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Les petits papiers chinois d’Aurel Stein

Publié le 14 octobre 2014 par Romuald Le Peru @SwedishParrot

Je tiens Aurel Stein en très haute estime dans le panthéon de mes idoles. Découvreur des Manuscrits de Dunhuang dans la grotte de Mogao, des momies de Loulan et de sanctuaires oubliés dans le désert de Lop Nor et du Taklamakan, il a ressuscité l’image du passé des anciens royaumes d’Asie Centrale et de Chine. Auteur de plusieurs livres, dont aucun n’est traduit en français, c’est un des explorateurs les plus sympathiques qu’il m’ait été donné de croiser au fil de mes lectures. C’est principalement grâce à Colin Thubron et son livre L’ombre de la route de la soie, que j’ai pu faire connaissance avec ce monsieur né en Hongrie et mort en Afghanistan en 1943. Au cœur de son ouvrage, il nous raconte comment Aurel Stein a fait une découverte archéologique majeure, la découverte des premiers écrits sur papier :

Momie, Loulan, Sir Marc Aurel Stein, 1914. Photo © The British Library Board

Momie, Loulan, Sir Marc Aurel Stein, 1914. Photo © The British Library Board

Ce n’est qu’en 751 après Jésus-Christ, quand les Arabes écrasèrent les Chinois à la bataille de Talas, que l’art — jalousement gardé — de la fabrication du papier partit pour Samarcande, à l’ouest, en même temps que des artisans chinois capturés. Il ne devait pas atteindre l’Europe avant trois autres siècles. Dans le musée feutré, cette page, la première de toutes, semble trop grossière pour porter des inscriptions. Cependant, des lettres écrites sur de l’écorce de mûrier voyageaient déjà sur la route de la Soie, cent ans après Jésus-Christ. L’archéologue Aurel Stein, qui travaillait sur une tour de guet dans le désert du Lop, tomba sur une cache de courrier non distribué, qui renfermait des messages en sogdien datant de 313 après Jésus-Christ. Ce sont les premiers écrits sur papier que l’on connaisse. Les mots sont tracés au noir de fumée. L’un des messages livre l’éclat de colère d’une épouse négligée: « Je préférerais être mariée à un chien ou à un porc, qu’à toi ! ». Un autre évoque la défaillance de l’Etat chinois — sac des villes, fuite de l’empereur — et ses conséquences sur le commerce. Quant au reste, les écrits qui couvrent les fragments ont la netteté d’un bilan de société : « A Gunzand, il y a 2500 mesures de poivre à envoyer… Kharstang vous devait 20 statères d’argent… Il m’a donné l’argent, je l’ai pesé et n’ai trouvé que 4,4 statères en tout. J’ai demandé… »

Dunhuang - Grottes de Mogao - Photo Aurel Stein - 1921

Dunhuang - Grottes de Mogao - Photo © Aurel Stein - 1921


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