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[4/4] Un festival, c’est trop court : fusils à pompe, rats, gencives et fellation

Par Rémy Boeringer @eltcherillo

[4/4] Un festival, c’est trop court : fusils à pompe, rats, gencives et fellation

Du 13 au 19 Octobre 2014 se tient à Nice la quatorzième édition d’Un festival, c’est trop court, le festival du court-métrage qui met à l’honneur les cinéastes indépendants et débutants. Nous avons pu être présent pour quatre des huit séances de la Compétition Européenne qui récompense les meilleurs courts du continent. Penchons-nous sur le huitième programme pour terminer notre tour d’horizon de la sélection 2014.

Tant qu’il nous reste des fusils à pompes, court-métrage français de Caroline Poggi et Jonathan Vinel, financé par la communauté sur Ulule, est un drôle d’objet cinématographique. Dans une zone pavillonnaire totalement désertée, on ne retrouve pas âmes qui vivent à hormis Joshua (Lucas Doméjean) qui désire se suicider à la suite de son meilleur ami, Sylvain (Naël Malassagne) et son grand frère Maël (Nicolas Mias) qu’il ne veut pas laisser seul. Sylvain est une ombre fantomatique. Un matin, on l’a retrouvé au pied d’une cage de football, dans son jardin, une balle dans la tête et un fusil à pompe à ses pieds. Avant de le rejoindre dans la mort, Joshua tente de faire incorporer son frère dans un gang. Un gang, me direz-vous, dans une zone pavillonnaire ? Il faut chercher dans cette drôle de situation ; le gang des iceberg fait son jogging armes à feu à la main ; un écho de la vie de Jonathan Vinel. Dans le village de son enfance, semblable à celui du film avec ses rues rectilignes et monotones, se passa des événements que personne n’attendait ici : deux suicides, un accident de voiture mortel et un internement. Une véritable hécatombe eu lieu qui ne laissa pas indemne le jeune homme. C’est un hommage aux disparus que rend Vinel, à travers le prisme déformé d’un scénario métaphorique. Il faudrait deviner dans l’existence de ce gang des Iceberg dans cette banlieue bourgeoise, l’écho lointain des jeux de guerres et des cabanes avant que l’innocence s’évapore.

128.szczur (Le 128ème rat) est une comédie polonaise de Jakub Paczek. Pawel Burak (Bartlomiej Firlet), un jeune désenchanté vivant la promiscuité la plus totale dans le petit appartement de ses parents refuse d’être heureux alors que le sort s’acharne à le faire réussir sa vie. Il rencontre Asia (Diana Zamojska) qui tombe follement amoureuse. La jeune femme est étudiante en biologie et étudie des rats. Lorsque le 128ème rat meurt accidentellement, Burak prend l’événement pour prétexte et s’acharne sur Asia en lui reprochant toute sorte de choses non fondée. Burak est un drôle de bonhomme qui regrette de réussir son examen et de trouver l’amour. Travaillant pour gagner de l’argent de poche, que fait-il ? Passe-t-il son permis, part-il en voyage ? Non, Burak, ce crétin attachant, achète à l’avance sa tombe qu’il prend soin de faire graver 201*, histoire d’être sûr de ne pas finir la décennie. 128 rats fait feu de tout bois d’un humour noir et volontairement décalé. Le scénario est émaillé d’éléments typiquement polonais comme l’omniprésence d’homme d’Église. Étudiant en théologie blasé, Burak tente de tuer en l’ennui en déclarant la guerre à une réalité étouffante. Totalement masochiste, il prend la tangente dès que les choses deviennent conventionnelle.

Deniat na kurvavite ventsi (Le jour des gencives saignantes) est un petit court animé par Dimitar Dimitrov, réalisateur bulgare. Dénonçant la difficulté de vivre de son art, le film met en scène un artiste qui, incapable de vendre ses œuvres, s’arrange pour se faire renverser, un tableau sous le bras pour obtenir des indemnités. Totalement décalé, en quelques minutes, Le jour des gencives saignantes explique un problème prégnant dans l’art avec beaucoup d’humour et un coup de crayon filiforme fort sympathique.

[4/4] Un festival, c’est trop court : fusils à pompe, rats, gencives et fellation

Souffle travail, court-métrage du réalisateur français Sébastien Zaccoletti est une véritable farce burlesque inspiré par le tableau de René Magritte, La Trahison des images, fameux tableau représentant une pipe et dont le sous-titre est « Ceci n’est pas une pipe ». Le ton de Souffle travail est aussi surréaliste que les travaux de Magritte. Les dialogues sans queue ni tête mettent en abîme l’incompréhension d’un couple autour d’un sujet inattendu : la fellation. L’impression de grand n’importe quoi est accentué par le jeu surjoué et bancale des acteurs, probablement voulu pour accentuer le coté pédant du couple bourgeois-bohème joué par Melany Mari et Olivier Jacquin. Prenant parfois des allures de vaudevilles, les portes ne cessant de claquer, Souffle travail nous transporte entre franche rigolade et flottement déconcertant voir génant.

[4/4] Un festival, c’est trop court : fusils à pompe, rats, gencives et fellation

Mathilde Nègre et Olivier Jacquin

Boeringer Rémy


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