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[critique] Samba : Sy Omar m'était conté

Par Vance @Great_Wenceslas

On les attendait après l'immense succès d'Intouchables, les deux compères Eric Toledano et Olivier Nakache ne nous déçoivent pas avec leur nouveau film. Toujours à mi-chemin entre comédie et peinture sociale, Samba s'inscrit parfaitement dans la filmographie du duo. Une très belle histoire mettant en scène un quatuor d'acteurs formidable avec en tête un Omar Sy exceptionnel.

[critique] Samba : Sy Omar m'était conté

C'est sur un superbe plan séquence que s'ouvre le film, démarrant par une scène de danse presque intemporelle sur une musique enjouée et rythmée ; progressivement, on finit par la situer à notre époque, plus précisément lors d'un mariage où l'on y croise les convives heureux et insouciants dévorant un magnifique banquet, basculant peu à peu dans les coulisses en cuisine, tandis que la mélodie de plus en plus étouffée s'estompe au profit d'un vacarme assourdissant, pour découvrir nombre d'immigrés travaillant sans relâche afin de s'assurer du bon déroulement de cette soirée festive.  Une séquence donnant le tempo et la note d'intention de ce que sera Samba : drôle, joyeux au premier abord, mais cachant une réalité beaucoup plus dure et que l'on a tendance à oublier, derrière ses apparences de divertissement populaire inoffensif. La mise en scène n'est peut-être pas forcément très subtile, mais qu'importe, le message est limpide et le parallèle entre ces deux milieux que tout oppose mais qui sont paradoxalement indissociables et interdépendants est très évocateur.

On les attendait bien évidemment après l'immense succès d'Intouchables, Eric Toledano et Olivier Nakache nous reviennent en grande forme pour ce qui est probablement leur meilleur film. Il est vrai que la recette ne change pas fondamentalement de leur précédent long-métrage, d'autant que le pitch (le choc des cultures) semble presque le même. Pourtant, cette fois le traitement à l'écran est légèrement différent, car la peinture sociale prend le pas sur la comédie, en témoigne le jeu d'Omar Sy - le film y gagnant un aspect éducatif très intéressant. Bien entendu, l'on ne peut pas dire que Samba se veuille ultra-réaliste car il s'agit avant tout d'une fable romantique légèrement naïve et exaltée, mais la gravité sous-jacente, y compris dans les situations a priori drôles, est tellement prégnante, que l'on ne peut ressortir de la séance de cinéma sans un goût amer en bouche, avec l'impression d'avoir pris une claque devant un film qui nous oblige à ne pas détourner le regard sur ce quotidien d'une France que l'on écarte trop souvent. Parfois, l'on ne sait plus si l'on doit rire ou si l'on doit s'offusquer de ce que les réalisateurs veulent nous montrer. Peut-être les deux. Une manière de nous faire ouvrir les yeux tout en déployant nos zygomatiques. Un peu comme cette scène marquante, complètement surréaliste et pourtant si vraie, où l'on voit Samba, fraîchement libéré, courir derrière un avion après avoir reçu l'ordre de quitter le territoire sur le champ.

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Mais sa dimension sociale ne constitue pas le seul intérêt du film, puisque tout ce qui a trait à la romance entre Samba et Alice (Charlotte Gainsbourg) est particulièrement réussi. Principale qualité du duo de réalisateurs : la direction d'acteurs. Samba le prouve encore, puisque il y a une belle alchimie dans le quatuor principal. Izïa Higelin est plus vraie que nature, Tahar Rahim assure particulièrement bien dans le rôle du pote un peu déluré au capital sympathie indéniable, Charlotte Gainsbourg est absolument géniale, toute en retenue, contenant une forme de violence qu'elle laissera transparaître dans une séquence d'une drôlerie irrésistible. Quant à Omar Sy, il est exceptionnel. Que dire sur sa performance si ce n'est que l'acteur n'a jamais été aussi bon, aussi juste, aussi touchant, et qu'il s'agit probablement de l'une des meilleures interprétations tous films confondus que l'on ait pu voir cette année au cinéma !

On vous conseille donc vivement d'aller voir le film, il mérite d'être un aussi

[critique] Samba : Sy Omar m'était conté
gros succès qu'Intouchables, d'autant que si la forme peut faire penser à un feel good movie léger et distrayant, le fond quant à lui est d'une troublante vérité. Un film en quelque sorte nécessaire, aussi drôle qu'émouvant.

A voir !

[critique] Samba : Sy Omar m'était conté

Titre original

Samba

Mise en scène 

Eric Toledano & Olivier Nakache

Date de sortie

15/10/14 avec Gaumont

Scénario 

Eric Toledano & Olivier Nakache, d'après Delphine & Muriel Coulin

Distribution 

Omar Sy, Charlotte Gainsbourg, Izïa Higelin & Tahar Rahim

Photographie

Stéphane Fontaine

Musique

Ludovico Einaudi

Support & durée

35 mm / 118 minutes

Synopsis : Samba, sénégalais en France depuis 10 ans, collectionne les petits boulots ; Alice est une cadre supérieure épuisée par un burn out. Lui essaye par tous les moyens d'obtenir ses papiers, alors qu'elle tente de se reconstruire par le bénévolat dans une association. Chacun cherche à sortir de son impasse jusqu'au jour où leurs destins se croisent... Entre humour et émotion, leur histoire se fraye un autre chemin vers le bonheur. Et si la vie avait plus d'imagination qu'eux ?

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