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Café lumière de HSIAO-HSIEN HOU

Par Deedoux
Café Lumière
Mettre Play sur son lecteur pour commencer un film asiatique, c’est la promesse d’un moment passé hors du temps. C’est presque toujours l’effet que ça me fait, à moi.
Qu’il soit lent ou violent, le long-métrage asiatique me pousse souvent dans mes retranchements. Ceux de la patience, de la contemplation et du « juste regarder et attendre ». Attendre que l’action vienne et que l’intrigue se déroule.
Pas évident à notre époque, disons-le. Mais ça reste plaisant alors osons les minutes qui s’égrènent…
Café lumière en donne l’occasion. En effet, le rythme  lent de ce film est ce que sont les aiguilles à l’horloge. Droit mais qui sait où il va: à son but.
Yoko est une jeune femme qui vit dans le Japon d’aujourd’hui. Elevée par son père et sa belle-mère, elle vit entre rêve et réalité et tente de comprendre le monde qui l’entoure en lisant beaucoup et en regardant la vie s’écouler par la fenêtre, dans les trains, à travers le prisme de son existence.
Quand elle rencontre Hajime, un libraire passionné qui enregistre le bruit des trains, c’est une amitié qui se noue. Enceinte d’un taïwanais, la jeune femme est sure de ne pas vouloir se marier et ne veut pas mener une vie à la maison. Elle veut vivre, continuer à contempler le monde et rencontrer les gens.
Mais la culture et les carcans sociétaux ont la dent dure en Asie…
Un long-métrage qui, encore une fois, donne à voir une histoire et une intrigue dans lesquelles le spectateur est plongé mais qui ne semble être qu’un prétexte pour pousser le curieux à réfléchir sur une société, un contexte, des statuts sociaux. Ici, précisément, c’est Yoko et son rôle de femme dans une société qui se déchire entre passé et présent, tradition et modernité qui est au centre de notre lucarne.
Les rites et convenances asiatiques y sont décrits avec pudeur et finesse.
On reconnait assez bien ce qui est suggéré dans les films asiatiques même les plus modernes;  la politesse, l’éducation, la honte de ne pas bien faire ou de ne pas faire assez.
Le temps passe, les minutes défilent, presque aucune musique effleure nos oreilles, nous sommes voués à écouter surtout les bruits de la vie et ce qui se trame dans notre esprit, via Yoko et son histoire. Inutile de vous cacher que certains passages peuvent paraître étranges, dénuées de connexion avec la réalité mais ils sont très souvent « compensées » par des moments de grâce.
Quand le générique défile (très important le générique dans les films asiatiques) et qu’une chanson traditionnelle sous-titrée retentit à nos oreilles, c’est surement ici, à la dernière seconde de la dernière minute qu’on cerne les enjeux de la réfléxion en filigranne menée par le réalisateur.
Pfiou, compliqué, non ?
Oui, un peu. Mais regarder un film asiatique, c’est aussi ça: se faire avoir et ne pas regretter d’avoir appuyé sur Play.

Café lumière, HSIAO-HSIEN HOU, 2004



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