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[Zik] Quand chantent les stars américaines de cinéma

Publié le 23 mai 2008 par Greg

Suite logique de mon intérogation d’hier, aujourd’hui je vous parle de l’album de Scarlette 

Scarlett Johansson n’est pas la première actrice à céder à l’appel de la musique. Dans les années 1960, elles portaient souvent les deux casquettes avec talent, de Julie Andrews à Barbra Streisand. Mais combien d’autres se sont fourvoyées dans ce double rôle?

Scarlett Johansson, fée hollywoodienne, nouvelle égérie de Woody Allen, doit être née pour chanter et jouer la comédie. Son premier album, «Anywhere I Lay My Head», n’est certainement pas un caprice de star. C’est un réel projet artistique risqué et surtout, parfaitement maîtrisé.

 

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La belle a déjà démontré un goût et une exigence rares avec ses choix cinématographiques. De Brian De Palma à Sofia Coppola, de Joel Cohen à Robert Redford, elle a révélé une personnalité très affirmée.

En toute logique, on ne s’attendait pas à la voir reprendre le répertoire de Dolly Parton ou de Cher. D’autant plus qu’on l’avait déjà vue chanter un titre des Pretenders, version karaoké, dans «Lost in Translation».

Elle avait également interprété «Summertime» pour une compilation caritative avant de partager la scène avec Jesus and Mary Chain. Un bon début. Il ne lui restait plus qu’à franchir le pas d’un premier album original. Avec «Anywhere I Lay My Head», c’est désormais chose faite.

Etonnant de maturité

L’annonce de ce premier album, avait suscité des interrogations. Comment fallait-il imaginer la voix qui allait sortir d’une telle créature? On l’imaginait ronde, onctueuse, pleine de glamour. Elle est bien plus trouble que cela. Posée, rauque et grave, comme si elle avait fumé des gitanes sans filtre depuis sa plus tendre enfance.

Sur la pochette de ce premier album, Scarlett dort, la tête posée sur un oreiller de verdure. Telle une Belle au bois dormant à la bouche rouge sang et au teint diaphane. Et l’on imagine déjà aisément se balader dans les tranches de son intimité vocale. Car Scarlett prend littéralement vie à travers ces chansons qui, finalement, lui ressemblent étrangement.

L’actrice voue une passion totale à Tom Waits. Ce dernier a d’ailleurs donné sa bénédiction au projet après avoir jeté une oreille aux démos. Normal. Un cadeau pareil, ça ne se refuse pas.

Rêveries sensuelles

Scarlett Johansson aime tromper son monde. Dès l’introduction, on tend l’oreille pour la surprise vocale. Mais elle se révèle uniquement musicale. Bercé par un orgue brinquebalant, l’auditeur est soudain transporté par une vague de cuivres enflammés. 

Ce titre pose les bases d’un long songe éveillé. Dès la deuxième chanson, la voix entre enfin en scène: grave, froide, autoritaire. Une voix qui pourrait rappeler celle de Marianne Faithfull ou d’Elizabeth Frazier, chanteuse des Cocteau Twins.

On pense aussi à tout l’univers de David Lynch, hanté par Julee Cruise. Il est question de country, d’ambiances nocturnes, de roulements de batteries, de tambours, de clochettes ou de chorales gospels dans ces reprises d’un autre temps. Tout l’album porte cette teinte, inspirée d’un monde fantasmagorique, climatique, entre rêve éveillé et cauchemar.

Sur les onze titres présentés, dix sont des reprises de Tom Waits et l’une, «Song for Jo», a été écrite par Miss Johansson. David Bowie l’accompagne sur deux morceaux. Il faut tendre l’oreille pour le reconnaître et de toute façon, la demoiselle occupe tout l’espace.

Un espace parfaitement mis en valeur grâce aux bons soins de Dave Sitek, producteur culte de TV on the Radio. Ajoutons à cela des membres des Yeah Yeah Yeahs et de Celebration vous obtenez, forcément, un «Anywhere I Lay My Head» de très bon goût.

Finalement, ce n’est vraiment pas un disque de star supplémentaire. Mais la découverte d’une véritable artiste avec un univers confirmé, déterminé, aux confins de l’imaginaire et du réel. Après cette belle révélation, il ne lui restera plus qu’à franchir le pas… de la scène.


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