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Poètes en tête

Publié le 28 octobre 2014 par Tudry

Qu’il est bon d’avoir des amis poètes, de ces âmes singulières qui ne font pas tout pour être “originales” mais qui s’approchent des dansantes  flammes des logoï des choses et s’épurent chacune à leur façon.

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J’ai lu, je relis et relie ces deux recueil, comme en miroir, Le Corps du monde de Gwen Garnier-Duguy avec L'Ode à la fin du monde de Pascal Bacqué...

Le premier est chrétien, conscient de ce que le mot peut porter d'ambiguïtiés lorsqu'on est poète, le second s’est foncièrement translaté dans l’orthodoxie juive, par amour de la connaissance et de l’intelligence il a fait et fait encore ses “classes” talmudiques, totalement juif il n’en demeure pas moins totalement d’occident et amant de la poésie, d’une tradition musicale et vocale (psalmique autant que psalmodique) cordiale et transfigurante de l’hier et de l’aujourd’hui... Les deux ont dans le chant du verbe un lointain ancêtre, David.

Gâte feu

à Pascal Bacqué

Héritage de l’âge,

La chair en déshérence.

L’amer primate

Au tragique s’acclimate.

Sans jardin d’Eden

Il est à la peine.

Son cœur d’ébène

Au noir silence

Traine la patte.

C’est le triste présage

Du corps en partance.

Les gaz qui dilatent,

Les vents qui démâtent.

La fétide haleine

Du chœur de haine

Qui brise les carènes

Des dures pestilences

Du roi écarlate.

Ange du partage,

Viens en ma patience,

Rythme mes hâtes.

Ecarte Hécate

Et ses lourdes chaînes

Des nobles veines

Qui toutes entrainent

Le Feu de l’Alliance

Qui en moi se gâte.

Mais, comment parler de ces lignes de vie si vives, de cet entrelacs de signes qui vibrent et illuminent l’air autour du lecteur.

 

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Car, oui... “il y a l’ordre alphabétique il y a la Refloraison du monde” (G. Garnier-Duguy) ce “qui doit être lu” et ce qui doit être dit ET maintenu silencieux. C’est la même eau, le même feu (ceux-là qui resteront quand le monde aura passé, comme disaient tes ancêtres, Gwen, ceux de Xavier Grall et les miens)... et pourtant pas les mêmes. 

Car il y a aussi la voix qui éructe. Parfois silencieusement, plus silencieusement encore que dans les murmures du “cours de la vie intérieure”...

Rumeur du monde... je lis en silence et pourtant j’entends le grondement crépitant de ma guitare qui voudrait mettre des sonorités de feu en terribles arabesques vibratoires à ces lignesde fracture. Là je pense, oui, que j’ai bien raison de paraphraser Kafka et d’affirmer “le poème est la hache qui brise la mer gelée en nous”, il est aussi ce chant qui s’élève au-dessus des vapeurs noires et acides qui recouvre le corps splendide mais ô combien mutilé du monde, le corps bafoué de la Création divine, le chant donc qui s’élève à la rencontre de son ange (ce miroir noétique disaient les saints Pères) afin que par réfraction la gangue mortifère des faux langages, des paroles fausses de ce monde soient fracturées, désossées, recomposées en cet or brillant et léger du Verbe unique et multiforme !

Ode à la fin de ce monde, Ode au corps du monde recouvré dans sa vérité singulière, légère, vibratoire, non solidifié et tétanisée, non raturée mais chantante et exultante... La douleur peut être encore présente, l’angoisse aussi, la colère... mais elles sont aussitôt retournées, rédimées (oui, rédimées), en vérité sanctifiées !

Poète, qu’as-tu en tête,

même plongé dans l’or-dure

dans l’insanité de l’obscur

la sanité,

dans la peine

la plaine santé du Verbe doré

fluctuant, toujours,

et changeant

dans l’harmonie de son Unité

dansant et chantant


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