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La masterclass de David Fincher pour Gone Girl

Par Nopopcorn @TeamNoPopCorn

David-Fincher-PhotoMasterclass française à l'occasion de la sortie de Gone Girl

Costume, sneakers, barbe poivre et sels et lunettes à large monture, David Ficher un peu dandy pénètre dans la salle.
Intelligent, maniant un humour caustique loin d'un discours promotionnel, le maître balaie d'une voix douce de nombreux sujets à l'occasion de la masterclass donnée le 16 septembre au MK2 Grand Palais à Paris à l'occasion de la sortie de Gone Girl.

Gone girl

Le premier jet du script de Gylian Flynn (qui adapte son livre) était un des meilleurs premiers jets qu'il ait lu. Ce qui l'a attiré vers le projet était son caractère inclassable, le film Gone Girl a trois ruptures de tons du mystère au thriller pour finir sur la satire sociale. Il aime justement les films qui font perdre ses repères aux spectateurs doit il rire? Est-ce une satire, un film sérieux? Gone Girl n'est pas un film "funny funny", mais un film "sick funny".
Pour lui l'intrigue policière est importante mais doit être au service des personnages et si on retrouve des thèmes communs à son œuvre pour lui c'est la cerise sur le gâteau.

Retrouvez notre critique du film Gone Girl !

Ben Affleck

Comment rendre sympathique au spectateur un personnage parfois antipathique ? Réponse de Fincher caster un acteur sympathique. Le personnage de Nick Dunne est confronté suite à la disparition de sa femme à un tourbillon médiatique. D'avoir été exposé aux tabloïds (lors de sa relation avec J-Lo) donnait à Affleck une plus grande compréhension de ce que vivait le personnage.

Rosamund Pike

Si il y a bien quelque chose que je repère chez les actrices ce sont bien leurs "trucs" de jeux, j'ai vu Rosamund dans 3 ou 4 ou films sans parvenir à la cerner. Son personnage de Gone Girl est assez opaque et c'est une qualité de Rosamund.

Neil Patrick Harris

Si quelqu'un peut me faire regarder avec plaisir les Tony Awards (les Molières US) ils méritent d'être dans un de mes films. Il a des talents immenses et veut absolument vous le montrer. J'ai dû le canaliser l'empêcher de retomber sur ses méthodes habituelles.

Tyler Perry

Je l'ai rencontré pour la première fois lors de repérages à Atlanta pour Benjamin Button. Il était sur le toit de son studio pilotant un avion télécommandé. Son assistant un homme un peu précieux est venu me voir pour me dire "Monsieur Perry va bientôt être à vous dès qu'il aura fini de piloter son avion". Quand le script m'est parvenu je me suis souvenu de ce moment et j'ai pensé c'est le personnage !

Pourquoi il aime faire énormément de prises

"Certains acteurs doivent être pliés, certains acteurs doivent être libérés."
Dans les cinq ou six premières prises l'acteur veut montrer au réalisateur ce qu'il sait faire, au bout de la dixième la technique disparaît on entre dans la vérité de l'histoire.

Netflix

Les gens de Netflix sont pour moi les alliés des réalisateurs, ils sont en train de constituer un des plus grands référentiels d'œuvres audiovisuelles de tous les temps, une véritable librairie du Congrès. Mais seule la qualité de leur contenu peut lui donner de la valeur. Ils ne vous demandent pas si le film plaira aux enfants de 12 ans, ils ne vendent pas de produits dérivés ou des happy-meals.
"Netflix est un excellent pape pour quelqu'un qui veut peindre la chapelle sixtine!"

L'avenir du cinéma selon Fincher

On assiste à une démocratisation de "LA BOITE" que cette boite soit un écran de 80 cm ou de 7 mètres, peu importe le vecteur les gens vont ou se trouvent les histoires. Si vous avez une dalle 4K et un Home cinéma 7.1 vous n'avez pas forcément envie d'aller dans une salle de cinéma avec une mauvaise projection, des gens qui commentent le film ou envoient des textos.
Pour moi la prochaine frontière est la déconstruction du temps casser la capsule de 1 heure pour la télé ou 2h pour les films.
Les gens sont habitués à ces formats par exemple j'ai vu lors des projections tests de mes films si au bout de 20 minutes vous n'avez pas exposé ce que sera le film où il va aller le spectateur décroche. Il faut casser les repérés temporels du public.
Quand vous lisez un roman vous ne savez pas combien vont durer les chapitres certains peuvent être de 11 pages ou de 60 c'est ce type d'expérience que j'aimerais recréer.
Le format de Binge watching Netflix est un premier pas dans cette approche ou le spectateur peut se "loguer" et sortir d'un flux d'histoire continue.

La musique de ses films et sa collaboration avec Trent Reznor et Atticus Ross

Quand je choisis mes collaborateurs je ne parle jamais de leur technique, je ne demande pas au décorateur le nombre de couches de peintures, je ne parle pas non plus 2K ou 4K avec mon directeur de la photo. Je travaille avec des spécialistes de leur art et c'est pourquoi e travaille avec eux car ils n'écrivent pas de la musique il donne un sens de "totalité" à l'univers du film. Leur musique est faite de sons naturels, souvent analogiques qu'ils travaillent avec des machines mais leur musique n'est pas de la musique électronique.

Zodiac

J'ai voulu faire un film sur le besoin qu'on les gens d'avoir une conclusion.
Le mystère du tueur du Zodiaque jamais résolu était le vecteur idéal à ce thème. J'ai volontairement fait un film long et étiré pour renforcer ce sentiment de malaise. Dans un sens la Warner (qui a produit le film) s'est retrouvé dans la position du personnage de Robert Graysmith le journaliste interprété par Jake Gyllenhaal dans le film, il voulait une belle fin bien nette ou le méchant serait puni.

Fight Club et son statut de film culte

Fight Club traitait de gens qui se réunissent pour lutter pour se battre contre un monde insensible, c'est un film anarchiste, risqué mais qui n'a pas été fait contre son studio (la Fox). Je n'avais d'ailleurs pas le final-cut. Les producteurs Laura Ziskin (Spider-Man, décédée en 2011), Bill Mechanic (qui a perdu certainement sa place à la Fox à cause du film) l'ont défendu. C'était un film cher (62 millions de dollars) et le studio ne pensait pas produire un "film culte". Je me souviens encore de l'accueil haineux qu'a reçu le film lors de sa première lors du festival de Venise, on a presque dû être exfiltrés de la ville (rires). Même par des moyens détournés, comme le saumon qui remonte la rivière, un film fini toujours par trouver son public, c'est le cas de Fight Club. C'est un film dont je suis très fier, j'ai pris énormément de plaisir à le faire peut être plus que je n'aurai du!

Retrouvez notre critique du film Gone Girl !


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