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[critique] Se7en : tout Fincher en 7 péchés

Par Vance @Great_Wenceslas

Paradigme des thrillers glauques modernes, Se7en allie un scénario malin à une mise en scène brillante recherchant avant tout une ambiance particulière alliant malsain et morbide.

La photo singulièrement travaillée de Darius Khondji a fait école et, si on excepte la scène finale, toute l’enquête se passe dans une obscurité inquiétante, dans la pénombre ou sous une pluie battante. Il est symptomatique de s’apercevoir que, finalement, les fameux sept meurtres ne constituent qu’une partie assez minime du métrage, lequel s’applique avant tout à nous présenter deux caractères opposés : celui d’un vieux flic revenu de tout mais s’accrochant à des principes qu’il sait surannés, et celui d’un jeune loup fonceur inconscient des ennuis auxquels il sera confronté. Ce qui aurait pu n’être qu’une histoire initiatique avec passage de flambeau s’avère plus tordu, plus corrompu : le mal ronge, préexiste et finit toujours par gagner. Malgré une enquête approfondie, la mise en commun de leurs connaissances et l’utilisation d’auxiliaires insoupçonnables (qui rappellent les Trois Jours du Condor), les deux enquêteurs ne parviendront qu’une seule fois à devancer leur insaisissable suspect, dans ce qui s’avèrera être un tournant crucial de l’affaire, puisque cela changera la donne : John Doe, sachant désormais la qualité de ceux qui le traquent, modifiera son planning en conséquence. C’est là que le scénario atteindra des sommets de perversion – et le visionnage des deux autres fins, dont une déjà tournée et l’autre transcrite en storyboards, confirme que jamais l’équipe de réalisation n’envisageait une possible rédemption, ou la victoire du Bien sur le Mal. 

[critique] Se7en : tout Fincher en 7 péchés

Soulignons le charisme exceptionnel de Morgan Freeman, un véritable gentleman d’une classe folle, dont Gwyneth Paltrow dira plus tard (avec une coquine élégance) qu’il avait nettement plus de charme que Brad Pitt. Ce dernier s’en sort bien, particulièrement dans la séquence finale retenue par la production au cours de laquelle, confronté à l’horreur de la situation, il dévoilera un jeu poignant. Et que dire de Kevin Spacey, troublant, hypnotisant et magistral, qui phagocyte l’écran à chaque apparition – d’ailleurs, il est systématiquement cadré très serré par la caméra virtuose d'un Fincher inspiré.

Visionné en VOST DTS 6.1 qui propose une ambiance sonore d’une rare acuité sur une musique discrète mais sensible signée Howard Shore. Le fameux générique – qui a également fait des émules - prend toute sa valeur. Les images (tirées d'un master HDsont remarquables de netteté, ce qui paradoxalement ôte un peu à l’ambiance poisseuse.   

[critique] Se7en : tout Fincher en 7 péchés

Cette édition Prestige proposait déjà des bonus (sur deux disques) d’une grande richesse, foisonnant de commentaires, que ce soit dans l’étude du générique que dans les scènes coupées (que Fincher adore mais qui ne convenaient pas à l’aspect général du film). On y retrouve un homme qui connaît son art et distille son talent en s’appuyant sur des références absolues – comme une scène prégénérique calquée sur Butch Cassidy & le Kid. La fin initiale tournée confirme qu’elle était moins puissante, moins expressive que celle qui est insérée dans le montage final.

L’autre proposée était plus osée sans doute, mais collait mal aux personnages.  

[critique] Se7en : tout Fincher en 7 péchés

Boîtier double DVD solide dans un fourreau noir mat au design impeccable. Sérigraphie de grande qualité. 

[critique] Se7en : tout Fincher en 7 péchés

Titre original

Se7en

Réalisation 

David Fincher

Date de sortie

31 janvier 1996 avec Metropolitan

Scénario 

Andrew Kevin Walker

Distribution 

Morgan Freeman, Brad Pitt, Kevin Spacey & Gwyneth Paltrow

Photographie

Darius Khondji

Musique

Howard Shore

Support & durée

DVD TF1 (2001) édition Prestige zone 2 en 2.35 :1 / 130 min

Synopsis:A quelques jours d’une retraite méritée, William Somerset se voit confier une enquête sur la mort étrange d’un obèse et attribuer un jeune coéquipier ambitieux, David Mills. Bien vite, il comprend que ce cadavre n’est que le premier d’une liste établie par un meurtrier méticuleux et cultivé qui ne s’arrêtera pas tant que son projet macabre ne sera achevé.

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