Puck off : comment expliquer la réussite de Strasbourg en ligue Magnus ?

A l'aube de la 7e journée de ligue Magnus au cours de laquelle elle affrontera Dijon, l'Etoile noire témoigne d'une réussite insolente à faire rager les grosses cylindrées de l'élite du hockey français. Avec un budget modeste et un recrutement d'où sont absentes les "stars", Daniel Bourdages suit son petit bonhomme de chemin sans faire de bruit. Quels sont les facteurs qui permettent d'expliquer aujourd'hui le succès des Alsaciens ? GlaceNews a posé la question à Cédric Cariou, journaliste aux Dernières Nouvelles d'Alsace, l'un des plus fins connaisseurs de l'équipe qu'il suit depuis des années.

Strasbourg a laissé de côté la coupe de la Ligue - ©Christophe Delaville 

GlaceNews : quels sont les facteurs clés de cette réussite ? 
Cédric Cariou : la cohésion collective et l'esprit d'équipe dont font preuve les joueurs ont de l'importance dans les résultats actuels. L'Etoile noire a été présentée, assez logiquement quand on voit les recrutements effectués un peu partout comme une équipe qui allait se battre pour le maintien. Je pense que les joueurs ont intégré que chaque match allait être capital et qu'ils se sont mis dans l'état d'esprit de ne jamais rien lâcher.
GlaceNews : quand s'est produit le déclic ? 
Cédric Cariou : cela a fonctionné ainsi contre Lyon dès le premier match. Ils ont été menés, n'ont pas baissé les bras et ont été récompensés par la victoire contre le promu. Cette première victoire et les deux déplacements qui ont suivis ont été fondateurs. A l'image de celui à Morzine où ils ont fait preuve de caractère pour ne pas craquer après une entame compliquée sur une petite glace, ce qui leur a permis d'inverser la tendance et de gagner 7-6. Sans ce déplacement, ils ne gagnent pas à Gap une semaine après. Ils ont fait douter les Rapaces en défendant parfaitement et en convertissant les contres.
GlaceNews : à l'exception du match contre Morzine, Strasbourg gagne avec de petits scores et n'encaisse que très peu de buts. De quelle façon Daniel Bourdages a-t-il repensé son jeu ? 
Cédric Cariou : Strasbourg en effet n'a pas encaissé plus de deux buts en temps réglementaire. Cela tient à la forme étincelante de Hiadlovsky, mais aussi au fait que la défense ne donne pas beaucoup de shoots faciles. Cette équipe sait qu'actuellement, elle ne va pas marquer plus de cinq buts par match. Et elle n'a surtout pas envie de faciliter l'accès à son but. Cette saison, les défenseurs apportent beaucoup au jeu, le palet sort plus facilement de la zone. Daniel Bourdages souhaitait renouveler sa défense. Seul David Striz est resté. les quatre Nord-Américains Ben Danford, Jake Goldberg, Ken Peroff et Matt Bruneteau se sont fondus dans le groupe et font du bien dans la construction du jeu, à l'image aussi de Pierre Bougé qui revient en élite.
GlaceNews : Vladimir Hiadlovsky fait un début de saison époustouflant avec des statistiques impressionnantes : 93,3 % d'arrêts qui le placent au 2e rang derrière Clément Fouquerel de Chamonix (93,9%). Qu'est-ce-qui explique sa forme ?

Cédric Cariou : les résultats sont là avec la même recette : des joueurs qui ne lâchent rien, une défense qui a mis son gardien en confiance et inversement, un gardien qui met ses coéquipiers en confiance en sortant des gros arrêts dans les moments difficiles.
GlaceNews : quelles différences globales constatez-vous par rapport à la saison passée ? 

Cédric  Cariou : la saison passée, l'équipe avait un jeu qui n'était pas assez réaliste pour "tuer" des rencontres qui semblaient pliées. Au final, il y avait beaucoup de frustration. Cette saison, l'équipe semble plus lucide sur ses capacités. On sent qu'elle sait qu'elle doit encore progresser. Mais en même temps, les joueurs ne boudent pas leur plaisir parce que les succès, ils ont été les chercher ensemble. Il n'y a pas de dépendance au rendement d'une ligne ou d'un joueur. Je pense que Daniel Bourdages, avec le budget dont il dispose, voulait avant tout créer un groupe avec des joueurs d'équipe. Le groupe vit bien et ça influer sur les résultats. Pour résumer, une équipe qui est dure à battre s'offre plus de chances de gagner à la fin.
Strasbourg en quelques chiffres
- 1er de ligue Magnus avec 11 points sur 12
- 5 victoires et une défaite en prolongation face à Epinal  en 6 matches
- 25 buts inscrits et 15 encaissés
- 93,3 % d'arrêts et une moyenne de 2,38 buts encaissés par Hiadlovsky
- meilleur défenseur de la ligue Magnus : Jakob Goldberg (7 pts)
- 3e meilleur défenseur de la ligue Magnus : Ben Danford (7 pts)  
- 10e au classement général 2013/2014
- 11e au classement général en 2012/2013
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