Triangle mort

Anne Hidalgo vient d'entonner le "de profundis" du projet de tour Triangle, alias Toblerone, porte de Versailles. En donnant liberté de vote aux communistes et aux Verts et en déclarant qu'elle ne prendrait pas pour un échec personnel l'enterrement de ce dossier, elle a signé son arrêt de mort. Le Delanopolis fut le premier, il y a bientôt sept ans (!), à dénoncer cette entreprise. Non que le bâtiment fût en soi hideux mais que son implantation, qui le rendait visible de tout Paris, était choisie pour complaire au groupe Unibail. On ne déroge pas de manière aussi monumentale aux règles d'urbanisme parisien pour satisfaire de petits intérêts individuels, en l'occurrence nuire au minimum au fonctionnement du parc des expositions dont Unibail a la gestion via une filiale. C'est de l'architecture au mépris de l'urbanisme, un scandale vu l'ampleur de l'édifice. Pour autant, il ne faut pas être naïf. Si Hidalgo lâche l'affaire, c'est en réalité que, dans un marché du bureau totalement sinistré, Unibail n'a plus du tout intérêt à bâtir cette tour. Pour ce groupe, l'essentiel est d'ores et déjà acquis. En échange de belles images qui furent surtout des leurres, il a obtenu de faire oublier à quel point la ville s'était faite plumer aux Halles, autre lieu qu'il gère. Et, davantage encore, d'occulter les conditions ultra-favorables du renouvellement récent du contrat de concession du parc des expositions. Adieu Toblerone, ton goût n'aura été qu'amer.