le centre de Marquès de Riscal en Espagne et naturellement ce LOISÏUM en Wachau !

Bien évidemment, pour un tel projet dans chacune des 12 régions viti-vinicoles françaises, il faudra que tous les vignerons importants jouent le jeu et n'hésitent pas à associer tous ensemble leurs meilleurs crus afin de donner de chaque région, au touriste de passage (et, de grâce, qu'on prévoit bien des ouvertures les samedis et dimanches !) une image complète des variétés de vins que nous offrent ces régions françaises ayant tant de choses à montrer !

Bon : on attend les rapports qui sortiront de ces réunions au Quai d'Orsay, prévus pour mars prochain si j'ai bien compris ces Messieurs officiels.

QUELQUES PHOTOS

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 Le centre sur le vin, vu de l'hôtel

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Le restaurant

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Souvenir de la session du GJE

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L'hôtel

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La vinothèque


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