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La plus belle soiree de ma vie - 8/10

Par Aelezig

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Un film de Ettore Scola (1972 - France, Italie) avec Alberto Sordi, Michel Simon, Charles Vanel, Claude Dauphin, Pierre Brasseur, Janet Agren

Insolite, drôle, brillamment interprété.

L'histoire : Alberto, homme d'affaires ambitieux et peu scrupuleux est en Suisse pour remettre une belle somme d'argent à la banque. Mais, incorrigible séducteur, il croise le chemin d'une magnifique motarde et se met à la suivre... Et le voilà bientôt perdu au milieu de nulle part, sa voiture en panne. Un paysan  mutique le prend dans sa charrette et le conduit dans un château isolé. Alberto est accueilli par le maître des lieux, qui prépare le gibier pour le dîner du soir : il reçoit ses meilleurs amis, d'anciens magistrats à la retraite, comme lui. Retraite ? Très peu pour eux. Ils expliquent à Alberto qu'ils continuent de travailler, afin de garder la forme : ils se réunissent régulièrement pour faire des procès ; ils rejugent de grandes affaires criminelles de l'histoire ou, plus amusant, ils pratiquent avec une personne réelle. Un ancien SS par exemple, qui passait par là. Alberto trouve tout cela follement drôle ! Son hôte insiste pour qu'il reste dîner avec eux...

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Mon avis : C'est la première fois que je vois un film de Scola, réalisateur hyper célèbre pourtant. Merci Arte. Une belle découverte et l'envie désormais de mieux connaître ce cinéaste !

On pourrait qualifier le film de délirant, tant c'est absurde, drôle et décalé dans le propos ; mais le fait que les personnages soient eux tout à fait sérieux et rationnels est déroutante : du coup, cela devient un thriller ; ils blaguent ou c'est pour de vrai ? Plus le doute s'installe en nous, plus Alfredo, lui, continue naïvement de croire à une bonne blague... Extraordinaire !

Dialogues remarquables, interprétation hors pair par de vieux acteurs (français, puisque ça se passe en Suisse...) dont les yeux pétillent toujours de malice, un régal ! Sans oublier Alberto Sordi, prodigieux et dans le geste et dans la parole. En le voyant gesticuler, j'ai pensé à Roberto Begnini. Il y a fort à parier que Sordi fut un de ses inspirateurs. J'ai aussi pensé à Berlusconi. Moins bien.

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Un film remarquable, original, avec un bonne petite claque pour la justice des hommes, qui transformerait n'importe quel badaud qui passe en meurtrier sanguinaire, uniquement à coup de bons mots et de questions insidieuses. Même si l'on ne sait pas vraiment au fond si Alberto est coupable ou pas... Il avoue et applaudit le discours du procureur, mais l'instant d'après, il éclate de rire en disant qu'à son tour, il les a bien eus ! Qu'il soit ou non coupable, sa façon d'être et ce qu'on apprend de lui reste de toutes façons une critique éclairée de certains hommes d'affaires prêts à tout...

Le film devait être plus long mais l'état de santé de Pierre Brasseur se dégradait rapidement et il est mort avant la fin du tournage ; certaines scènes n'ont pu être tournées, d'autres ont dû être modifiées. Cela a nui - paraît-il - à la compréhension du film qui a eu une courte carrière. Je ne savais pas tout ça en le regardant ; et moi j'ai vu un excellent film. La fin semble être interprétée différemment selon les spectateurs. Ce n'est pas commun ! Et c'est dire la finesse de la réalisation.

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Il serait dommage de s'en priver, n'hésitez pas.

Vivement mon prochain Scola.

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