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L'époustouflante Dame aux camélias de Lucia Lacarra

Publié le 19 octobre 2014 par Luc-Henri Roger @munichandco

L'époustouflante Dame aux camélias de Lucia Lacarra

L'affiche de Hisashi Okawa et ses modèles  Giuliana Bottino et Nikita Korotkov 
Crédit photographique: Day Kol

Pour la première de la reprise de La Dame aux camélias de John Neumeier, Lucia Lacarra et son partenaire Marlon Dino, deux danseurs étoiles du Bayerisches Staatsballett,  nous ont à nouveau donné une démonstration éblouissante de leur maîtrise de l'art du ballet (Voir le post de présentation).

L'époustouflante Dame aux camélias de Lucia Lacarra

Lucia Lacarra,
 émouvante en Madeleine Gautier

La Dame aux camélias, sur des œuvres de Chopin, est un ballet aux exigences extrêmes pour les protagonistes, d''abord par l'endurance physique qu'il exige, le spectacle dure trois heures et demande la présence en scène quasi permanente  de la Dame, Marguerite Gautier, et de son amant, Armand Duval. Comme il s'agit d'un ballet narratif, il faut que les danseurs déploient des talents d'acteurs égaux à leurs talents de danseurs: la gestuelle, l'expression corporelle, l'art du regard sont essentiels à la compréhension de l'oeuvre. La danseuse-étoile doit se faire tragédienne. Hier soir, Lucia Lacarra semblait possédée par le génie des trois Muses: Terpsichore, Polymnie et Melpomène s'êtaient  donné rendez-vous pour habiter son  corps de leur présence inspirée. On a rarement pu voir sur scène un tel art de la transformation, l'expression de la progression de la maladie et de la dégradation des fonctions vitales par la danse, la pantomime et le théâtre confinaient au sublime. Et l'exploit est d'autant plus notable que le chorégraphe a poussé le personnage aux extrêmes possibles de la danse et de l'expressivité. Et il ne s'agit là encore que du travail sur scène, en coulisse la danseuse doit encore se soumettre aux soins diligents des habilleuses et des maquilleuses, elle change treize fois de costume au cours de la soirée, et les retouches du maquillage doivent souligner la progression inéluctable des maux physiques et moraux qui rongent l'infortunée héroïne. En outre, il faut encore que pendant les nombreux portés acrobatiques elle songe à ramener  avec élégance ses jupons parfois encombrants qui ont une fâcheuse tendance à recouvrir la tête de son partenaire, au risque de l'aveugler un moment. S'il ne s'agit là que d'un  détail qui ne manque pas de faire sourire le public, c'est une tâche supplémentaire pour l'artiste, qui l'exécute avec une grâce toute aristocratique. Lucia Lacarra et Marlon Dino, partenaires à la scène comme dans la vie, ont atteint le sommet de leur art avec une maîtrise technique, une fiabilité et une assurance rares dans la coordination gestuelle. Un régal!
Trente-six ans après sa création à Stuttgart, le ballet de John Neumeier n'a pas pris une ride. Les musiques de Chopin sont combinées à la chorégraphie dont elles soulignent le romantisme de la progression dramatique, et parfaitement jouées par un orchestre dirigé avec compétence par Michael Schmidtsdorff, un chef d'orchestre spécialisé dans la direction de la musique de ballet, et qui a souvent travaillé en collaboration avec John Neumeier. Deux pianistes, Wolfgang Manz  dans la fosse et Simon Murray sur scène, exécutent avec talent les parties si essentielles du piano
Si le premier acte relève davantage de la narration théâtrale pour exposer les données de l'action, le deuxième et le troisième actes recourent aux découpes classiques,  avec un langage chorégraphique qui, s'il exige de la virtuosité, sait introduire un tension et un approfondissement psychologique grandissants, qui prennent  à chaque scène davantage aux tripes des spectateurs. On oublie vite ce qui pouvait paraître conventionnel dans l'installation de l'action durant le prologue et le premier acte, et on est bientôt emportés par l'intensité des sentiments exposés.
Lors de la première, on a pu apprécier plusieurs prises de rôle: le Monsieur Duval de Cyril Pierre, la Nanina d'Elaine Underwood et le Comte N. d'Ilia Sarkisov. Pour les représentations suivantes, Lucia Lacarra, Poliona Semionova et Daria Sukhorova interprétent en alternance le rôle de Marguerite Gautier, celui d'Armand Duval étant confié à Marlon Dino et Matej Urban. Pour Daria Sukhorova et Matej Urban, il s'agit d'une prise de rôle, à laquelle on pourra assister ce 24 octobre. 
Agenda et réservations
Les 18, 24 et 25 octobre 2014 Les 22, 23 et 29 novembre 2014 Les 9, 13 et 15 février 2015
au Théâtre national de Munich.
Pour réserver en ligne, cliquer ici.


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